Attribution des marchés d’Appel d’Offres du MDR : Lutte contre la gabegie ?!

Hadiya Kaou DiaganaIl n’y a pas encore longtemps, était le cheval de bataille du président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz, au lendemain de son élection du 18, juillet 2009 et durant son mandat, Mais cette bataille semble aujourd’hui s’essouffler au regard des pratiques mafieuses qui ont cours dans l’attribution des marchés publiques.

Jugez-en ! Le 23 mars dernier, la Commission Centrale des Marchés se réunissait en session ordinaire présidée par Diallo Abou Moussa assisté de ses conseillers et attachés. Selon le procès verbal, cette session n° 14/11/CCM s’est tenue en la présence de : Mohamedou Ould Dahane représentant le directeur du financement ; Sidi Ould Mohamed Laghdaf représentant le directeur général du budget ;

Aminétou Mint H’Meida représentant le directeur général des impôts ; Albert Ould El Hor représentant le directeur du Travail ; Khadidiata Bâ représentant le ministère de l’industrie, du commerce, de l’artisanat et du tourisme ; Abdarahmane Abdoul représentant le contrôleur financier.

Il manquait à l’appel les représentants de la BCM, le directeur des études et de la programmation au ministère des finances, le directeur du laboratoire national des travaux publics, le représentant du ministère de l’équipement et des transports ainsi que le directeur des douanes. L’ordre du jour de la séance comportait entre autres sujets, l’ouverture des offres du ministère du développement rural. La première était relative à la fourniture d’intrants agricoles (engrais et pesticides) en trois lots distincts.

La seconde à la fourniture de semences, grillage, matériel agricole et matériel horticole en cinq lots distincts ; tandis que la troisième concerne la fourniture de pesticides et d’équipements de lutte contre les ennemis des cultures en cinq lots distincts. L’issue de cette séance n’a pas fait apparemment que des heureux.

Il y a des soumissionnaires qui grincent des dents et dénoncent le manque de transparence des attributions faites. C’est le cas de Ciprochime et CIE de Hadya Kaou Diagana le PDG de la société. Ce n’est pas la première fois qu’il donne de la voix pour dénoncer des pratiques malsaines dans l’attribution des marchés de l’Etat. Selon lui, rien n’est fait dans les règles de l’art. Pourquoi ?

La réponse coule de source. Ayant soumissionné pour le marché de fourniture de pesticides et d’équipements de lutte contre les ennemis des cultures dont neuf plis ont été reçus par la CCM, Ciprochimie et CIE a présenté ses offres sur 4 lots des cinq demandés. Pour le lot 1, elle a soumissionné pour un montant de 155.051.400 ouguiyas avec une variante de 144.198.600 ouguiyas et un délai de livraison de 25 jours. Son concurrent qui a soumissionné aussi pour ce lot 1 du marché, notamment les Etablissements Tawfik, a fait une offre de 252.000.000 d’ouguiyas rond.

Entre les deux soumissions, il y a une différence de 107.801.400 ouguiyas, pour le même produit, de la même qualité. Malgré tout, la commission d’évaluation a jeté son dévolu sur cet établissement pour lui attribuer ce marché.

Ce qui n’a pas été pour plaire au PDG de Ciprochimie pour demander à ce qu’il soit mis fin à ces magouilles qui minent la lutte contre la gabegie que même le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, contre les déprédateurs des fonds publics du contribuable mauritanien.

Si l’on en croît une source au ministère du développement rural, Ciprochimie aurait fait les frais d’un différent qui l’oppose à certains cadres de ce département ministériel, depuis des années. Et ce n’est pas la première fois, expliquait son PDG, que cette société créée en 1975 par décret 81119 bis comme entreprise prioritaire pour la fabrication des pesticides agricoles et ménagers, s’est vu écartée malgré tout, de l’attribution des marchés de l’Etat pour lesquels elle fournissait tous les documents administratifs demandés.

A titre d’exemple : des campagnes agricole 2001-2002 ; 2002-2003 ; 2003-2004 ; 2004-2005 ; la société a soumissionné et restait toujours la moins disante par rapport a ses concurrents, mais les marchés ont été adjugés au profit de sociétés cartables occasionnant un manque à gagner énorme pour le pays. Pour les campagnes agricoles 2005-2006 ; 2006-2007 ; 2007-2008 ; la société n’a jamais, semble t-il, été consultée, pour la fourniture des produits de lutte anti-aviaire. Les requins ont repris du poil de la bête !

Il faut espérer que dans la nouvelle reforme du code des marchés publics, il sera tenu compte de l’intérêt de la Mauritanie en dehors de toutes autres considérations. Nous nous rendrons dans les jours à venir à la CIPROCHIMIE, pour recueillir plus de détails sur les marchés précités.

Moussa Diop

Quotidien de Nouakchott

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