Politique : El Hor renait-il de ses querelles?

Alors que son père fondateur, le président de l’Assemblée nationale et président de l’Alliance populaire progressiste martèle à qui veut l’entendre que la période de clandestinité est révolue, un communiqué reproduit par nos confrères de l’Ani, assure que El Hor renait de ses querelles.

 

 

Mais c’est à demander qui se cache derrière ce dernier communiqué?

Les clivages entre le leader charismatique des haratines, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale et président du parti Alliance populaire progressiste connaissent-ils un nouveau feuilleton avec la publication d’un groupe, non encore identifié, d’un communiqué rendu public par nos confrères de l’Ani? La question mérite d’être posée d’autant plus que l’initiateur du mouvement d’émancipation haratine s’était clairement démarqué de certains de ses lieutenants qui cherchaient à «récupérer » ce mouvement pour leur trajectoire politique. Le torchon entre les tenants de la paternité de ce mouvement risque de brûler de plus belle.
Décembre l’année dernière, lors des journées de réflexion organisée par l’APP, Messoud Ould Boukheir n’est pas allé par quatre chemins pour rappeler à ses anciens lieutenants, entrés en «dissidence » contre lui, que personne ne pouvait plus se prévaloir du discours du mouvement El Hor qu’il avait créé. Pour lui, le temps de la clandestinité était révolu. En ces termes, le président de l’APP s’était clairement prononcé : «C’est moi qui ai créée le mouvement EL HOR lorsqu’il était interdit de faire la politique et, c’est parce qu’à l’époque, mes amis et moi avions peur que nous avions recouru à la clandestinité politique, menant nos activités en secret, pour défendre notre cause qui était de libérer les esclaves et ce n’est plus aujourd’hui Messaoud et ses amis qui mènent ce combat mais plutôt tout le monde demande, y compris ceux qui disaient que c’est une affaire de laquelle nous nous servions comme fonds de commerce. Ce sont eux maintenant qui sont en première ligne pour exiger l’émancipation des esclaves et défendent les droits des Haratines». Il apparaît évident pour le président de l’Assemblée nationale, que la cause de l’émancipation des couches des anciens esclaves ne pouvait plus être l’apanage d’un groupe mais bien une question nationale. A l’époque, le président de l’Alliance populaire progressiste, au-delà de l’auditoire, adressait son message à certains de ses amis de parcours politique comme Ould Yali et Samory Ould Beye, qui n’étaient plus en odeur de sainteté avec le dirigeant charismatique du mouvement El Hor. Mais c’est certainement, Samory Ould Beye, devenu entre temps, parton de la Confédération Libre des Travailleurs Mauritaniens (CLTM) qui s’est illustré dans un conflit ouvert avec Messoud Ould Boulkheir. Ce dernier fut d’ailleurs l’objet d’attaques personnelles visant à le décrédibiliser aux yeux des masses qui se reconnaissaient en lui.
Mais, en apparences, les divergences n’étaient pas diluées entre les deux hommes. Samory Ould Bèye se hisse de plus en plus comme l’adversaire le plus acerbe contre le président de l’Alliance populaire progressiste dont il conteste aujourd’hui la place sur cet échiquier. Mais quoi qu’il en soit, les adversaires du président de l’Alliance populaire progressiste, seul ministre haratine à démissionner pour inscrire son combat dans la politique, dès l’ouverture démocratique, savent que ce combat contre Messoud Ould Boulkheir n’est pas gagné d’avance. L’homme est connu pour son franc-parler et son refus de compromission sur les efforts en matière d’émancipation des haratines.
Alors qu’à l’heure actuelle, l’on ne sait pas encore qui sont les signataires du communiqué rendu public par l’Ani, le regard se tourne indéniablement vers les adversaires du président de l’Assemblée nationale qui tenteraient de mettre ce dernier devant le fait accompli par une médiatisation de leur «renaissance». Le conflit larvé sort aujourd’hui au grand jour. Quelle riposte pourrait faire le président de l’APP, qui s’attendait probablement à cette tournure des événements de la part de ses adversaires ? Une chose est sûre, le fait d’avoir Messoud Ould Boulkheir contre eux entamerait forcément leur crédit auprès des masses visées.
Ce conflit entre les dirigeants de l’ancien mouvement El Hor risque de charrier des incompréhensions profondes sur le discours propagé.

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 06/03/2011

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