Le Bureau exécutif du parti Convergence Démocratique Nationale (CDN) s’est réuni, en session ordinaire, les 14 et 15 mai 2011.
Au cours de cette réunion, le Bureau exécutif a procédé à une analyse approfondie de la situation politique, économique et sociale du pays dont il a noté, avec regret, la forte détérioration.
Ainsi, au plan politique, le Bureau exécutif constate que la crise, que l’on espérait en voie de règlement suite la conclusion, il y a près de deux ans, de l’Accord Dakar et, plus récemment, à la déclaration faite par le Chef de l’Etat à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, s’accentue de jour en jour. En effet, et nonobstant les différentes manœuvres, tels l’affichage feint de disponibilité au dialogue du Chef de l’Etat et de son premier ministre, le discours peu clément vis-à-vis du gouvernement prononcé par le premier vice-président de l’Assemblée nationale, à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire en cours, ou celui, non moins virulent, du président de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), le régime a montré qu’il demeure un régime autoritaire où tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du chef de l’Etat.
De fait, le chef de l’Etat supplée toutes les autres institutions de la République, dont il fait peu de cas des attributions conférées par la Constitution et les lois supposées en vigueur, et considère que la seule qui vaille est sa sa propre volonté à lui et que le pays est sa propriété privée qu’il gère comme bon lui semble. Les exemples récents sont légion pour mériter d’être relevés et les soubresauts récurrents que connait, ces derniers temps, ce qu’on appelle la majorité présidentielle sont un témoignage on ne peut plus éloquent de la précarité de la situation politique du pays et du caractère autocratique du pouvoir.
Au plan économique, tous les secteurs battent dangereusement de l’aile, faute d’une vision stratégique claire et du fait d’une gestion hasardeuse et patrimoniale dont l’objectif semble être, tout simplement, de nourrir le discours populiste et carnavalesque du régime et d’enrichir ses soutiens politico-financiers. L’appréciation faite par la dernière mission du Fonds monétaire international des résultats macroéconomiques enregistrés en 2010 traduit bien, si elle est lue correctement, l’ampleur de la crise économique que traverse le pays.
Le climat social, extrêmement tendu, reflète bien la situation de blocage politique et de détérioration de l’économie du pays. Ainsi, depuis plusieurs mois, pas un jour ne se passe sans qu’une nouvelle catégorie socioprofessionnelle ne manifeste son désarroi face à la dégringolade du pouvoir d’achat, du fait de la hausse continue des prix, et à la montée en flèche du chômage, devenu endémique à cause de la gestion désastreuse de l’économie du pays, et ce tant à Nouakchott, dans la rue ou devant les grilles du palais présidentiel, que dans les grandes villes de l’intérieur (Aioun, Zouérate, Nouadhibou, Rosso, ….) ou les moyens centres urbains (Vassala Nère, El Ghayre, Tiguent, …).
La grève des médecins et des personnels du secteur de la santé se poursuit depuis près de deux mois, alors que les débrayages des enseignants, tous ordres confondus, sont récurrents, et que les négociations entre partenaires sociaux sont dans l’impasse.
Devant la montée en puissance de la contestation, du fait de l’amateurisme de ses politiques économiques et sociales, et incapable de donner des perspectives à la population, le régime en est réduit à recourir à ce qu’il connaît le mieux, car intimement lié à sa nature autocratique, la répression aveugle et les manœuvres de l’ombre pour dresser les communautés nationales les unes contre les autres en vue de détourner la population de ses problèmes quotidiens, quitte à mettre à rude épreuve l’unité du pays et sa cohésion sociale. Les violences commises, de manière répétée depuis le 25 février dernier, à l’endroit de la jeunesse patriote et pacifique de la place des Blocs et le traitement réservé aux travailleurs, éternellement non permanents, de Zouerate, ainsi que les dernières échauffourées inter estudiantines au sein de l’Université de Nouakchott en témoignent, si besoin en était. Face à cette situation, le Bureau exécutif :
– attire l’attention de l’opinion publique nationale sur la gravité de la situation que vit le pays aujourd’hui ;
– lance un appel pressant à toutes les forces vives de la Nation, partis politiques, centrales syndicales, organisations de la société civile, organisations de la jeunesse, leaders d’opinion et personnalités indépendantes, etc., afin de prendre conscience des dangers qui guettent le pays et d’agir en conséquence pour lui éviter des lendemains plus sombres ;
– salue l’attitude digne et responsable de la jeunesse mauritanienne qui manifeste pour exiger une meilleure gestion des affaires publiques du pays au bénéfice de tous ses fils et lui exprime sa solidarité et sa sympathie ;
– exprime sa solidarité avec les différentes catégories socioprofessionnelles et groupes sociaux qui revendiquent, par les procédés légaux, leurs droits à une meilleure part de la richesse de leur pays ;
– fait porter au régime en place l’entière responsabilité de la situation de blocage politique, de dégradation économique et de détérioration sans précédent des conditions de vie des populations, et de ses développements ultérieurs.
Fait, à Nouakchott, le 16 mai 2011.
Le Bureau Exécutif