Plus qu’un avion, il faut un corridor humanitaire.
Face à la guerre qui fait rage en Libye, plusieurs pays ont commencé à rapatrier leurs ressortissants.La Mauritanie n’est pas en reste.A cette date, trois petites vagues de mauritaniens ont pu regagner la patrie à côté d’un nombre important de nos expatriés qui travaillent dans ce pays, disséminés dans plusieurs localités libyennes, dont des jeunes en situation irrégulière qui cherchent une porte de sortie de cet engrenage.La première qui compte 114 mauritaniens a atterri à Nouakchott, à bord d’un vol de Mauritania Airlines, vendredi passé.
Un autre contingent de120 personnes, est arrivé dans la capitale, sur les mêmes lignes aériennes le 28 février dernier. A chaque fois, les autorités se félicitent de la promptitude de leur intervention pour sécuriser leurs compatriotes, sans s’interroger sur les cas de nombreux autres ressortissants piégés dans les provinces libyennes et contraints de se cacher pour ne pas être la cible des mercenaires à la solde de Kadhafi. Le cas de ces mauritaniens estimés à des milliers est particulièrement préoccupants. Leurs familles s’inquiètent sur leurs sorts et lancent un appel pressant aux pouvoirs publics mauritaniens d’intervenir dans les meilleurs délais pour les tirer de ce pétrin. C’est un devoir patriotique, un acte d’humanisme qui nécessité un sens de responsabilité élevé pour venir en aide à des citoyens en détresse. Loin de tout tapage médiatique et de propagande politique. Plus la situation sécuritaire se détériore, s’aggrave la détresse et le désespoir de ces immigrés coincés dans les immeubles comme de petits fauves. A défaut de pouvoir organiser dans les meilleurs délais un rapatriement conséquent faute de moyens la hauteur des opérations, un corridor humanitaire est devenu urgent pour sauver des vies humaines exposées aux feux de la guerre. La situation est d’autant plus grave que des informations parvenant de ces ressortissants font état d’une confusion générale née d’une panique et de la désinformation qui prévalent. Des rumeurs alarmantes accusant des mauritaniens noirs assimilés à des ressortissants somaliens soupçonnés d’appartenir à des milices de Kadhafi sèment le doute. De telles mauvaises manipulations sont préjudiciables à ces mauritaniens paisibles qui ont le droit à la protection. On sait que jusqu’à une date récente la Jamahiriya constituait un transit pour ceux qui caressent le rêve de migrer vers l’Europe et offrait des chances, si minimes soient –elles, de travailler dans les sociétés étrangères qui opèrent dans le domaine du pétrole, gaz, BTP…, si bien qu’aujourd’hui les mauritaniens qui se trouvent en Libye se comptent par milliers. A l’évidence aucun mauritanien ne souhaite rester en Libye actuellement. Il faut aller chercher les mauritaniens, ruelle par ruelle « zenga-zenga», dira Kadhafi. Et ne pas attendre qu’ils se présentent à l’ambassade de Mauritanie. Car ces mauritaniens sont obligés de vivre terrés dans leurs foyers faute d’être récupérés.
Camara Samba
Source : Le Rénovateur le 05/03/2011