Dans un article intitulé « flagrances dérives » réalisé par notre confrère sénégalaise Henriette Niang Kandé, à l’occasion du 25e anniversaire du « Sud Fm» (magasine), il est relaté les opinions qu’avaient en 1994 les chefs d’Etat du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie sur l’état des lieux des médias, notamment indépendants, dans leur pays.
Ce jour-là à Dakar, Alpha Oumar Konaré du Mali et Maaouiya Sid’Ahmed Taya de Mauritanie hôtes de Abdou Diouf et de Sud, « représentaient chacun un symbole fort de la liberté de presse dans son pays » disait Kandé. A son grand honneur, le président malien Alpha Oumar Konaré, journaliste lui-même, militant de l’émergence de médias libres et indépendants en Afrique, avait déjà libéralisé la presse dans son pays alors que son homologue sénégalais venait juste de lâcher très timidement la bride. A la question posée au chef de l’Etat mauritanien de savoir quand est-ce que la presse privée verra le jour chez lui, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya ne répondit pas tout de suite. Après un long moment de silence, tapotant la table de mixage du studio, l’ex chef de l’Etat mauritanien dit : « vous savez, les gens du désert vont très lentement. Comme les chameaux qui les portent ».
Pour notre collègue « tout était dit », précisant ironiquement que « quand il quittait le pouvoir, suite à un coup d’Etat, le chameau et la caravane qui l’accompagnaient étaient bien loin d’avoir franchi les frontières de la Démocratie ». Reste à savoir si aujourd’hui, la presse privée, qui ne progresse pas au rythme des camélidés, avance à quelle cadence, à celle bovins, des équins ou des caprins ?
MOML
Source : Le Rénovateur le 28/04/2011