Nominations aux MAED : «Mes amis d’abord!»

sidi_ould_tah_rimEt de trois ! Le record d’instabilité au ministère des affaires économiques et du développement (MAED) est tombé avec le dernier changement opéré, par Sidi Ould Tah, à l’issue du dernier conseil des ministres. Preuve que le ministre se cherche encore pour asseoir son «équipe». Une simple question de bon sens. Comment un ministre qui n’arrive pas à appréhender l’organisation de son département, depuis trois ans, peut-il cerner la complexe question de la relance et de la synergie des pans de l’économie nationale ? Allez savoir.

Avec le départ à la retraite de Sidi Mohamed Ould Bakha, le département des affaires économiques et du développement continue de se vider des rares compétences dont il disposait. Après la «chasse à la sorcière» contre les anciens cadres du département, qui malgré tout, avaient une expérience réelle des dossiers, il y a franchement de quoi s’inquiéter aujourd’hui avec les dernières nominations effectuées dans la reconfiguration de l’organigramme du département. Sa troisième refonte depuis octobre 2008, sans qu’un changement positif minime soit-il ne soit enregistré. Il faut croire que le premier responsable de ce département agoniser ait décidé de lui asséner le coup de grâce. Une situation fortement plausible avec le népotisme érigé en règle d’affectations. Les dossiers stratégiques et les portefeuilles importants pour le pays pourraient sérieusement en souffrir, notamment pour ce qui est du FED, au moment où le tarissement des investissements internationaux se fera de plus en plus sentir notamment pour la reconstruction au Japon alors que l’Ue reste au chevet de plusieurs de ses membres frappés de plein fouet par le marasme économique (Espagne, Grèce, Portugal..). Pour ce qui est des pays arabes, le vent de contestation sociale risque d’impacter également les promesses faites, dans certains cas, à notre pays. Ce n’est donc pas demain la veille pour la relance économique pour notre pays qui par deux fois a fait face aux aléas de l’article 96 des accords de Cotonou. L’on comprend plus aisément «l’orientation» asiatique de l’action du ministre Sidi Ould Tah.

Des chantiers à la traîne
Pour jauger de l’efficacité -de l’inefficacité serait plus approprié- du département des affaires économiques et du développement, il n’y a qu’à voir les projets restés en l’état comme la mobilisation des ressources, après la rencontre des bailleurs de fonds de Bruxelles, les deux projets de construction de l’aéroport et de l’assainissement de Nouakchott, sans oublier le pôle de développement de Néma, pour comprendre que le département patauge dans les incertitudes et les mirages. Des incertitudes qui ont contribué au désaveu du ministre des affaires économiques, avec la mise en place d’un comité interministériel chargé du suivi des résultats de la table-ronde des bailleurs de fonds à Bruxelles de juin 2010. Dans ce dernier cas, le décompte des promesses tenues par les bailleurs de fonds (5 milliards Usd) prouve aussi combien le département a failli dans le montage des projets. Ce sont finalement des miettes auxquelles le pays à droit après neuf mois de la tenue de cette importante réunion des bailleurs de fonds pour tous les projets inscrits entre 2011 à 2013. Dans la réalité, le département du MAED, autrefois un atout technique, pour, au moins, proposer des projets défendables se résume aujourd’hui en entonnoir qui dégage une certaine opacité dont semble ne s’accommoder que son premier responsable ou son premier Ministre, pour des raisons peu orthodoxes, si l’on en croit les observateurs. Le premier Ministre se distinguant par être le premier mentor de Sidi Ould Tah. Ceci expliquerait sa «longévité » déconcertante aux commandes d’un département qu’il ne finit pas d’achever en jouant parfois aux subterfuges les plus cyniques comme l’annonce d’un paraphe d’un prêt assujetti à la non objection du conseil d’administration d’une institution arabe comme phase ultime du processus. De la poudre aux yeux….

Nominations, le pot-aux-roses
Entre un ami d’enfance, coactionnaire dans une société de manutention à Nouakchott, la satisfaction d’accointances de politiques régionales, des actes, sans précédent de parachutage de chefs de services à des postes de conseillers, de la récupération de la progéniture de la vieille garde politique penchant pour l’UPR, Sidi Ould Tah aura tout expérimenté comme népotisme dans le troisième chambardement de son département. La plupart sans expérience et ne sont même des fonctionnaires. C’est à demander qu’elle baraka, il traine pour exorciser les foudres du président Mohamed Ould Abdelaziz qui avait pourtant promis de sévir contre tous les prédateurs de la chose publique et à favoriser l’équité et la justice. L’homme des chinois, comme se plaisent à le répéter ses collaborateurs, Sidi Ould Tah, lui, n’en a cure. La délivrance sera probablement…tardive pour l’intérêt général. Est-il besoin de rappeler que tous les vendredis, depuis plusieurs semaines, la place des blocs, est prise d’assaut par de jeunes mauritaniens pour dénoncer le favoritisme et appeler à une égalité de chance pour tous les mauritaniens dans l’accès aux emplois publics. Une aversion que les pratiques du MAED risquent de conforter, malheureusement. En attendant, Sidi Ould Tah continue d’être un féru du cassette-tête… chinois.
Jedna DEIDA

Encadré
Les dernières nominations
Ministère des Affaires Economiques et du Développement
Cabinet du Ministre
Chargé de Mission : Mr El Houssein Ould Ahmed Mahmoud, précédemment Conseiller juridique, en remplacement à Monsieur Sidi Mohamed Ould Bakha, admis à faire valoir ses droits à la retraite
Conseiller juridique : Mr Mohamed Salem Ould Soueylim, juriste, précédemment Chef de service au même Ministère
Inspection Interne : Inspecteur Général : Mohamed Abdallahi Ould Mohamed Salem, Economiste, précédemment Directeur du Suivi des Projets au même Ministère
Inspecteur : Mamadou Yahya Kane précédemment Directeur des Stratégies politiques au même Ministère
Inspectrice : Fatma Mint Hbibi, Economiste, précédemment Chef de service au même Ministère
Inspecteur : Mohsen Ould Mohamed Salem, Economiste, précédemment Coordinateur de la Cellule de performance interne au même Ministère
Administration Centrale :Direction Générale des Politiques Economiques et Stratégies de Développement
Direction des Stratégies et des Politiques :Directeur : Mr Cheikh Abdallahi Ould Zeidane, Economiste, précédemment Attaché au Cabinet du Premier Ministre
Directeur Adjoint : Ely Ould Oudeika, Economiste , précédemment cadre au même Ministère
Direction chargée du Secrétariat du Cadre Stratégique de la Lutte contre la Pauvreté :
Directeur : Mr Sidi Mohamed Ould Zenvour, économiste, précédemment Responsable de la Composante OMD au même Ministère
Directeur Adjoint : Mohamed Ould Brahim, Economiste, précédemment Responsable de la cellule CSLP au même Ministère

Le quotidien de Nouakchott



Articles similaires

Bouton retour en haut de la page