Kadhafi trébuche, Mint Mouknass chute.

nahaKASSATAYA- 23 mars. Il est tentant pour les familiers de la politique mauritanienne de ces deux dernières années d’établir un parallèle entre les difficultés auxquelles le colonel Kadhafi est en butte et le limogeage de la ministre mauritanienne des affaires étrangères Mme Naha Mint Mouknass.

Cette dernière a souvent été présentée comme disposant d’appuis solides auprès du leader de la Jamaharia libyenne. L’on se souvient qu’au plus fort du coup d’Etat perpétré par le général Ould Abdel Aziz contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Mint Mouknass s’était démenée pour briser l’isolement diplomatique de la junte avec des résultats contrastés.  A la réunion du Conseil de Paix et de Sécurité en janvier 2009 à Addis Abeba, Naha Mint Mouknass avait réussi à se procurer une accréditation comme membre de la délégation libyenne même si l’accès à la salle lui fut refusé par les services de sécurité d’Ethiopie en conformité avec la décision d’exclure toutes les parties mauritaniennes.

Le poids de Kadhafi dans la balance.

Héritant du « cas mauritanien » en tant que président en exercice de l’Union Africaine, le colonel Kadhafi donnait à la médiation libyenne une tournure incongrue. En contre partie de la rupture des relations diplomatiques entre la Mauritanie et l’Israël, Kadhafi avait pris fait et cause pour le général Ould Abdel Aziz. La visite mémorable de l’inénarrable colonel à Nouakchott en mars 2009 doucha les ambitions des opposants au putsch. Naha Mint Mouknass surfait alors sur son petit nuage.

L’envol de l’UDP

L’UDP, formation politique dirigée par Mint Mouknass, enchainait les succès. La région du Gorgol confirmait son statut de fief du parti avec un sénateur à Mbout (Youssouf Sylla), la majorité au conseil municipal de la même commune (avec Sy Adama comme maire). Même la capitale régionale Kaédi n’échappa au parti que de justesse…, le candidat du pouvoir ne l’emportant qu’au bénéfice de l’âge sur celui de l’UDP. Celle-ci se rattrapait au dernier renouvellement partiel du sénat en octobre 2009, avec M. Sanghott, le numéro deux du parti, qui s’imposait comme Sénateur de Kaédi.  Entre temps, la formation du gouvernement d’après crise, permit au parti d’hériter de positions stratégiques avec Naha Mint Mouknass aux affaires étrangères et Sy Adama au secrétariat général du gouvernement.

Fin de l’Etat de grâce ?

Pris au piège d’une crise qui risque d’emporter son pouvoir, le colonel Kadhafi ne pourra voler au secours de sa protégée. Mohamed Ould Abdel Aziz semble avoir misé sur la fin de l’influence –si ce n’est du régime- de Kadhafi et sacrifie « la première femme ministre des affaires étrangères en Mauritanie ». La décision tombe mal pour mint Mouknass et l’UDP : au moment où un des sièges de sénateur (celui de Youssouf Sylla justement) est concerné par le renouvellement partiel du sénat, le poids politique et le carnet de chèque de Kadhafi manqueront cruellement à l’appel. Il restera toujours Sy Adama au secrétariat général de la Présidence de la République. Pour combien de temps encore ?

A.D. pour KASSATAYA

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