L’hymne à l’unité nationale a ses règles

L’hymne à l’unité nationale que le défunt père de l’indépendance voulait sans cesse rappeler à travers le slogan « faisons ensemble la patrie mauritanienne » n’a pas encore tenu son hyménée.

 

Le vœu cher aux patriotes qui se battent pour l’instauration d’un Etat moderne démocratique, débarrassé des pesanteurs idéologiques et des archaïsmes plombant les idées, continue avec grande peine son long chemin parsemé d’obstacles, rencontrant des résistances du sommet à la base de la hiérarchie de l’appareil politique, sécuritaire et administratif.

Des forces rétrogrades soutenues par les démons de la haine et de la division refusent de lâcher prise. En dépit de la légèreté de leurs thèses et du mépris que leur vouent les milieux progressistes ces démons de la discorde sévissent avec le peu de munitions qui leur restent. Ils épient la moindre occasion pour resurgir comme un incendie mal éteint. Dire qu’en Mauritanie, l’unité nationale est impossible est un aveu d’échec pour ceux ne veulent pas apporter leur brique pour l’édification d’une société où doit être bannie la primauté épidermique, linguistique, sociale mais où seule compte la préférence nationale au détriment d’allégeances extérieures, et autres expressions d’assujettissement à des idéologies destructrices. Autant de contre-valeurs qui là où elles sévissent, prolifèrent les déchirements, les bannissements, le chauvinisme. Cependant clamer qu’en Mauritanie l’égalité entre les citoyens au-delà de leurs appartenances communautaire est une réalité, relève d’un mensonge grossier. Le mal est viscéral et les préjugés profondément ancrés dans les esprits. Il est regrettable de constater que plus la Mauritanie évolue dans un nouvel environnement dit démocratique, moins des signaux forts sont adressés par les gouvernants pour faire tomber le verrou du conservatisme tribal entretenu par un appareil fonctionnant sur la loi scélérate de dosage politique mal dosée régissant les modes d’ascension et déchéance. L’unité nationale ne saurait se bâtir sur l’idée de quotas utilisés depuis des décennies au nom de fausses considérations d’une Mauritanie composée de majorité et de minorité que des statistiques de la division veulent justifier et valider. Il n’est point besoin d’aller loin dans les analyses ou les exemples pour dépeindre cette représentation qui tient lieu de méthode de gouvernance -tenez-vous bien démocratique- . Nos dirigeants incarnent tous la continuité de cette politique égalitaire de façade pour adopter le même différentiel excluant les uns du fait de leur identité culturelle. Ce jeu dangereux n’a que trop duré. La perpétuation de cette tradition est porteuse des germes de la haine et de la surenchère dans les milieux universitaires. L’unité nationale n’est pas un arrangement mais une résolution définitive des questions de fonds sans lesquelles nous continuerons tous à rouler le tonneau de Danaïde. Il n y a point de peur ni de gêne de dire les choses telles qu’elles sont pour leur trouver des solutions appropriées. L’hymne à l’unité nationale passe plus que jamais par une volonté politique commune de bâtir la Mauritanie sur des concepts égalitaires et des valeurs citoyennes. Le reste n’est que fabulation …

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 09/05/2011

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