Interview de M Boidiel Ould Houmeid, président du parti El Wiam :

Des enregistrements audio ont montré que les voix des conseillers ont des prix obéissant à la loi de l’offre et de la demande.

 

 

Le parti opposant El Wiam Démocratique et Social a fait exploser une bombe politique à haute détonation, quand il a communiqué aux médias mauritaniens et étrangers, à des chancelleries occidentales à Nouakchott des enregistrements audio, attribués à des responsables dans la campagne du parti au pouvoir au niveau de la moughataa de Keur-Macène dans la wilaya du Trarza. Des transactions entre ces derniers et une conseillère municipale mettent à nu leur intention d’acheter son vote pour assurer la victoire du candidat du parti de l’Union Pour la République UPR dans les élections portant renouvellement du tiers du sénat dans cette circonscription. Aussitôt ce scandale des enregistrements audio divulgué, le gouvernement pris la décision de reporter ces échéances jusqu’à nouvel ordre. Le Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf s’est empressé de tenir une réunion avec le leader du parti El Wiam Boideil Ould Houmeid, inaugurant ainsi des rencontres de concertation anticipées, qui ont touché plusieurs dirigeants des formations politiques de l’opposition et d’autres de la majorité. Pour jeter la lumière sur les contours de ce pré-dialogue et les dessous du marchandage des voix des conseillers municipaux, divulguées par les enregistrements audio de Keur-Macène, pour savoir l’appréciation du parti El Wiam sur l’actuelle situation économique et sociale en Mauritanie, atlantic-media.net s’est entretenu avec son leader Boidel Ould Houmeid, qui répond à cœur ouvert à toutes les questions posées dans l’interview suivante :

Question : vous êtes l’un des premiers dirigeants de l’opposition à rencontrer récemment le Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Dans vos discussions, vous vous êtes axés sur l’importance de créer des conditions de transparence pour assurer la participation de toutes les parties dans les consultations électorales, portant renouvellement du tiers du sénat dont le report de cette échéance. Après la prorogation officielle de ce scrutin jusqu’à nouvel ordre, vous étiez le premier leader de parti à le rencontrer de nouveau. Quelle appréciation faites-vous de ces entretiens ?

Boidiel Ould Houmeid

nous, au parti El Wiam, nous avons décidé dés le départ de participer à ces élections, car nous sommes convaincus, en tant que parti de la démocratie, et il est dit chez nous « men ghabee, ghabee sehmouhou » (littéralement : qui s’absente, s’absentera sa portion). Pour cela, nous avons refusé la non participation.

Et quand le problème de la participation a été soulevé au sein de la Coordination de l’Opposition Démocratique, El Wiam a prôné son adoption de la participation, assortie de conditions claires. Nous avons publié un communiqué précisant cela, exigeant que l’opération se déroule dans une totale transparence et d’une manière véritablement démocratique.

Depuis que nous avons commencé la participation, il nous est apparu que tout ce qui a été dit sur la transparence est infondé. Nous avons découvert que les voix des électeurs sont achetées, que certains conseillers ou leurs proches sont recrutés et que c’est l’administration qui s’adonne à ces pratiques.

Nous avons expliqué tout au Premier ministre, au cours d’une première audience, lui précisant que nous participons aux élections, que nous présentons nos candidats pour rivaliser contre des partis et non contre l’administration, ni contre l’union des employeurs de Mauritanie. La personne qui s’est portée candidate au nom du parti au pouvoir à Keur-Macène est connue. Il s’agit d’un employé de l’Union générale des employeurs et travaille avec la fédération du commerce. Depuis le premier jour d’accréditation des candidatures, tous ses collègues au sein de ladite structure lui ont rendu visite à Keur-Macène et ont décidé d’acheter toutes les voix des conseillers municipaux au niveau de cette Moughataa.

J’ai dit au Premier ministre dans ma précédente audience avec lui que nous refusons absolument cela, que nous nous retirerons de l’opération si elle reste en dehors du cadre juridique, contraire aux traditions et règles démocratiques ainsi que de la compétition loyale. Nous lui avons réitéré cette position au cours d’une conférence de presse organisée par le parti à cette occasion. Et quand il nous est apparu qu’aucune réponse sincère n’a été prise dans ce sens, que les choses restent inchangées, il est arrivé ce qui est arrivé, que vous connaissez bien comme l’opinion. L’enregistrement audio a été mis à nu, mettant à découvert deux points principaux :

-  Le premier est que les voix des conseillers ont été achetées et ont un prix comme n’importe quelle autre marchandise. Vous avez entendu, l’opinion aussi, ces transactions qui s’effectuent entre 2 à 3 millions ouguiyas par voix. Certains payent 4 à 5 millions d’Um, suivant l’accord convenu entre les deux parties, comme on dit.

-  Le second point est que cette politique adoptée par l’Etat au profit des pauvres citoyens, à travers la baisse des prix de produits de première nécessité, montre que les mêmes personnes qui ont été chargées de son exécution, sont celles qui l’instrumentalisent à des fins politiques.

Sans doute, vous avez écouté dans l’enregistrement audio, des propos sur les deux personnes au profit de chacune d’entre elles des boutiques ont été ouvertes, dans le cadre de ce que l’on appelle « opération solidarité 2011 ». Des personnes connues qui sont des conseillers municipaux à Ndiagou. L’un est directeur d’école et l’autre connu. C’est pour leur compte que des boutiques ont été ouvertes ici à Riyadh à Nouakchott et vous avez entendu les propos les concernant. Il en résulte donc que cette politique qui a coûté à l’Etat des milliards d’ouguiyas, qui semble être importante au président Mohamed Ould Abdel Aziz et à son gouvernement, se révèle être un jeu de cartes détenu par des personnalités qui en usent et abusent pour réaliser des caprices purement politiques. Quand l’Etat dépense des dizaines de milliards d’Um au profit de cette opération pour aider les citoyens les plus démunis et les plus fragiles, alors qu’elle est au même moment exploitée par des individus dans le domaine politique, disant que les boutiques ne sont pas importantes, le résultat direct sera la perte pour le trésor public de montants colossaux, en plus de la poursuite de l’inflation et des mauvaises conditions de vie des populations. Les denrées que l’Etat achète à coup de milliards pour les disponibiliser dans les boutiques aux prix subventionnés, reviennent aux mains du même commerçant qui a reçu leur valeur des autorités au départ, pour les revendre au prix élevé du marché, avec à la fin de chaque mois le paiement de la différence du bénéfice, se voyant également remettre 100 mille Um comme gain mensuel. Je pense que c’est L’Etat qui est le grand perdant dans cette opération. Nous avons signifié cela depuis le premier jour, dans nos communiqués et déclarations. Nous avons dit que les mauritaniens ne peuvent bénéficier que de mesures générales, comme par exemple la baisse des taxes douanières pour fléchir automatiquement les prix. Il ne s’agit donc pas d’ouvrir des boutiques pour des personnes précises, leur générant des gains considérables, investies également dans la politique pour maintenir les citoyens dans la même impasse de fragilité, de pauvreté et de cherté du coût de la vie. C’est ce que nous avons toujours répète et il s’est avéré aujourd’hui à tous que nous avions raison. Pour ceux qui se défendent en niant que les enregistrements audio ne sont pas leurs propos, ils n’ont plus d’occasion devant eux pour se démentir. Les gens connaissent leurs voix et l’accent de chacun d’entre eux. L’opérateur téléphonique dont ils se sont servis du réseau pour effectuer leurs appels connaît leurs numéros, peut les identifier et localiser les lieux à partir desquels chacun a appelé l’autre durant ces conversations, ainsi que la minute, l’heure et le jour de la communication. D’ailleurs, identifier quelqu’un grâce à sa voix est devenu chose facile, en raison des progrès technologiques enregistrés dans les milieux des télécommunications. Ces personnes sont connues et tous les gens savent que ce sont elles qui parlaient dans les enregistrements audio. Tout celui qui écoute la voix de l’un d’entre eux, cite involontairement son nom. Quand j’ai rencontré le Premier ministre, je lui ai dit : « c’est ce que nous vous avons dit en vous présentant les noms des personnes concernées. Vous n’avez pas agi en conséquence sur la base de nos accusations. Aujourd’hui vous êtes édifiés et certains grâce aux preuves irréfutables. Vous devez au moins mener sans hésitation des enquêtes sur cette affaire, si vous gardez encore quelques doutes ». Je lui ai dit que ce type de comportements est contraire à la démocratie et aux plus simples règles d’une compétition électorale saine. Le plus grave dans cette affaire est que ce groupe a montré son ignorance de la loi et même des textes régissant les élections, qu’il cherche à remporter en faisant recours à l’argent, aux pressions et aux chantages.

Sans doute, vous avez constaté durant leur rencontre avec la presse, qu’ils ont présenté des photos d’individus, disant que l’un d’eux représente « monsieur tel » (vlane), qui n’a pu assister, car mordu par un serpent.

C’est contraire à la loi et à l’éthique de l’action électorale. Comme tout un chacun le sait, le vote est secret. Rien n’est plus facile pour nous que de photographier des dizaines de personnes et de montrer leurs photos aux médias comme étant des conseillers municipaux soutenant notre candidat. Mais cette conduite est :

- primo, légalement interdite, du fait de la confidentialité du vote et de la liberté du choix de la personne, pour qui elle vote,
- secundo, parce que nous ne doutons pas de nos conseillers, ni de notre suprématie en termes de conseillers municipaux adhérents à notre parti. Qui agit de la sorte montre à tous qu’il ne sait rien de tout ce qu’il fait, qu’il ignore tout sur les élections, sur la démocratie, sur la loi et sur la constitution. C’est grosso modo ce que j’ai dit au Premier ministre.

Question : Quel était le degré d’intérêt manifesté par le Premier ministre à vos propos durant cet entretien ?

BOH : Il a exprimé ses vifs regrets pour ce qui s’est passé et m’a dit que le gouvernement, -après notre première rencontre-, a donné des instructions dans cette direction. Je sais personnellement que le président de l’UPR a donné des instructions aux missions de son parti chargées de superviser la campagne de ses candidats, intimant aux responsables de ces délégations de s’éloigner des conduites d’achat des consciences et des autres attitudes de pression sur le collège électoral représenté par les conseillers municipaux. Il a donné solennellement ces instructions, devant le public, précisant que l’UPR n’aime gagner que de façon transparence. Mais, les intéressés n’ont pas tenu compte de ses conseils et n’ont pas agi en conséquence de ses recommandations. Par ailleurs, abstraction faite de toutes les instructions et orientations, on ne doit pas perdre de vue que la candidature d’une personne sans lien avec la politique, ignorant tout sur l’action politique, n’ayant jamais exercé la politique dans sa vie, choisie pour la simple raison qu’elle est commerçante, équivaut à une incitation à l’achat des consciences et à la corruption des électeurs. Un commerçant qui n’a vécu que la logique de l’achat et de la vente, n’assimilant que les règles du profit et de perte, ne peut dire que ce que vous avez entendu dans les enregistrements audio, lesquels ont révélé le niveau de ce type de candidats.

BOH

Question : Certains voient dans ces rencontres ou ce entretien entre la classe politique et le chef du gouvernement, une manière de tirer le tapis sous les pieds de la majorité et du parti au pouvoir, ainsi qu’une preuve de l’échec de cette majorité à concrétiser le dialogue politique avec l’opposition. Pire, d’autres analystes y voient un indicateur à un début de renonciation du président Mohamed Ould Abdel Aziz à celle-ci, voire même à son adoption de l’UPR. Qu’elle est votre lecture de ce constat ? 

BOH :  Je ne sais pas ce qui se passe de ce côté. Ce que je sais cependant, c’est ce qui porte sur le parti El Wiam, l’opposition à laquelle il appartient, ce qui m’a été dit par le Premier ministre dont j’ai évoqué auparavant les grands axes. Le premier qu’il invite, qu’il tient auparavant à l’existence d’un climat de concertation entre les parties politiques. Il m’a assuré qu’ils s’intéressent à deux choses essentielles : le dialogue unificateur qui englobe toutes les questions nationales et les soucis de la scène mauritanienne en général ; qui est un dialogue nécessitant du temps. Le second point concerne les élections portant renouvellement du second tiers du sénat dont il a exprimé le vœu qu’elles fassent l’objet de concertation entre les différents acteurs politiques, pour que chaque parti participe dans la conviction qu’il n’obtiendra que ce qu’il mérite. Je vous affirme qu’ils sont désolés pour ce qui s’est passé à Keur-Macène et qu’ils le refusent totalement.

Question : Il y a environ plus d’un mois environ, votre parti a lancé une campagne d’implantation de portée nationale. Où est parvenue cette campagne aujourd’hui ? 

BOH  :   La campagne électorale commence par Nouakchott. Nous avons décidé de la suspendre momentanément en raison des élections sénatoriales pour le renouvellement du tiers du sénat. Nous allons la reprendre ces jours-ci et tout est fin prêt pour cette opération qui comprend la capitale en premier, comme je l’avais dit tantôt, puis les zones de l’intérieur du pays, Incha Allah.

Question : Il est constaté des disparités dans la position de certains partis membres de la coordination de l’opposition démocratique COD, surtout pour ce qui se rapporte à certaines grandes questions nationales, comme le dialogue national rassembleur, la manière avec laquelle l’autorité gère les affaires publiques du pays ainsi que des dossiers tels que l’esclavage et les autres aspects pendants ne faisant pas l’objet d’une vision commune de la part des partis politiques. Cette divergence de point de vue ne reflète-t-elle pas à votre avis l’absence d’une cohésion au sein de la COD ; ce qui pourra affaiblir son apport dans toute éventuelle concertation avec le pouvoir ?

 

BOH : Il n’y a pas deux personnes qui sont totalement d’accord de telle sorte à assurer une convergence d’idées et d’opinions aux questions soulevées, à fortiori quand il s’agit de partis politiques. S’il n’existait pas des différences dans les points de vue, vous n’auriez pas parlé de positions de partis, voire même, la COD aurait été une seule formation. La COD comprend des partis dont chacun à ses principes, son programme et ses objectifs politiques, mais malgré leurs écarts, ils se sont croisés et se partagent en commun un ensemble de questions nationales importantes ; et il s’est avéré que ses positions figurent parmi les dossiers qui intéressent le plus les mauritaniens, convergeant dans une seule direction, nonobstant des différences dans les détails ; ce qui est tout à fait naturel. Je vous affirme que les partis de l’opposition au sein de la COD parviennent souvent à dépasser les points de divergence qui ne sortent pas du cadre des détails et des questions non prioritaires, comme je l’ai signalé tantôt. En tout cas, je ne suis pas inquiet au sujet de l’unité et de la cohésion des rangs de la COD. Pour ce qui est du dialogue par exemple, il n’existe aucun parti au sein de la COD qui n’appelle pas à une concertation nationale globale et qui ne manifeste pas son souci pour cette ouverture comme priorité fondamentale. Nous convenons tous que le dialogue est une option essentielle, capitale et indispensable dont l’opposition est confiante, œuvrant constamment à sa réalisation. Pour l’autre partie, on ne sait pas si, comme nous, elle est persuadée ou non du dialogue.

BOH :

Question : Plusieurs partis de l’opposition, dont El Wia, ont brossé un tableau noir de la situation économique en Mauritanie. Quelle appréciation faites-vous de la situation actuelle du pays et quelles en sont les conséquences ? : Je pense que la situation économique de la Mauritanie à l’heure actuelle est caractérisée par sa gravité. Il est bien connu que la Mauritanie est un Etat aux exportations limitées dont l’essentiel des produits consommés sont importés de l’étranger d’où la nécessité de détenir des devises en quantité suffisante, qui ne sont pas toujours disponibles. Cette situation est à l’origine de la flambée des prix chez nous et les importateurs ont besoin des devises qu’ils obtiennent parfois à des prix différents aux cours officiels. Par ailleurs, nous avions des projets financés par les partenaires avec des devises ; ce qui permettait à la BCM d’obtenir les monnaies étrangères, du fait que cet organisme d’émission dépense ces fonds étrangers des projets en ouguiyas. Aujourd’hui, tous les projets sont suspendus faisant perdre à la BCM cette ressource considérable des devises. Je pense que cette situation est dangereuse, qu’elle doit impérativement être dépassée à travers l’assurance des bailleurs de fonds et l’instauration de la confiance, pour qu’ils reviennent et consentent des financements de développement dans le pays. Vous savez que les bailleurs n’investissent pas leurs capitaux dans un Etat instable dont la situation politique est marquée par des tensions et par l’absence d’ouverture. L’état des lieux politique est le premier indicateur pris en considération par les bailleurs et les partenaires quand ils étudient la possibilité d’accorder des financements ou de réaliser des investissements dans n’importe quel pays. L’opposition, la majorité et le pouvoir doivent tous prendre conscience que la Mauritanie a besoin d’un climat limpide, d’une atmosphère propice de nature à encourager les partenaires extérieurs à investir dans le pays. Il est indispensable que cette conviction prévale et que tous œuvrent dans la garantie des intérêts de la Mauritanie. L’autorité et la classe politique doivent réaliser que la création d’un climat serein, ouvert et favorable est une nécessité pour sortir le pays de cette grave situation comme je l’avais dit précédemment. Le pouvoir, l’opposition et la majorité doivent aussi être totalement convaincus que l’ouverture, le dialogue et l’éloignement des turbulences et de tout ce qui peut conduire à la crispation politique, n’est pas le bon produit d’une partie sur l’autre, mais un devoir national dont tous sont redevables envers la Mauritanie qui est la patrie de tous, dont aucune partie ne doit essayer de défendre et d’assurer le bien-être sans l’autre. La Mauritanie est un Etat auquel s’applique ce qui vaut dans les pays africains voisins. Si on regarde le Mali -à titre d’exemple-, nous constatons que c’est un Etat qui a surmonté tous ses problèmes grâce à la démocratie, à l’égalité devant la loi et à l’équité dans les opportunités. Ce pays n’est pas confronté à une situation difficile comme la notre, bien qu’il ne dispose d’aucun accès à la mer, dont ce qu’il importe de marchandises transite par la Mauritanie ou à travers les ports de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal. Si nous regardons les prix au Mali, nous remarquons qu’ils ne différent pas beaucoup de ceux établis en Mauritanie. Cette situation est due à l’existence d’un climat sûr ayant permis de rassurer les investisseurs sur leurs biens au Mali et non dans notre pays. Toutes les parties nationales doivent œuvrer à créer un climat garantissant l’ouverture des investisseurs sur la Mauritanie, dans le souci de l’intérêt et de la stabilité du pays et de l’avènement des conditions d’une vie citoyenne. Nous souffrons de la gabegie. J’en ai déjà parlé. La première cause de l’anarchie de l’administration est que toute identification opérée aujourd’hui sur un cadre, montre que sa nomination a été faite par favoritisme, ne connaissant pas le domaine sur lequel il a été désigné, et au bout du compte, ne peut résoudre aucun problème ni régler un dossier quelque soit sa simplicité. L’Etat doit poser des paramètres qui respectent les critères connus de cooptation, de sorte à assurer le choix des fonctionnaires sur la base des compétences en formation et en expérience. Le critère utilisé aujourd’hui dans le choix des fonctionnaires de l’administration publique est un critère de partialité. Une personne nommée parce qu’elle est recommandée par un homme politique, un officier militaire, un parlementaire ou un notable. Nous devons dépasser cet obstacle et travailler à régler tous ces problèmes dans le service de l’intérêt général du pays.

Question : Parmi les choses que certains observateurs reprochent à l’opposition, le fait que son travail se concentre à la critique du pouvoir et qu’elle ne présente pas les preuves de ses reproches. Certains estiment même que la seule alternative possible qui peut émaner de l’opposition dans ce sens et son accession au pouvoir. Qu’en pensez-vous ? 

BOH :  Nous au sein du parti El Wiam, nous avons précisé depuis les premiers instants que nous sommes une formation de l’opposition, mais de l’angle de la logique de l’opposition constructive et responsable. Nous n’avons critiqué aucun des aspects de la gestion des affaires publiques, ni ce qui émane de l’autorité, sans avancer clairement et avec pertinence notre vision des alternatives et des solutions. Sans doute, mon présent entretien accordé à votre journal sur les questions relatives aux nominations et à l’administration a comporté notre perception de leur traitement à travers la prise en considération des critères qui doivent présider au choix du fonctionnaire. J’ai dit clairement que la solution porte sur la cooptation de cadres jouissant d’une formation réelle dans les domaines de leur spécialité, disposant d’une expérience reconnue dans leurs fonctions. Nous identifions chaque problème pour connaître ces causes, puis nous présentons le remède le plus efficace pour le surmonter d’un angle objectif, loin des considérations politiques individuelles et des intérêts étroits. J’ai dit également que l’Etat perd des dizaines de milliards dans la politique des boutiques de solidarité 2011, car ces milliards reviennent dans les poches du même commerçant investi de les approvisionner en denrées alimentaires essentielles à des prix réduits. J’ai dit aussi que les pauvres ne profitent pas de cette opération, précisant que la meilleure voie- et c’est connu et évident- est de baisser les taxes douanières pour pouvoir reculer les prix dans toutes les boutiques et commerces. Les mauritaniens peuvent avoir besoin d’apprendre toute chose de l’étranger sauf le commerce. Il n y a pas de coin sans boutique, et ici je dis qu’un montant de 10 milliards est dépensé sur des marchandises qui ne profitent pas aux citoyens nécessiteux dont les recettes sont reversées dans les comptes du même commerçant, également instrumentalisées à des fins politiques indignes. Cette somme est perdue par le trésor public et ne bénéficie pas aux populations. Le gouvernement doit corriger cette erreur en révisant à la baisse les taxes douanières sur les mêmes produits d’un taux équivalent à ces 10 milliards d’ouguiyas mobilisés pour l’opération susmentionnée. C’est là la solution la plus pertinente et l’alternative que nous présentons. Ce qui est donc dit à propos de la critique pour la critique n’est pas fondé. Je ne lui trouve pas des justifications- du moins- pour ce qui concerne le parti El Wiam.

Question : des milieux médiatiques ont indiqué que les enregistrements audio que vous avez dévoilé récemment sont parvenus à des parties internationales dont- particulièrement- les chancelleries occidentales à Nouakchott. Il est également évoqué que ces interlocuteurs ont joué des pressions sur le pouvoir en Mauritanie ; qui a finalement pris du recul et décidé de reporter les élections portant renouvellement du second tiers du sénat. Etes-vous au courant de cela ?

BOH : Je n’ai pas connaissance de pressions extérieures comme celles que vous venez d’évoquer. Ce que je sais, c’est que nous avons adressé à chaque Ambassade ouverte à Nouakchott une copie de ces enregistrements audio ainsi que des exemplaires à tous les organes de presse nationale et internationale, à l’intérieur et à l’extérieur. C’est ce que je sais.

Source  :  Atlantique Media via Le Véridique le 16/04/2011

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