ECHOS DES HODHS: Wilayas pauvres et délaissées

Qu’elles fassent partie du «Triangle de la pauvreté» ou non, les régions des Hohds El Gharbi et Chargui sont, quand même, très pauvres. Les services de base y sont très rares. L’eau potable pose encore problème, à Néma-ville.

Les belles villas disséminées, ici et là, à Aioun, l’embonpoint de certaines gens et les centaines de troupeaux qui peuplent les brousses contrastent, considérablement, avec la pauvreté qui sévit dans les adwabas et les campements éparpillés entre la dizaine de moughataas que comptent ces deux vastes régions de l’est du pays. Une véritable déconnexion entre deux Mauritanie. Des images qui rappellent celles du film «Tergitt».

Des femmes pilant le mil dans des mortiers. Des enfants apeurés par le bruit des voitures. De vieux hommes et femmes qui ne savent absolument rien de ce qui se passe autour d’eux. Des reflexes grégaires sociologiquement peu adaptés. Des abris de fortune, face auxquels les baraquements de Legreigua ou de Kebett El Marbatt paraissent comme de respectables «villas». Bref, des wilayas extrêmement pauvres auxquelles, visiblement, on ne pense que pour les mettre à contribution, lors de massives fraudes électorales, avant de les laisser moisir dans des conditions d’indécence et de dénuement qui n’ont d’égal que l’absence totale de quelconque forme de vie honorable.

 

Délit d’inhumanisme
Le lundi 21 février dernier, à Very, un adebaye situé à dix-huit kilomètres d’Amourj, une moughataa du Hodh Chargui, un puits s’est effondré sur deux jeunes hommes d’une trentaine d’années, répondant aux noms de Salek Ould Cheikh et Mahfoudh Ould Messoud. Grâce à l’intervention des villageois, Salek est miraculeusement sauvé, tandis que l’autre reste sous les décombres. Saisie par téléphone, la gendarmerie d’Adel Bagrou se rend sur les lieux et interdit aux gens de Very de continuer les recherches. Maloum Ould Mahmoud, représentant de SOS Esclaves, prévient, alors, le wali, en mission à l’intérieur de la wilaya, par le biais de son intérimaire. Aussitôt, celui-là donne ordre aux gendarmes et au Hakem de retourner sur place et de poursuivre les recherches jusqu’à la découverte du second enseveli. Malheureusement, avec le temps perdu, Ould Messoud n’a eu aucune chance de survivre. Peut-être que nos gendarmes n’avaient pas entendu parler de l’histoire de ces mineurs chiliens restés vivants plusieurs mois sous terre. Leurs mauvais reflexes devraient les exposer à des poursuites, pour un délit de négligence et de non-assistance à personne en danger, qui a, peut-être, conduit à mort d’homme.

 

Deux poids, trois mesures
A Timbedra, une moughataa du Hodh Chargui, un chauffeur répondant au nom d’Inéjih est tenu responsable de la mort d’un homme tombé de sa voiture. Le procureur l’enferme systématiquement, malgré qu’il détienne tous les papiers dont une voiture et son chauffeur peuvent être munis et sa disposition de payer la Diya que les parents de la victime ont acceptée. Le lendemain, Taghi Ould Mohamed Lemine, un autre chauffeur, est responsable de la mort d’un homme, dans les mêmes conditions que celles d’Inéjih, avec la différence que ni lui ni sa voiture ne détiennent le moindre papier. Mieux, Taghi n’aurait même pas de permis. Arrêté, il est libéré au cours de son jugement, suite à une «communication» que le procureur aurait reçue au cours de l’instruction de l’affaire. Quelques jours après, un troisième chauffeur, El Aqeb, est impliqué dans un accident similaire aux deux premiers. Ses papiers en règle et sa disposition à payer la Diya ne lui épargnent pas l’emprisonnement systématique. Selon Maloum Ould Mahmoud qui nous a rapporté cette rocambolesque et curieuse histoire, Inéjih et El Aqeb sont deux Harratines, alors que Taghi ne le serait pas. Géniale explication !

Source  :  Le Calame le 02/03/2011

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