Les Marocains aux urnes pour une nouvelle constitution

Les Marocains ont commencé à voter vendredi sur une nouvelle constitution proposée par le roi Mohammed VI dans la foulée des soulèvements arabes, octroyant plus de pouvoirs au Premier ministre et favorisant l’Etat de droit.

 

 

 

L’issue positive du référendum ne fait guère de doute et l’incertitude porte sur le taux de participation.

« C’est un scrutin qui va lancer le Maroc sur la voie démocratique », a déclaré à l’AFP un jeune votant qui ne s’est pas identifié en déposant son bulletin de vote, dans une école à Salé, près de Rabat.

La plupart des quotidiens marocains appelaient vendredi avec des accents lyriques à la participation au référendum.

« Aux urnes, citoyens » lançait en Une le journal Le Matin, proche du pouvoir. « Rendez-vous avec l’histoire », écrivait en caractères gras Libération, organe de l’Union socialiste des forces populaire (USFP, coalition gouvernementale) tandis que pour le quotidien L’Economiste, il s’agit de « L’heure du grand choix ».

Ouvert à plus de 13 millions de Marocains, le scrutin devrait se poursuivre jusqu’au soir dans les 40.000 bureaux mis en place, y compris au Sahara occidental.

A l’étranger, environ 520 bureaux de vote seront ouverts dans les ambassades et consulats pour que les nombreux expatriés marocains puissent voter jusqu’à dimanche.

Les premiers chiffres devraient être connus dans la soirée de vendredi, mais il faudra attendre dimanche ou lundi pour les résultats définitifs.

Malgré des oppositions et des appels au boycott, le roi, au pouvoir depuis 1999, est quasiment assuré de voir son texte adopté, selon les observateurs.

Les médias publics, la majorité des journaux, les principaux partis politiques, les grands syndicats et les mosquées du royaume ont invité à voter « oui » lors d’une campagne singulièrement courte de 10 jours.

La principale interrogation concerne le taux de participation à ce référendum, le premier du règne de Mohammed VI. Lors du dernier référendum sur la constitution, révisée en 1996 sous Hassan II, le taux de participation officiel avait tourné autour de 75%

En général, les Marocains se mobilisent plus volontiers aux référendums, à l’initiative du souverain, que lors des élections législatives en raison de leur manque de confiance dans les partis politiques, estiment encore les observateurs.

Le projet de constitution vise à « consolider les piliers d’une monarchie constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale », avait déclaré Mohammed VI dans un discours adressé à la nation le 17 juin.

Le Premier ministre, issu du parti vainqueur aux élections, aura la possibilité de dissoudre la chambre des représentants, ce qui était du seul attribut du roi avant le projet de réformes, prévoit notamment le texte.

Il prévoit également la création d’un Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, présidé par le roi, et censé garantir l’indépendance de la justice, ainsi que la reconnaissance du berbère, parlé par un quart de la population, comme langue officielle du Maroc aux côtés de l’arabe.

Le Mouvement des jeunes contestataires du 20 février –qui renvendique plus de 62.000 membres et qui est le porte-drapeau d’une mobilisation pacifique dans la rue — a appelé au boycott.

« Partant de la dynamique politique et démocratique qui a été déclenchée par le Mouvement du 20 février, et malgré toutes les tentatives de l’Etat pour l’affaiblir, nous appelons au boycott de ce référendum parce que la constitution qu’il propose consacre l’absolutisme et ne fera pas disparaître la corruption », peut-on lire sur sa page Facebook vendredi.

Ce mouvement a été lancé dans le sillage des rassemblements en Tunisie et en Egypte qui ont conduit à la chute de régimes autoritaires installés depuis des décennies.

Source  :  AFP le 01/07/2011

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