Il n’a pas été facile de lui faire accepter une interview compte tenu de son calendrier chargé. Mais au bout du compte, le leader de l’AJD/MR a répondu aux questions que le Quotidien de Nouakchott lui a posées sur l’actualité nationale du moment.
Quotidien de Nouakchott : Votre parti s’est félicité des dernières mesures prises par le président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz de faire cartographier les lieux des sépultures des disparus. Qu’est-ce qui motive votre satisfaction au moment où plusieurs voix pensent que c’est un coup d’épée dans l’eau et que cela ne répond pas aux vrais problèmes posés par le passif humanitaire ?
Ibrahima Moctar Sarr : Comme l’AJD/MR, beaucoup de cercles politiques avisés, les ONG des droits de l’Homme, ont vu dans ces décisions une réponse aux sollicitations adressées au pouvoir par les ayants droits des victimes et leur soutien de tous bords, pour identifier les lieux de sépultures des disparus. La décision qui vient d’être prise, répond à cette question. C’est pourquoi nous nous en félicitons. Les mauritaniens qui veulent que ce dossier avance dans la sérénité et la justice, devaient manifester de manière plus éclatante, leur soutien à cette démarche. Je pense que même ceux qui se sentent visés par cette mesure et qui en craignent les conséquences parce que ayant à se reprocher quelque chose ; par rapport aux massacres commis durant les années de plomb, se devaient de soutenir le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui, visiblement, cherche à trouver une solution apaisée à ce problème dans le cadre d’un pardon collectif. Etant entendu pour nous, que ceci ne doit pas exclure le devoir de vérité et de justice. Ce premier pas franchi n’est pas à décourager, au contraire !
L’état civil vient de lancer un recensement national de la population dans le but de sécuriser les documents nationaux d’état civil par le système biométrique. L’opération se poursuit dans la plus grande opacité puisque les mauritaniens, toutes communautés confondues, ignorent jusqu’au moindre détail la procédure à suivre. Plus grave, des échos qui nous parviennent laissent entendre que des agents recenseurs outrepassent les consignes qui leurs sont données pour s’ériger en juge et douter de la nationalité ou non de certains citoyens, qui remplissent tous les critères requis pour être recensés. Que pensez-vous de cela ?
L’AJD/MR est entrain de suivre attentivement les opérations d’enrôlement. Nous nous prononcerons sur la question quand nous aurons suffisamment d’éléments. Dores et déjà, je dois dire qu’il n’y a pas de quoi être optimiste, vue les multiples tracasseries auxquelles les citoyens sont confrontés. La lenteur avec laquelle les opérations se déroulent, montre en tout cas, que l’issue de ce recensement n’est pas pour demain et que nous avons tout le temps pour rectifier et corriger les imperfections.
Vous avez visité récemment le parti Tawassoul dirigé par Jemil Ould Mansour avec lequel vous avez discuté du dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Qu’en est-il au juste?
Entre l’AJD/MR et Tawassoul c’est une vieille amitié. Le président Jemil Ould Mansour m’a toujours honoré de ses visites. Il me revenait finalement d’y répondre. Nous en avons profité pour discuter du dialogue entre l’opposition et le pouvoir. Nous croyons à la nécessité de ce dialogue qui ne peut aller qu’à l’avantage de l’AJD/MR dans le cadre de son combat contre les forces du recul.
Propos recueillis par Moussa Diop
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 26/05/2011
