Dernière enquête sur la qualité des services: Chinguitel dans une mauvaise passe!

chinguitelUne enquête des services techniques de l’Autorité de régulation (Are), effectuée en le 3 et le 17 mars 2011, met en relief la persistance de l’irrespect par les opérateurs de téléphonie mobile, de leurs cahiers de charge.

L’enquête concernait 23 villes couvertes par Mauritel, 19 par Mattel et seulement 6 pour la Chinguitel parmi lesquelles les grands centres urbains de Nouakchott et Nouadhibou. Les conclusions sont sans appel pour Chinguitel.

L’opérateur de téléphonie cellulaire, Chinguitel, entré en fanfare dans le cercle réduit des entreprises de télécommunications en Mauritanie est-il entrain de s’essouffler au point de justifier les rumeurs concernant sa banqueroute imminente? La question est désormais posée avec la prééminence de ses défaillances tant dans la couverture que la qualité de ses services notamment dans les grands centres urbains comme Nouakchott et Nouadhibou, révélées par la dernière enquête des services techniques de l’Autorité de régulation. Une enquête d’évaluation de la qualité de service de la téléphonie mobile portant sur 6100 appels effectués «dans les conditions d’utilisation courante du téléphone mobile» précise l’Are. Les 6100 appels partagés en 2450 appels «dans 23 villes et localités couvertes par le réseau de Mauritel SA, 2100 dans 19 villes et localités couvertes par le réseau de Mattel SA et 1550 appels dans 6 villes et localités couvertes par celui de Chinguitel SA ». Même si tous les 3 opérateurs montrent des défaillances, il apparaît évident que tant pour le nombre des villes concernés (3 sur 6) que pour la concentration démographique (Nouakchott et Nouadhibou), l’opérateur Chinguitel dont les enquêteurs ont utilisé les terminaux (CDMA Samsung SCH-S139 et LG 3500) qu’il commercialise lui-même semble le moins respectueux de ses engagements consignés dans le cahier de charges. Ceci est d’autant plus grave que l’échantillonnage porte sur le plus grand nombres d’essais pour jauger les pertes, les coupures et la qualité auditive des appels, c’est-à-dire 1000 appels à Nouakchott et 300 à Nouadhibou. Le constat de perte d’appels concerne pour Mauritel (sur 23 villes et localités) Ain Varba, Barkéol, Boumdeid, Choum, Djaguily, Lexeiba, Male, M’Bagne, Oualata, Rachid, Twil et Wempoo) ; Mattel (sur les 19 villes et localités) Benechab, Djaguily, Ghabou, Gouraye, Male, Nouadhibou , Tekane) et Chinguitel (sur 6 villes et localités) ; Lexeiba, Nouadhibou et Nouakchott.
Si l’objectif affiché par l’Are est de « permettre à l’Autorité de Régulation de vérifier si les usagers des services de téléphonie mobile bénéficient effectivement d’un service de qualité conforme aux normes et standards définis en la matière», elle en est, une fois de plus, édifiée parce que toutes les précédentes enquête d’évaluation de la qualité des services prouvent que certains opérateurs se complaisent dans cette situation due notamment à des amendes peu coercitives dans le sens de l’amélioration de leurs services.
En janvier dernier, et à la suite d’une autre enquête sur la qualité des services des opérateurs, l’Are avait amendé les trois opérateurs à des sanctions pécuniaires suite à l’inobservation de son constat de leurs manquements aux obligations contractuelles. Malheureusement, le barème de telles sanctions ne semblent pas dissuasif puisque la Chinguitel, qui n’avait écopé à l’époque que de 7 millions de pénalité, a récidivé plus pernicieusement, deux mois seulement après sa dernière sanction. Pourtant, l’Are estime dans son dernier rapport que «les résultats de cette enquête montrent que les opérateurs restent défaillants par rapport à certains engagements en terme de qualité de service prescrits dans leurs cahiers des charges » estimant que «les niveaux des taux de perte d’appels et de coupure d’appels sont supérieurs aux seuils maxima autorisés» sans précision sur l’ampleur des pertes dans les grands centres urbains car le volume de perte entre Ain Varba et Nouakchott ne saurait être un parallèle. Néanmoins, l’Are met en demeure «les opérateurs de se conformer à leurs engagements en terme de qualité des services dans les villes et localités où ils sont défaillants et ce dans un délai d’un mois à compter du 1er mars 2011».

Jedna DEIDA

Chinguitel : L’argent public soudanais en fumée ?
Assignée à son installation au paiement (entre 2006 et 2007) d’une contribution annuelle de 50.000 USD (Article 11.2 du cahier des charges), la Chinguitel participe, normalement, depuis 2008 « au financement du coût net global de l’accès universel dans la limite de 3 % de son chiffre d’affaires net hors taxe et hors charges d’interconnexion de l’année précédente » (Article 11.3 cahier des charges) . Elle risque, néanmoins, aux termes de l’article 22.1 (Non-respect des conditions légales et réglementaires de la Licence et du cahier des charges), de tomber sous la coupe des sanctions prévues pour irrespect « des obligations relatives à l’installation et à l’exploitation de son réseau conformément à la réglementation en vigueur et au Cahier des Charges ».
Le népotisme constaté dans les politiques de recrutement et de marketing au niveau de la Chinguitel augure d’une gestion lugubre. Des rumeurs évoquent de graves difficultés au sein de cette entreprise dopée au départ par l’argent public soudanais par le biais de la Soudatel. Il n’y a certainement pas de fumée, sans feu. L’Etat mauritanien devrait surveiller de près l’évolution apparemment cacophonique de cette entreprise avant qu’elle ne dépose, dans la surprise totale, son bilan.

Le Quotidien de Nouakchott



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