« Beaucoup de personnes qui ont voté dans la vallée lors des élections présidentielles sont issues de viol. Ces personnes doivent être indemnisées pour le préjudice moral, car elles vivent sans racine.» ces mots émanent d’Isselmou Abdel Khader, ministre sous le regne de Ould Taya.
Il s’exprimait lors du diner débat « Sur le respect des droits humains garant de l’unité nationale » organisé le mardi 17 mai par le CSVVDH de Mme Lalla Aicha.
Objectif du diner-débat, renforcer les capacités de la société civile pour mieux appuyer les populations pauvres pour l’accès à la justice. Organisé par le CSVVDH en partenariat avec le Don japonais, le Commissariat aux droits de l’homme et la Banque mondiale, la cérémonie s’est déroulée en présence du président de la CUN, Ahmed Hamza, du leader de l’UFP Mohamed Ould Maouloud, de Kane Hamidou Baba du MPR, du SG de l’APP, Ladji Traoré, du président du PLEJ, Ba Mamadou Alassane, du président du Fonadh, Sarr Mamadou……
Dans un exposé intitulé « unité nationale et droits de l’homme », animé avec le professeur Wane Birane, Isselmou Ould Abdel Kader, a déclaré que des sacrifices étaient nécessaires pour régler les problèmes du passif humanitaire et de l’esclavage en Mauritanie. Ces sacrifices portent selon lui sur un devoir de vérité, de justice. Il a demandé aussi la réparation du préjudice moral causé aux victimes et la punition des actes. « Les peuples n’oublient pas, il ne faut pas insulter l’avenir. Les peuples vont se réveiller un jour et demander des comptes. Ils n’oublieront jamais ce qui s’est passé en 1989-90-91 » dira-t-il. Selon lui, toute la haine et les inégalités résultent de la mauvaise répartition de la rente du pouvoir, de l’histoire, du passif humanitaire, de l’ethnie et de la géographie. « Il y’a des hommes qui ont dirigé avec une main de fer leur pays, mais qui ont accepté de partager la rente du pouvoir. Il faut que le peuple sache, ce qu’ils font de nos ressources. S’ils l’utilisent pour nous défendre ou pour profiter» ajoute-t-il. Pour la résolution du problème, il préconise « le partage du pouvoir, la répartition équitable des ressources publiques et le respect des droits de l’homme». Il a appelé aussi à instruire de nouvelles réformes institutionnelles, d’appliquer les droits et de créer des mécanismes intelligents.
Des obstacles sociaux et politiques, selon le Pr Wane Birane
Le professeur Wane Birane a rappelé dans son exposé que le problème du passif humanitaire et des pratiques esclavagistes résultent « des obstacles sociaux tiennent au nombre important des victimes et bourreaux présumés qui appartiendraient pour la plupart à des groupes socio/nationaux différents. » Risque de victimisation des uns et de stigmatisation des autres, dira- t-il. il a cité aussi les obstacles politiques qui selon lui « tiennent au fait que beaucoup d’auteurs présumés des actes visés occupent encore des positions qui leur permettent d’influer sur le cours des choses… »
Pour la résolution du problème, le professeur Wane demande « des poursuites pénales, la recherche de la vérité, la réparation (moral, matériel, financier, esthétique, d’agrément et le prix de la douleur), ainsi que des réformes institutionnelles ».
KHB appelle à un dialogue
Dans son intervention, KHB explique que le problème résulte d’une absence de dialogue entre les mauritaniens. « Je ne suis pas d’accord avec les termes du Pr Isselmou Abdel Khadre qui parle de partage de la rente du pouvoir. Nous sommes des politiques, nous ne sommes pas là pour poser le diagnostic, mais pour interpeller, pour renforcer l’unité nationale » dira-t-il. Selon lui, il faut proposer aux mauritaniens une nouvelle carte de confiance, un contrat de confiance entre l’Etat et la société civile, combattre l’esclavage et les castes et en fin, prendre en charge les communautés dans le cadre du partage du pouvoir.
Prenant la parole, l’imam de la mosquée du 5e arrondissement, Baal Mohamed Béchir a rappelé que l’islam est et demeurera le ciment de l’unité nationale. Il a ajouté que la loi islamique recommande l’unité nationale, la solidarité et la fraternité entre les musulmans. Selon lui, il n’ya jamais eu de clivages ethniques avant les indépendances. Ces problèmes, selon lui, résultent d’influences étrangères. Parlant de l’esclavage, il déclare que l’islam l’a récusé.
Respect du droit et de la justice, selon Lalla Aicha
La présidente du CSVVDH a rappelé dans son discours que cette cérémonie vient couronner plusieurs activités, entreprises depuis le mois d’aout 2010 et portant sur les droits humains. Selon elle, cette rencontre traduit la volonté du CSVVDH « à contribuer à travers des activités d’informations, d’éducation et de communication, mais aussi d’appui et de conseils à l’ancrage d’une culture du respect du droit et de la justice ». Elle a ajouté que le respect du droit et de la justice est le seul gage d’une société développée où règnent les principes d’égalité et d’équité.
La présidente du CSVVDH a enfin appelé les différents participants (élus locaux, parlementaires, personnalités religieuses et société civile) à s’investir pour que les concepts du droit et de la justice soient du règle et une réalité dans nos comportements de tous les jours.
Compte rendu Dialtabé
Source : Le Quotidien de Nouakchott le 22/05/2011