Bâtiment : En Mauritanie, COVEC est-elle sous contrôle ?

Tah_AMB_ChineC’est connu, en Afrique, les grands travaux notamment dans le domaine du BTP donnent toujours lieu au versement d’énormes commissions ou pots de vin ou dessous de tables. En effet les enjeux financiers sont tels que les entreprises sont prêtes à tous pour remporter les marchés d’ailleurs même si on ne le dit pas cette dimension est intégrée dans les calculs de coût pour la confection des devis estimatifs.

Dernières arrivées sur ce segment, les grosses entreprises commerciales chinoises ont vite fait de s’adapter à ces pratiques, et comme tout ce qu’ils font, les chinois ont fini par être les maîtres en ce domaine. Partout en Afrique on parle de surfacturation, de sous dosages, de travaux mal faits etc. Fini le temps où la coopération de la République Populaire de Chine était citée en exemple pour la qualité des ouvrages réalisée sous sa férule et partant pour l’intérêt qu’elle revêtait pour de jeunes états qui manquaient de tout et dans tous les domaines.
Mais c’était une époque et d’autres mœurs. Notre attention fut attirée par une dépêche de l’AFP et qui avait pour titre : « Le nouvel hôpital Made in China de Luanda menace e s’effondrer » Notre intérêt fut plus grands encore lorsqu’à la lecture il s’avéra que l’entreprise en question n’est autre que la China Overseas Engineering Group Company plus connus sous l’acronyme, COVEC. C’est en effet cette grande entreprise chinoise qui réalise en Mauritanie un chiffre d’affaire de près d’un milliard d’ouguiyas.
C’est la covec qui a remporté dans des circonstances suspectes l’appel d’offre international pour la construction, en un seul lot, de la Faculté des Sciences et Techniques du Futur Campus Universitaire de Nouakchott pour un montant de 4,9 milliards d’ouguiyas. C’est aussi elle qui réalise dans le cadre d’un prêt préférentiel chinois à hauteur de deux milliards de yuans (environ 295 millions de dollars), les travaux d’extension du Port Autonome de Nouakchott, dit « Port de l’amitié ». C’est encore COVEC qui va construire une route goudronnée de 200 km dans la zone de l’Aftout (sud de la Mauritanie), marché pour lequel elle fut sélectionnée de gré à gré par le Ministère des Affaires économiques. C’est enfin elle qui a construit le Ministère des affaires étrangères ainsi que l’immeuble de la BNM sur l’Avenue Gamal Abdel Nasser.
Croisons les doigts pour que tous ces chantiers éminemment importants pour le pays ne soient pas réalisés avec la même désinvolture que, le nouvel hôpital général de Luanda, en Angola. En effet cette imposante bâtisse construite il y a moins de 4 ans présente déjà de profondes fissures à plusieurs endroits.
Cent cinquante patients ont été évacués de cet l’hôpital qui menace de s’effondrer quatre ans seulement après sa construction par COVEC, a annoncé la radio publique angolaise.
Les malades ont été évacués après la découverte de « fissures profondes dans les murs des services de pédiatrie et de gynécologie », a précisé la RNA.
L’hôpital, qui a coûté 8 millions de dollars, a été construit par l’entreprise chinoise China Overseas Engineering Group Company (COVEC) grâce aux lignes de crédit accordées par la Chine à l’Angola.
Depuis la fin de la guerre civile (1975-2002), l’Angola a engagé de grands travaux de reconstruction grâce à l’aide de la Chine, qui a ouvert des lignes de crédit en échange du pétrole angolais. Leurs prêts s’élèvent à 9 milliards de dollars depuis la fin de la guerre civile. Un autre crédit de 6 milliards de dollars est en pourparlers.
Le parti au pouvoir, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) a dépêché sur place une de ses députées, Ariana Afonso, pour constater les dégâts. « Une structure construite aussi récemment ne devrait pas présenter ce type de problème, qui met la vie des patients en danger », a-t-elle déclaré à la RNA. « Le gouvernement provincial de Luanda doit chercher les responsables. Parce que 8 millions de dollars, c’est beaucoup, pour un bâtiment qui a tenu aussi peu de temps, » a-t-elle ajouté.
Les responsables mauritaniens vont-ils poser les mêmes questions et à temps car, la Mauritanie ne peut guère se permettre de dilapider ses maigres ressources et hypothéquer l’avenir des générations futures en leur léguant des créances et des infrastructures ayant coûté les yeux de la tête et ne répondant pas aux normes requises.
Au-delà du fait que des travaux, largement à la portée des entreprises nationales, sont confiés à des entreprises étrangères qui ne recrutent même pas une main d’œuvre nationale pour assurer le transfert des compétences, il y a lieu de redoubler de vigilance pour s’assurer que les mauvaises pratiques ne sont pas passées par là . Il y va de l’intérêt du pays et de la lutte contre le gaspillage qui doit commencer par là. Comment pouvons nous expliquer que des bâtiments réalisés au début des années soixante comme le Trésor, la Wilaya, Le ministère de la Justice, le Sénat, le Lycée de Garçons etc. tiennent toujours alors que des bâtiments réalisés plus de trente ans après, tombent déjà en ruine. Regardez les différentes compagnies et commissariats de police construits sous l’égide de l’Amextipe regardez la Socogim plage délabrée avant d’être occupée il y a là un problème réel sur lequel les autorités devront plancher.

Bouna Cherif

Le Quotidien de Nouakchott

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