Kadhafi répète qu’il ne partira pas et appelle Paris et Washington à négocier

Mouammar Kadhafi a répété qu’il ne renoncerait pas au pouvoir et appelé Paris et Washington à négocier avec lui une sortie de crise, alors que Tripoli a menacé d’attaquer tout navire entrant dans le port de Misrata assiégé depuis deux mois, invitant les rebelles à se rendre.

 

 

L’Otan «doit abandonner tout espoir d’un départ de Mouammar Kadhafi. Je n’ai pas de fonction officielle pour y renoncer. Je ne quitterai pas mon pays et je m’y battrai jusqu’à la mort», a déclaré le dirigeant libyen dans une allocution dans la nuit de vendredi à samedi. Selon la télévision d’Etat, elle était retransmise en direct.

Les rebelles libyens, les Etats-Unis et l’Union européenne réclament le départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1970, mais celui-ci a répété que son peuple l’«aime», affirmant qu’il était pour eux «plus sacré que l’empereur du Japon ne l’était pour son peuple».

Il s’exprimait lors d’une cérémonie marquant le centenaire d’une bataille contre les forces d’occupation italiennes en Libye.

«Nous sommes prêts à négocier avec la France et les Etats-Unis mais sans condition», a encore dit le dirigeant libyen dans sa première apparition publique depuis le 9 avril. «Nous ne nous rendrons pas mais je vous appelle à négocier. Si vous voulez le pétrole, nous passerons des contrats avec vos compagnies, ce n’est pas la peine de mener une guerre».

La France et les Etats-Unis, avec la Grande-Bretagne, avaient mené les premières opérations militaires en Libye lancées le 19 mars en vertu d’une résolution de l’ONU. Le commandement des opérations est passé à l’Otan fin mars.

«Nous pouvons régler nos problèmes entre Libyens sans nous battre, retirez vos flottes et vos avions», a lancé le leader libyen à l’adresse de l’Otan.

Sur le terrain, à Misrata, de violents combats ont eu lieu vendredi autour de l’aéroport, situé à deux kilomètres au sud-ouest de la troisième ville de Libye (200 km à l’est de la capitale), selon des journalistes de l’AFP.

Les combats avaient fait 18 morts et 83 blessés à 19H00 GMT, selon des sources médicales.

Des rebelles ont annoncé que les forces gouvernementales avaient lancé une contre-attaque, appuyée par quatre chars, sur la zone d’Al-Ghiran, près de l’aéroport. «Nous les avons arrêtés à l’extrême limite, pour le moment», a déclaré à l’AFP Ibrahim Ahmed Bouchagha, combattant rebelle.

Un porte-parole du gouvernement a fait savoir vendredi que le ministère de la Justice appelait «tous les groupes armés à Misrata à déposer les armes en échange d’une amnistie», précisant que l’offre tient jusqu’au 3 mai.

Il a également confirmé la menace de frapper les navires entrant dans le port, comme l’avait annoncé un peu plus tôt la télévision libyenne.

Tout bateau «tentant d’entrer au port (…) sera frappé avec force», a indiqué la télévision, affirmant que l’armée avait «mis hors service» le port, seule voie de ravitaillement, et que l’acheminement des aides devrait désormais se faire «par les voies terrestres» sous la supervision de l’armée.

Des navires de l’Otan ont par ailleurs neutralisé des mines marines posées par les forces loyalistes dans le port de Misrata, selon le général britannique Rob Weighill.

Dans un communiqué, l’Otan «a prévenu les autorités portuaires de Misrata, qui ont temporairement fermé l’installation portuaire», entraînant l’annulation des déplacements de deux bateaux d’aide humanitaire.

«Les forces de l’Otan sont maintenant activement lancées dans la neutralisation de la menace que représentent les mines, afin d’assurer que la circulation de l’aide continue», a déclaré l’amiral italien Rinaldo Veri, cité dans le communiqué.

«L’Otan exhorte les compagnies maritimes civiles à continuer à coordonner» leurs mouvements avec l’Alliance atlantique afin de permettre «le transit sûr des bateaux dans la région».

Selon le Croissant-Rouge, les violences à Misrata ont fait environ 1.500 morts, habitants et rebelles, en deux mois. Selon le procureur local, les pro-Kadhafi ont aussi enlevé plus de 500 habitants.

Plus à l’ouest, les insurgés tenaient toujours vendredi le poste-frontière tuniso-libyen de Dehiba, reconquis la veille.

Selon le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés, l’escalade des violences dans l’ouest du pays a interrompu les flux de réfugiés partant vers le sud de la Tunisie. Pour la seule journée de mercredi, 3.100 personnes avaient fui via Dehiba.

Selon un correspondant de l’AFP, des habitants et des rebelles ont rapporté des frappes aériennes dans des zones où sont positionnées les troupes de Kadhafi.

Source  :  AFP et Libération le 30/04/2011

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