Boghé : les terres agricoles de nouveau à l’ordre du jour

Selon des informations qui nous parviennent de la moughataa, un nouvel affichage portant sur des terres agricoles vient d’être sorti portant sur les mêmes terres que l’Etat mauritanien voudrait mettre à disposition au profit d’investisseurs étrangers.

 

 

Jusque là, on parlait des saoudiens. Cette fois cet affichage est-il conforme à la loi ?

Il est utile de rappeler que le premier affichage était contesté parce qu’il ne respectait les procédures d’usage. Raison pour laquelle il avait soulevé une levée de bouclier dans le département et fait monter au créneau le Comité de Suivi de la Sécurité Alimentaire, qui regroupe diverses structures de la société civile comme le Forum national des Organisations nationales de défense des Droits de l’Homme (FONADH) en organisant une conférence de presse. C’était vers fin décembre 2010 à Nouakchott invitant l’Etat mauritanien à la concertation et à l’implication des propriétaires terriens. Cette conférence était focalisée sur « les attributions des concessions rurales à des investisseurs étrangers sans concertation préalable avec les populations des terres et les populations riveraines des zones demandées » le long du fleuve Sénégal. Djigo Moussa Abou qui représentait le Comité de Suivi de la Sécurité Alimentaire dans la commune de Boghé, indiquait que ce sera une « immense catastrophe » si l’Etat attribuait les terres qui se trouvent dans cette localité. Il mettait en garde contre les « conséquences éventuelles de ces concessions », ajoutant que « les problèmes vont se démultiplier » entre les éleveurs et les cultivateurs.
« Il y’a des zones dans lesquelles l’Etat interdit de donner des concessions. Or, c’est précisément, ce qui est en train de se faire. On ne comprend pas que l’autorité administrative soit la première à bafouer, à piétiner les textes de ce pays », affirmait Djigo Moussa Abou. « Il y’a déjà des concessions qui ont été affectées dans nos localités. Cela nous bloque. On n’arrive plus à accéder nos zones de pâturages, de cultures », révélait pour sa part Gaye Mamadou Amadou, représentant le Comité de Suivi de la Sécurité Alimentaire dans la commune de Darel Barka, ajoutant au passage qu’il y’aurait des « sous-traitants mauritaniens à qui on avait donné des terres qui ont affecté leurs terres à des étrangers ». « Pour joindre nos villages, on a des problèmes. On a empêché, à Donaye par exemple, des gens d’accéder à leur cimetière pour enterrer leur mort », dit-il. Le Comité de Suivi de la Sécurité Alimentaire exigeait d’ailleurs, dans une déclaration sur le problème foncier, l’application du décret n°2010/080 du 31 mars 2010 notamment les dispositions relatives à la non attribution des concessions rurales dans des zones à haute intensité pastorale et le consentement préalable, libre et éclairé des populations ainsi que leur implication dans la prise des décisions concernant la mise en valeur de leurs terres. (Affaire à suivre)
 

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 16/05/2011

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