Les remous sociaux vécus ici et là dans le monde arabe ne prennent pas la même ampleur dans notre pays. Néanmoins, de l’avis des citoyens ordinaires mais aussi des observateurs, le gouvernement du premier Ministre, Docteur Moulaye Ould Mohamed Laghdaf déçoit l’attente des populations. Mais les hommes et les femmes qui l’occupent ne sont pas logés à la même enseigne dans la conscience collective. Décryptage. Premier Ministre des deux gouvernements choisis par le président de la République, Docteur Moulaye Ould Mohamed Laghdaf dont le président est évidemment le premier mentor n’arrive pas à «convaincre» l’opinion publique de sa détermination à changer l’ordre des choses dans le pays. Son action timorée doublée d’un déficit de communication achève de lui donner l’image d’un véritable épouvantail. Même s’il continue de jouir d’une perception de «sympathie», cela ne semble plus suffisant pour le premier Ministre, très vite usé par la routine dans laquelle s’est installé la Primature ; un état d’esprit d’ailleurs très perceptible dans la nervosité du premier Ministre dans ses joutes oratoires avec l’Opposition lors de son dernier passage devant l’Assemblée nationale. Le déficit de communication a fait le reste. Les deux mini-remaniements opérés dans le gouvernement n’ont donc pas suffi à crédibiliser davantage l’action du gouvernement, nonobstant le programme et le rôle joué par certains ministres clefs dans la stratégie générale de son équipe ou en tout cas l’image que les populations gardent de certains d’entre eux. Néanmoins, aux défis purement locaux viennent aujourd’hui se grever des préoccupations d’ordre de politiques sous-régionales notamment sur la scène arabe. L’association de tous ces paramètres, face au mouvement social des blocks qui, sans doute, est aussi soutenu, dans une certaine discrétion, par une partie de l’Opposition (Tawassoul, UFP et RFD) et les Ongs de son obédience, exhorte à un remaniement ministériel qui pourrait redonner espoir aux populations déçues par l’action mitigée du gouvernement et dont certaines têtes n’inspirent plus véritablement confiance, non parce que ces membres ont trahi cet engagement, mais surtout parce qu’ils n’ont pas su, sur le terrain, le traduire en actes concrets. Il ne s’agira donc pas de changer pour changer.
Dans cette perspective, la propension du changement attendu aujourd’hui est d’abord celle de sa tête de pont. C’est-à-dire le premier Ministre, et probablement son staff qu’il a lui-même choisi. Il faut cependant espérer qu’un éventuel changement n’installe le pays dans une instabilité gouvernementale chronique, préjudiciable au suivi des dossiers stratégiques pour le pays et que le choix d’un nouveau premier Ministre –consensuel- tourne la page de la logique politique de partage régionaliste du pouvoir. Il est clair, cependant, que d’un autre côté l’on ne peut continuer à se complaire, au nom de cette stabilité, remise d’ailleurs en question par les deux mini-remaniements opérés depuis l’élection de juillet 2009, dans une logique de statu quo tout aussi pernicieux pour la réalisation du programme électoral sur lequel le président Mohamed Ould Abdelaziz a été élu par la majorité des mauritaniens. Une autre question pourrait concerner le degré d’ouverture plus équitable vers la majorité politique et pourquoi pas vers les partis politiques d’Opposition les plus représentatifs (RFD, APP, Tawassoul). Raisonnablement pourtant, une telle ouverture ne pourrait se faire qu’à l’issue de nouvelles élections législatives pour jauger d’une prétention de représentativité.
Mais à l’heure actuelle, le souci premier du président de la République et de la majorité qui le soutient devrait être de raffermir, rebâtir même, la confiance secouée par l’inefficacité du gouvernement par ces temps de contestations sociales grandissantes. Sans prétendre à l’exhaustivité, en raison même de l’accès récent de plusieurs ministres aux commandes de leurs départements, et auxquels l’opinion semble leur accorder un répit, une majorité de ministres de l’actuel gouvernement reste décriée. Si quelques rares ministres sortent leurs têtes de l’eau, comme les Ministre des affaires étrangères, de l’intérieur ou encore de l’urbanisme, l’opinion publique a comme une révulsion d’une grande majorité des membres du gouvernement comme c’est le cas pour les ministres des affaires économiques, de la culture ou celui du commerce…Une aversion indissociable de leurs bilans alors que pour d’autres de leurs collègues, l’opinion ne s’en rappelle que lors qu’ils font leurs apparitions lors des réunions hebdomadaires du gouvernement. Ce qui en dit sur leur «oisiveté»…politique.
Jedna DEIDA
Source: Le Quotidien de Nouakchott