Jamais deux sans trois et même parfois aussi quatre. Cet adage semble se confirmer au regard des travaux de la CNH (Commission nationale des Hydrocarbures) qui, dans chacun des processus qu’elle est chargée de conduire, a abouti à une impasse ou à des rebondissements qui rendent son travail suspect.
Du coup, cela avec acuité la question même de l’opportunité ou non d’une telle structure qui, apparemment n’est pas en mesure de remplir comme il se doit, la mission pour laquelle elle a été créée. C’est en tout cas le sentiment que l’on est en droit d’avoir au regard des deux derniers marchés sur lesquels la CNH a eu à plancher, à savoir le cabotage des hydrocarbures (entre Nouadhibou et Nouakchott) et la sélection d’un fournisseur qui aura pour mission d’assurer l’approvisionnement de la Mauritanie en gaz butane pendant une période de deux ans.
Le premier appel d’offres a été déclaré infructueux après que la MTM seule se soit manifestée. Quant au second appel d’offres, il est aux mains du Ministre après que la CNH ait été déclarée incapable de prendre une décision dans la mesure où seule Vittol avait déposé une offre. Première question légitime, pourquoi si peu de concurrents ? Pourquoi cette désaffection du marché mauritanien ? Le pays n’intéresse-t-il pas les traders ? Y a-t-il des conditions dissuasives ? Le cahier des charges est il trop difficile à remplir ? Et surtout pourquoi les sénégalais et les marocains payent –ils leur gaz 20% moins cher que la Mauritanie ? Il est clair que la CNH, au moins dans sa composition actuelle (des représentants de divers départements ministériels souvent sans aucun rapport avec l’objet), n’est pas en mesure de ficeler et de traiter convenablement un dossier aussi technique (le dossier d’appel d’offre fait 60 à 70 pages). Ne serait-il pas plus judicieux de faire appel à un cabinet d’experts indépendants qui pourrait conseiller l’administration pour la confection de l’appel d’offre et la sélection d’un fournisseur ?
Pour ce qui concerne l’approvisionnement en gaz, il faut souligner que le dossier avait été acheté par trois sociétés: Vittol, Géogaz et Addax. Chacune à dû débourser 10.000 dollars (250.0000 UM) pour l’achat du dossier. Signalons que le précédent était à seulement 5.000 dollars. Toujours est il qu’après l’expiration du délai de dépôt des offres, seule Vittol avait déposé la sienne. La CNH a dû attendre les instructions de sa tutelle pour procéder à l’ouverture des plis. L’offre financière de Vittol était à 129 dollars (fret compris), soit une majoration de 15% par rapport aux prix pratiqués. Un membre de la CNH se serait proposé pour se faire mandater afin de négocier avec Vittol un rabais mais le président aurait refusé et la décision fut prise de transmettre le dossier au Ministère pour suite à donner. La société Vittol avait approvisionné la Mauritanie en 2007 et 2008 avant d’être remplacée par Geogaz qui a remportée le marché pour 2009 et 2010. Le coût du fret des derniers contrats 2009 et 2010 de Geogaz était à 92 dollars la tonne métrique. Alors qu’est ce qui a amené cette société à faire une proposition d’un tel niveau et pourquoi elle est la seule à soumissionner ? Certains observateurs ne sont pas loin de penser qu’il pourrait y avoir anguille sous roche.
Bien sûr le cahier des charges hérité des années 60 et qui fixe encore le taux d’Oléfine à 25% est difficile à obtenir. Alors qu’au Maroc il est de 65%, en France et au Sénégal il est libre. Cette seule spécification en décourage plus d’un. En effet le niveau 25% d’Oléfine est plus compliqué à obtenir donc plus cher alors qu’il n’a aucun avantage. On a simplement pris l’habitude de faire du copier coller depuis toujours alors que tous les autres ont révisé leur législation. A titre d’exemple le fuel est acheté par la Mauritanie trois fois plus cher que le Sénégal ou le Maroc. Pourtant nous avons les mêmes machines mais seulement nous avons plus de spécifications souvent inutiles.
Toutes ces raisons font que la CNH qui n’est actuellement qu’un club de hauts fonctionnaires qui bénéficient de grosses indemnités qui, au final, font payer au consommateur un prix au dessus du normal, doit être revue aussi bien dans sa composition que dans son fonctionnement et ses attributions.
BC