Moussa Koussa, un informateur-clé pour la coalition

moussa-koussa-le-18-mars-a-londresMembre du premier cercle de Mouammar Kadhafi, le chef de la diplomatie libyenne, Moussa Koussa, qui a fait défection pour fuir à Londres, est une prise de choix pour la coalition, susceptible de donner des informations capitales sur l’état du régime et de ses forces.

Il ne pourra pas pour autant échapper à son passé : William Hague, le ministre des affaires étrangères britannique, a d’ores et déjà assuré que le Royaume-Uni ne lui offrait pas l’immunité contre d’éventuelles poursuites.

Moustapha Gheriani, porte-parole des rebelles libyens, a déclaré que l’ancien proche du colonel Kadhafi avait « beaucoup de sang sur les mains » et qu’il devait être jugé. « Nous voulons qu’il soit jugé par les Libyens », a-t-il expliqué, affirmant notamment qu’il portait une responsabilité dans l’assassinat d’opposants en exil. Le porte-parole a cependant laissé à l’appréciation du Royaume-Uni la décision d’arrêter dès à présent Moussa Koussa.

Ce dernier, qui collabore pour l’instant de son plein gré avec les autorités britanniques, se trouve aujourd’hui « en lieu sûr » et n’est pas actuellement en état d’arrestation, a précisé Downing Street.

HOMME FORT DU RÉGIME

Chef des services de renseignement de 1994 à 2009, Moussa Koussa, 59 ans, était l’homme fort des comités révolutionnaires, épine dorsale du régime libyen. Il était ces dernières années au cœur de toutes les négociations et revirements qui avaient permis le retour de la Libye dans le concert des nations fréquentables. Il a notamment joué un rôle important dans la libération des infirmières bulgares en 2007 et le démantèlement en 2003 du programme nucléaire libyen.

Mais Moussa Koussa a aussi pris part aux heures les plus sombres du régime. En 1980, celui qui a commencé sa carrière dans les services spéciaux est nommé ambassadeur de la Libye à Londres. Il est expulsé la même année par les Britanniques, après avoir affirmé sa détermination à liquider les « ennemis de la révolution » sur le sol britannique.

En 1984, il rejoint le Mathaba, une fondation chargée de coordonner les mouvements de libération à travers le monde, particulièrement en Afrique et en Amérique latine. Vice-ministre des affaires étrangères de 1992 à 1994, il a été nommé ensuite à la tête des services de renseignement, poste qu’il occupe jusqu’en 2009.

UNE SOURCE D’INFORMATION ATTENDUE SUR LOCKERBIE

En homme de renseignement, le ministre démissionnaire cultivait le secret et s’exprimait avec parcimonie. Il pourrait aujourd’hui avoir des comptes à rendre. « Nous avons avisé le Foreign Office (le ministère des affaires étrangères britannique) que les autorités judiciaires écossaises souhaitent entendre M. Koussa à propos de l’attentat de Lockerbie », a indiqué jeudi la justice écossaise, précisant que « l’enquête sur l’attentat est toujours ouverte ».

La Libye est soupçonnée d’avoir joué un rôle dans l’explosion de l’avion de la compagnie américaine Pan Am au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie en 1988. Moussa Koussa avait joué un rôle-clé dans l’indemnisation des familles des victimes, levant les derniers obstacles à la normalisation des relations de Tripoli avec l’Occident. Le seul condamné pour l’attentat, Abdelbaset Al-Megrahi, a été libéré pour des raisons humanitaires en août 2009, sans que toute la lumière soit faite sur l’attentat, qui a coûté la vie à 270 personnes.

Dans le Guardian, Jim Swire, père d’une des victimes, explique que la défection de Moussa Koussa représente une chance inespérée de connaître enfin certains détails de l’affaire. « Au sein du régime lybien, [Koussa] est, après Kadhafi lui-même, celui qui est le mieux placé pour nous dire ce que le régime sait ou ce qu’il a fait, explique-t-il. Il serait une source d’information incomparable. »

Le Monde.fr

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