Conférence de presse du RFD : Ahmed Ould Daddah exprime ses regrets aux Cheikhs et émirs du Golfe

ahmedsongeurLe RFD a invité la presse à assister à une conférence de son leader Ahmed Ould Daddah, dimanche 19 juin. On s’attendait à une déclaration sur la crise que traverse la coordination de l’opposition démocratique (COD). Crise née des divergences de positions par rapport au dialogue avec le pouvoir et la participation aux élections municipales et législatives du 18 juillet. Ahmed Ould Daddah, a dérouté.

Il avait comme sujet principal « les drapeaux brulés et les photos d’émirs et Cheikh du golfe déchirés » dans des manifestations à Nouakchott. Les manifestants sont certainement, les mauritaniens pros Kadhafi. Ahmed Ould Daddah a fait une déclaration préliminaire avant de répondre aux questions.

«Comme vous le savez, la Mauritanie d’une façon générale, traverse une période très difficile de son histoire dans tous les domaines de la vie courante et, singulièrement en ce qui concerne ses relations extérieures avec les pays voisins, avec notre monde arabe et, probablement, plus généralement avec l’ensemble du monde. Malgré le nombre peu élevé de ses habitants, malgré ses ressource économique limitées (…), malgré tout cela, la Mauritanie a joué, travers sa récente histoire, ses 50 années d’histoire un rôle très important par sa manière de faire, par le respect qu’elle voue aux autres et qu’elle se donne par la même occasion.
Je voudrais donner à titre d’exemple, non exclusif, l’ancien président Mokhtar Ould Daddah qui a joué un rôle d’intermédiation entre Gamal Abdel Nasser Chou En Lay de la Chine. Tout le monde sait ou devait savoir, l’importance et le poids considérables de Nasser à l’époque. Quand au poids de la chine, il ne fait d’ailleurs qu’augmenter, à juste titre, un poids démographique considérable, un poids économique essentiel. La Chine est la deuxième économie du monde et pourrait devenir première à partir de 2014. La petite Mauritanie a donc joué un rôle de rapprochement entre Nasser et Chou En Lay, à la demande de Nasser. Aujourd’hui, je constate que l’on est très très loin du compte. Je considère que nos relations sont à peine acceptables avec notre entourage immédiat ouest africain, à peine acceptables avec l’Afrique du Nord et peu significatives avec le monde arabe. Je voudrais donc le constater pour le regretter. Et, je peux comprendre qu’il en soit ainsi, toute chose étant égale par ailleurs. Mais de là à faire des actes inappropriés, voire provocateurs, c’est inacceptable. La Mauritanie ne peut pas l’accepter et ne doit pas l’accepter.
Il m’est parvenu récemment, que l’on a brulé les drapeaux de certains pays du golfe devant leurs ambassades à Nouakchott et que l’on a déchiré des photos de Cheikhs et d’émir. Ceci est extrêmement regrettable et tout a fait étranger aux us et coutume de la Mauritanie, a sa manière de se considérer vis-à-vis des autres et d’abord vis-à-vis d’elle-même. Je voudrais ici exprimer mes regrets pour de tels comportement et dire que le peuple mauritanien ne se retrouve pas dans ces comportements, ces attitudes étrangères à sa culture, à son histoire, à sa civilisation (…) Ces actes sont étrangers à notre esprits d’hospitalité et font fi de ce que nous devons à ces pays en termes d’aides généreuses, en termes d’investissements et en termes d’accueil chaleureux et fraternel de nos citoyens sur leur sols. Je voudrais adresser mes regrets à ces pays frères et leur demander de ne pas tenir compte de ce comportement estrangers à la culture et aux usages de la Mauritanie et de continuer à accueillir fraternellement et à traiter avec les usages généreux qui sont les leurs, nos citoyens qui sont sur leurs sols. Ces pays du golfe savent que la Mauritanie est politiquement en crise et tant que cette crise n’est pas dénouée par un consensus mauritanien, je leur demande de continuer à traiter nos citoyens avec l’hospitalité qui les caractérise, qui caractérise ces émirs et ces cheikhs et de les traiter comme des frères compte tenu de la situation que vit leur pays.»

Vous avez exprimé vos regrets par rapport aux drapeaux brulés et aux photos déchirées. Qui est responsable de ces actes ? Quel est la part de responsabilité de l’Etat dans ces actes ? Quelle est la position du RFD par rapport aux élections d’octobre 2011 ? Au sein de la Coordination de l’Opposition démocratique, vous avez été accusé de tentative de récupération du mouvement du 25 février pour faire comme les révolutions arabe. Que répondez-vous ?
AOD : Je n’accuse personne, mais lorsque des choses du genre de celle dont je viens de parler se passent, les usages diplomatiques veulent que l’on appelle l’ambassadeur du pays dont le drapeau a été brulé et que l’on lui exprime ses regrets. Ça peut se faire entre quatre murs au ministère des affaires étrangères. Selon mes informations, ça n’a pas été fait. Selon mes informations, lorsqu’un ambassadeur a demandé à voir le chef de l’Etat, il n’a pas reçu de réponse. Je pense que c’est franchement regrettable.En ce qui concerne, les élections, j’ai dit ce que j’avais à dire et, pour le moment, je n’ai rien n’à ajouter. Pour les accusations, il n’est pas dans mes habitudes d’y répondre.

Vous dites que la diplomatie mauritanienne se porte mal. Pouvez-vous citer des pays avec lesquels la Mauritanie a des problèmes ?Actuellement, la COD a beaucoup de problèmes et certains menacent même de la quitter. Que faut-il faire pour tempérer la situation au sein de l’opposition ?
AOD : Pour la première question, je ne cherche pas à mettre de l’huile sur le feu dans les relations internationales Je peux vous citer plusieurs cas mais je ne vais pas le faire car je ne cherche pas à ce que les relations se détériorent entre la Mauritanie et d’autre pays qu’ils soient voisins ou lointains car ce sont les mauritaniens résidant ou de passage dans ces pays qui vont payer les pots cassés. Je suis ici pour apaiser la situation en ce qui les concerne. Je ne suis pas la pour aggraver la situation dans laquelle ils se trouvent, une situation qui est déjà difficile. Quand à la COD, c’est un ensemble de partis souverains dans leurs positions, leurs choix et dans la politique commune librement et souverainement choisie. Je ne pense pas que l’opposition en tant que telle soit en crise. Je ne pense même pas que la COD soit en crise. Il y a des discussions sur un certain nombre de problèmes. Chaque parti est libre de prendre la position qui lui convient par rapport à ces questions. Et, bien entendu, en ce qui concerne ces positions, la COD doit les évaluer et prendre position ou ne pas prendre position. Je voudrais ajouter que la Cod prend ses décisions à l’unanimité. Donc quelqu’un qui ne veut pas la quitter ne peut être poussé à la porte par personne.

Khalilou Diagana

Source: Le quotidien de Nouakchott

 

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