Ces cinq Pakistanais sont soupçonnés par les services secrets pakistanais d’avoir aidé l’agence de renseignement américaine dans l’organisation du raid qui a conduit à l’élimination du chef d’al-Qaida.
Les services secrets pakistanais (ISI) semblent plus prompts à punir les militaires soupçonnés de collusion avec les États-Unis que ceux qui, dans ses rangs, renseignent al-Qaida. Selon le New York Times , l’ISI a arrêté cinq individus, dont un officier de l’armée, soupçonnés d’avoir aidé la CIA à préparer le raid des Navy Seals contre Oussama Ben Laden, le 2 mai dernier. Le chef d’al-Qaida se cachait depuis plus de cinq ans à Abbottabad, ville-garnison située à moins de cent kilomètres d’Islamabad. Il a été éliminé lors d’une opération éclair de 40 minutes. Ni le gouvernement civil d’Islamabad, ni l’establishment militaire pakistanais n’avaient été mis au courant.
L’un des «informateurs» de la Centrale américaine aurait notamment communiqué les numéros des plaques d’immatriculation des véhicules qui entraient et sortaient du complexe où se terrait Ben Laden. Peu après l’opération, on avait appris que des espions pakistanais travaillant pour la CIA, louaient depuis quelques mois un logement en face de cette véritable forteresse. Cela leur avait permis de suivre les allers et venues de plusieurs «résidents». Ils n’auraient toutefois jamais vu Ben Laden en personne.
Crise entre la CIA et les services secrets pakistanais
Cette nouvelle révélation du New York Times, qui cite des sources de l’administration américaine, confirme s’il en était besoin que les relations sont au plus bas entre la CIA et l’ISI. Selon le quotidien américain, au cours de sa visite à Islamabad le week-end dernier, Leon Panetta, qui était encore le chef de la CIA, aurait évoqué le sort des cinq détenus avec le général Ashfaq Kayani, le chef des armées pakistanaises, et celui de l’ISI, Shuja Pasha. Leon Panetta aurait aussi tenté de faire comprendre à ses hôtes qu’il était nécessaire pour les États-Unis d’intensifier les tirs de missiles à partir de drones sur les zones tribales pakistanaises, véritable sanctuaire pour les talibans et al-Qaida. Voire d’en étendre la portée géographique.
Cette crise entre la CIA et l’ISI, la plus grave depuis des lustres, tombe mal pour l’administration Obama. Les États-Unis prévoient de retirer une partie de leurs troupes d’Afghanistan dès le mois de juillet. Dans cette perspective, Washington cherche à entamer des négociations avec les talibans, et compte sur le Pakistan, qui entretient de bonnes relations avec certains groupes de rebelles, pour «faire pression sur eux», rappelle le New York Times.
Source: Le Figaro