FLAM: les hommes qui peuvent compter: Boubacar DIAGANA.

boubacar-diagana«L’évènement politique que constitue la chute du dictateur [Ould Taya] pèsera sur ses [congrès de Cincinnati] travaux. Les priorités du mouvement [FLAM] seront celles que ses instances auront définies. Mais il me semble que l’on ne peut pas ne pas poser la question de son futur, en particulier pour dire si celui-ci se fera en Mauritanie ou non et à quelle échéance.» (source : gros plan avomm)

Boubacar Diagana se doutait-il que le poids de l’événement politique dont il parlait en ces termes pèserait jusqu’à consacrer la saignée que constitua le départ des rénovateurs en 2005 ? Il y a là juste un aperçu de la perspicacité et de la justesse de l’analyse de cet intellectuel confirmé et ardent défenseur de la justice et de l’égalité en Mauritanie.

Natif de Kaédi dans une grande famille de savants musulmans, Boubacar Diagana est un de ces hommes dont la discrétion et l’effacement contrastent avec la très haute densité et la qualité de la réflexion. Non seulement l’homme impressionne par son grand savoir coranique et islamique mais il est aussi fin stratège et grand meneur d’hommes. Boubacar Diagana est de ce point de vue l’un des acteurs qui synthétisent le mieux la solidité théorique nécessaire à l’action d’envergure et le contact du terrain qu’il tient sans doute de sa formation de géographe et qui est indispensable au combat politique.

Après avoir contribué à l’animation du MEEN, Boubacar Diagana fut l’un des principaux animateurs de l’équipe qui hérita de la lourde tache de redynamiser et de tenir le mouvement hors de l’eau après les vagues d’arrestations qui ont décapité les FLAMs. C’est ainsi que tout en poursuivant ses études de troisième cycle en Géographie à l’université de Dakar, Boubacar Diagana remplira la charge de secrétaire général du mouvement. Il s’attela à réorganiser le mouvement en sillonnant lui-même les camps de réfugiés à la tête d’une délégation du mouvement. Cheville ouvrière du bureau collégial qui pilota le mouvement durant cette période décisive, Boubacar Diagana (Mpakari pour les intimes) impulsa aux FLAMs une dynamique salutaire, avec une équipe exceptionnelle composée notamment de Chérif Ba (deuxième coordinateur) et Ciré Ba (premier coordinateur et porte-parole). Sa chambre de la résidence universitaire de Dakar était le passage obligé pour le Gotha de la lutte radicale contre le régime de Ould Taya. Qui pouvait s’imaginer que dans cette chambre exigüe se négociaient les décisions les plus cruciales de la vie du mouvement ? Ou encore que les archives les plus sensibles de l’organisation se trouvaient dans cette minuscule chambre d’étudiant ? Aucun témoin de cette équipée ne remettrait objectivement en cause l’exemplarité de la conduite de Boubacar Diagana et de l’ensemble du trio de Dakar. Peu friand des sunlights, des micros et des caméras, Boubacar s’effacera petit-à-petit avec l’arrivée des Samba Thiam et autres Mamadou Bocar Ba aux débuts des années 90s pour devenir un simple militant de base. Avec la désignation de Cheikh Oumar Ba comme Secrétaire Général de la section Europe, Boubacar Diagana refait surface comme secrétaire général adjoint ; poste qu’il continuera d’occuper lorsque Amadou Birane Bal succéda à Cheikh Oumar. Il continuera son militantisme en animant des conférences et en rédigeant des articles qui aident à mieux faire connaître la cause pour laquelle il s’est engagé. L’élégance, la rigueur, le professionnalisme et l’engagement de Boubacar lui vaudront le respect des militants du mouvement. Le congrès de Cincinnati (ce fameux Congrès de 2005) scella définitivement le divorce entre Boubacar et les FLAMs en même temps que ses autres compagnons rénovateurs. Ne disait-il pas que le congrès de Cincinnati se jouerait autour de la question du futur du mouvement et de la question du retour ?

Cependant, ce qui peut être une qualité un temps, peut devenir un handicap dans certaines circonstances. Dans un monde partiellement gouverné par l’image et la visibilité, cultiver la discrétion et l’effacement peut porter préjudice à l’action. De plus, le refus des positionnements tacticiens est difficilement conciliable avec l’action politique. Enfin, Boubacar Diagana est décrit comme quelqu’un de distant et de peu accessible alors que ceux qui l’ont côtoyé de près le disent très serviable, ouvert, disponible et de bonne compagnie. Il pourrait faire un excellent président des FLAMs à la condition de rejoindre la maison-mère et de considérer comme indissociables l’être et le paraître en politique. Pour Boubacar au moins et pour paraphraser F. Mitterrand dont il serait grand admirateur, l’oppression n’a pas réduit les ambitions. Si seulement les FLAMs pouvaient aller le chercher pour faire la paix et reconstruire sur de nouvelles bases!

Source: Poullori.blogspot.com

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