Ils avaient promis de battre le pavé le 25 avril.Ils se sont donnés, comme promis, rendez-vous à la place des blocs, pour exprimer leur ras-le-bol, à un pouvoir qui est encore à sa première bougie.
Signes précoces d’un régime qui s’use avant l’heure ou une sorte d’effets de contagion d’un vent de changement qui souffle dans tout le monde arabe mais aussi africain.
Hier ce fut le tour de Aziz d’être prié par ces jeunes de quitter son fauteuil présidentiel. La réponse n’a pas tardé à se faire entendre : la police a usé de sa machine répressive pour disperser un mouvement qui commençait à envoyer ses bulles en l’air. L’appel a été largement entendu grâce aux réseaux sociaux et aux coups SMS. Il faut dire que depuis la naissance de ce mouvement, le régime en place a voulu utiliser la carte de la banalisation avant d’employer la matraque. Alors que la voie du dialogue est encore un moyen possible pour désamorcer cette bombe de fragmentation. Derrière ces jeunes le pouvoir tente de chercher des mains invisibles et n’hésité pas à indexer certains partis d’être en connivence avec ce mouvement. Est-ce par hasard si la police a empêché les parlementaires de se joindre à cette marche pacifique. Tout a commencé avec cette mobilisation qui a surpris plus d’un observateur, en raison de ses gros effectifs. Environ 2000 jeunes avaient occupé tôt le matin le centre ville de Nouakchott, réclamant des réformes politiques, économiques et sociales et condamnant toute forme d’atteinte à l’unité nationale. Fortement encadrés par des unités de la police anti-émeute, les jeunes du 25 février avaient demandé au pouvoir d’engager «sans délai» des réformes constitutionnelles et électorales pour approfondir la démocratie et l’Etat de droit, exigeant également des emplois pour les diplômés chômeurs ainsi qu’une meilleure répartition des ressources économiques. Les organisateurs réclamaient aussi la consolidation de l’unité nationale suite à des affrontements à caractère ethnique qui avaient opposé mercredi et jeudi derniers les membres et sympathisants de deux syndicats d’étudiants de l’université de Nouakchott.
Parlementaires refoulés
Plusieurs parlementaires avaient tenté de se joindre aux manifestants, mais les forces de l’ordre leur avaient refusé tout accès à la manif, les menaçant de s’exposer à des mesures de répression s’ils persévèrent à se confondre dans les foules des jeunes mécontents. D’autres parlementaires avaient plutôt préféré se rassembler à l’assemblée nationale, en soutien à la ‘’journée nationale de protestation’’ à laquelle avait appelée ‘’la Jeunesse du 25 février’’ il y’a plusieurs semaines. Parmi les parlementaires protestataires empêchés de gagner le square des Blocs, figurent les députés Mohamed El Moustapha Ould Bedreddine, le député Saleck Ould Sidi Mahmoud, et d’autres.
Répression musclée
Les forces de sécurité avaient fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser les manifestants dont le mouvement avait totalement paralysé la circulation dans le centre ville pendant deux heures de temps, avant que les forces de l’ordre ne passent à l’assaut et arrêtent plusieurs jeunes. Pour la première fois, de nombreuses jeunes femmes affiliées à l’opposition avaient participé à la manifestation, preuve, selon leur porte-parole Fatimetou Mint Ahmed, de leur contribution à l’oeuvre « de mise à l’écart du régime véreux en place, au nom de toutes les femmes du pays » a-t-elle dit.
A cette occasion, la Coordination de l’Opposition Démocratique avait mis en garde le pouvoir contre tout recours, comme par le passé, à la répression et la maltraitance des manifestants pacifiques, exigeant « le respect de la Constitution du pays » qui selon elle « garantit le droit de manifestation pacifique pour exprimer des opinions ou revendiquer des droits légitimes ».
Amadou Diaara
Source : Le Rénovateur le 26/04/2011