Darel Barka : L’ADP World Vision s’investit dans la promotion de l’apiculture

C’est dans une forêt très dense, à quelques encablures du fleuve, dans la localité de M’Boyo précisément, village situé environ à une douzaine de kilomètres de Darel Barka, chef lieu de l’arrondissement du même nom que M. Gadio Amadou, jeune apiculteur a construit sa chambre.

 

 

Une petite pièce de 12 mètres carrés en banco surmontée d’un toit en tôles. C’est dans cet endroit très propice aux activités apicoles, que l’ancien pensionnaire du collège de Rosso, brevet en poche, la quarantaine révolue, exerce le métier d’apiculteur qu’il a épousé avec l’influence de quelques amis, il y’a de cela 4 ans nous dit-il.

Production de miel
Dès notre arrivée sur les lieux, il s’introduit dans sa chambre de laquelle il ressort avec ses équipements de travail. Une combinaison de travail assez rudimentaire confectionnée par Gadio lui-même pour se protéger contre les piqûres d’abeilles, un coupe-coupe, des gants, des bottes et un couteau. Quelques secondes de marche et nous voilà au site apicole de M. Gadio. Il étaitt une heures de l’après midi. L’apiculteur enfile sa tenue et nous explique au fur et à mesure le rôle de chacun des équipements qu’il avait sur lui. Là, quelques bidons et des canaris recouverts de morceaux d’étoffe. « Voyez ces récipients, ils contiennent des ruches » nous indique t-il. Ils pointe du doigt une petite matière au sol en affirmant : « c’est des résidus de la ruche ». Nous insistons pour voir ce qu’il y’a dans les bidons. Très disponible, Gadio ouvre enlève le morceau qui recouvrait l’un des bidons et commence à les remuer et prélever quelques quantités de cette matière de ruche qu’il déposait sur une assiette nickel trouée avec laquelle, il se servait pour séparer la cire et le miel. Au bas de l’assiette, un seau où le miel tombait par goutte. Brusquement une panique s’empare de nous lorsqu’on entend le bourdonnement de quelques insectes, des abeilles notamment, qu’on aperçoit volant au dessus de la ruche. Le reporter du quotidien a failli se retrouver dans un endroit inconnu dans cette forêt très dense n’eut été les assurances du jeune Gadio qui ne cessait de nous lancer : « ne bougez pas, ne bougez pas, les abeilles ne vous piqueront pas, restez tranquille ! ». Effectivement, les abeilles se posaient sur nous, mais elles survolaient aussitôt sans piquer. Et pourquoi ? Pouvoirs mystiques de Gadio ? Familiarité de l’apiculteur avec ces insectes ? Difficiles de savoir. Après cette séance de démonstration sur la production de miel, il nous fait goûter quelques quantités de miel contenu dans un bidon de 10 litres produit par lui-même. Après cette démonstration sur la production de miel, il nous donne d’amples explications sur les aspects liés à la récolte de miel.

La récolte
Ce travail qui comporte des risques pour ceux qui l’exercent comme moi, « nécessite une allumette, des bouses de vaches, un récipient pour la cueillette de miel, en plus des équipements déjà précités. Rechercher ensuite de grandes colonies d’abeilles dans la forêt. Une fois la colonie d’abeilles repérées, mettre du feu aux bouses pour enfumer les abeilles. Au fur à mesure que les abeilles se déplacent, j’enlève les ruches en prenant soins de laisser sur la niche une petite quantité pour attirer les abeilles au même endroit » indique notre interlocuteur. Les ruches cueillies sont conservées dans des bidons ou des canaris pour une durée d’une semaine avant la production de miel. Néanmoins, l’accomplissement de ce travail obéit à certaines règles d’hygiène et de protection de la part des apiculteurs cependant, fait-il remarquer. La propreté du lieu de la cueillette, l’usage d’une étoffe servant de flottaison pour le miel, protection du corps et des organes de sens, éviter de parler sur le lieu de la production pour ne pas secréter des microbes dans le miel. Au cours de la flottaison, les ruches doivent rester protégées par un morceau d’étoffe sous le soleil durant au moins 7 heures d’horloge. Le miel produit doit être conservé dans des récipients désinfectés. En moyenne, Gadio produit 100 litres de miel voire plus par mois. Il ne se déplace pas pour écouler ses produits très prisés par les citoyens et étrangers pour ses vertus thérapeutiques. Les prix du litre se négocient entre 1000 et 1500 ouguiyas par les acheteurs. Ils peuvent atteindre même 2000 ouguiyas, en cas de pénurie, nous confie Gadio qui ne cesse pas de remercier l’Ong World Vision qui, dit-il, leur a dispensé une session de formation qui a considérablement amélioré leur capacité dans l’exercice du métier. « J’ai subi avec 12 autres apiculteurs une session de formation initiée par l’ADP de Darel Barka sous la supervision de M. Dioum Djibril et laquelle était animée en mars 2010 par Mohamed Marigot et Fall Malik ». « Je vous affirme que cette session nous a permis d’accéder à de nouvelles techniques, connaissances et méthodes dans la pratique de métier. Suite à cette session de formation, l’ADP de Darel Barka a mis à notre disposition des ruches en bois que nous savons désormais confectionner. Ce que nous demandons à la World Vision, c’est un appui en matériel et équipement pour davantage diminuer les risques auxquels nous pouvons être confrontés au moment de récolter et améliorer ainsi la production de miel ». Amadou Gadio, jeune apiculteur, marié et père 5 enfants a définitivement adopté ce métier, encouragé en cela, dit-il, par l’intérêt de plus en plus grandissant accordé par la world vision à cette sous filière agricole.

Retombées économiques et sociales
Après M’Boyo, cap sur Woro Ali Guèlel où nous visitons la ruche en bois offerte par la world vision à un autre apiculteur du nom de Iba Diack. Cette ruche placée sous un manguier géant abrite une colonie d’abeilles depuis 11 mois, selon M. Diack qui nous montrent plusieurs colonies d’abeilles éparpillées bourdonnant autour de très grandes ruches suspendues sous les arbres fruitiers. A l’entrée du verger, une plaque de world vision sur la nature du projet développé sur place. Iba brandit deux échantillons de bouteilles de miel labellisées : miel Auberge Jeunesse Salayel- Loboudou. Aujourd’hui grâce à cette activité qu’il mène entre Woro Ali et Loboudou, il a pu se payer un petit troupeau de chèvres, il subvient à ses besoins quotidiens, et s’achète des pièces de rechange et du carburant pour le fonctionnement de sa motopompe. Les retombées sur le plan économique familiales sont plus qu’intéressante, nous a affirmé Iba qui ne rate pas l’occasion de remercier l’ADP de Darel Barka et son patron Dioum Djibril pour son appui technique et matériel dont il réclame l’augmentation. Les chiffres déclinées par M. Aboubacri Hamet Ly, président de la très dynamique association Auberge Jeunesse Salayel, qui intervient dans la lutte pour la préservation de l’environnement sont éloquents pour attester de l’augmentation de la production de miel dans la zone depuis la fin de la session de formation organisée en mars 2010 par l’ADP de Darel au profit des apiculteurs. En effet, à la date du 25/03/ jusqu’au 25/11/2010, la production de miel était de 153,25 litres. Tandis que pour les quatre premiers mois de cette année 2011, la production atteint 105, 75 litres. Ce qui traduit un bond significatif dans la production après cette session de formation.

Valeurs thérapeutiques du miel

Un autre témoignage a été fait par Ali Sy et se rapportant aux vertus sanitaires du miel. Ce qui se confirme dans une fiche technique élaborée par des consultants de world vision. Le miel a beaucoup de valeurs thérapeutiques fortement recommandées pour des maladies telles : la grippe, l’ulcère, la fatigue générale, les problèmes liés aux débuts de grossesse (vomissements, manque d’appétit, douleur au bas ventre), insomnie, nausée, rhumatisme, tabagisme, douleurs musculaires. Au-delà, des efforts déployés par l’ADP de Darel Barka pour promouvoir l’apiculture dans la zone, l’Etat Mauritanien doit se réveiller et chercher les voies et moyens de faire de cette activité un moyen de lutte contre la pauvreté et de contribuer à la croissance économique du pays. C’est un véritable créneau de lutte contre le chômage et de lutte contre l’exode rural.
 

Thièrno Souleymane CP Brakna

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 25/04/2011

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