Monde arabe : La Révolution de la jeunesse à la Mauritanienne .

Vendredi 25 Février, à l’appel lancé par un groupe de jeunes, dit du  «25 Février »,  sur Facebook, une manifestation qui a rassemblé des centaines de manifestants issus de la jeunesse, a eu lieu, l’après-midi.

 

 

Les jeunes, dont les plus âgés ont la trentaine, brandissaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrits divers slogans. Décidément, la « révolution tunisienne des jasmins » continue de faire des émules.

A première vue, la manifestation était certainement une initiative de jeunes. La preuve est qu’ils ont, dès le départ, récusé tant les partis politiques que les syndicats. Ils ont surtout insisté en présentant leur initiative comme une « révolution de la jeunesse ». Pour l’hure, cela semble bien être le cas, mais ils ne sont pas, pour autant, à l’abri de la récupération par des politiciens qui, à défaut de pouvoir les mobiliser, ont donné de la voix.

« Aziz dégage ! »

Tout au long de la manifestation, les forces de l’ordre se sont faites discrètes. Tant la répression qui s’est abattue sur les populations de certains pays touchés par le phénomène « révolutionnaire » et les condamnations internationales ont échaudé beaucoup de dirigeants qui essaient, vaille que vaille, à suivre la voie de la modération. Et ce ne sont pas les slogans hostiles au pouvoir qui manquaient. On a entendu les manifestants réclamer des « réformes », mais aussi dire « Non à Aziz, Aziz dégage ! » Non à Ghazouani !»,». Et encore, le peuple « veut la chute du régime ». Des slogans éminemment politiques qui, ailleurs, auraient déclenché l’ire des forces de sécurité. Mais, ces dernières, instruites, sans doute, du fait que la répression n’est la bonne méthode pour gérer ce genre de situation, ont préféré faire profile bas. Et laisser l’évènement suivre son cours.

Les revendications, quelques peu confuses dans leur ordonnancement, n’en restent pas moins révélatrices d’un certain malaise social et la soif d’un vrai changement, en plus d’égalité et  de justice sociale. Comme l’indiquent les slogans « Non à la marginalisation ! » ; « Non au chômage ! » ; « Oui aux bourses pour tout le monde ! » ; « Non à la Mauritanie pour quelques uns, oui à la Mauritanie pour le grand nombre ! » ; « Oui à la répartition juste des richesses ! ». Ces cris, lancés tout le long de la marche, expriment bien l’état d’esprit des jeunes. Surtout, ils sont l’expression, en majorité, de milieux étudiants, d’où serait partie l’initiative.

« Sagesse et responsabilité »

La question maintenant est de savoir jusqu’où ira l’initiative. Les manifestants ont annoncé qu’ils mettront en place une « Coordination de la révolution de la jeunesse ». La laissera-t-on prospérer, ou finira-t-on par l’étouffer. Toutes les hypothèses restent possibles. D’autant que la presse a rapporté que la Coalition de la Majorité Présidentielle (CMP) avait tenu une réunion pour l’évoquer. Il parait que deux camps s’y étaient opposés. L’un voulait  casser le mouvement, la présentant comme une émanation de l’opposition. Tandis que l’autre ne voulait en entendre parler, en appelant au dialogue avec l’opposition. Et finalement, la CPM démentira  avoir eu la velléité de s’opposer au mouvement. Tout compte fait, le pouvoir et  l’opposition ont plus intérêt à nouer le dialogue que de recourir à la rue. Car la Mauritanie, qui traîne encore les séquelles de plusieurs décennies de mauvaises gouvernances imputables à tous ceux qui ont eu à la diriger, ne pourra pas survivre à un soulèvement qui, de toute évidence, risque de la précipiter dans le gouffre, au vu de la situation très difficile dans laquelle elle se débat. Pourvu que la sagesse et l’esprit de responsabilité habitent tous les acteurs de la scène nationale.

THIAM M. pour GPS

Source  :  GPS le 28/02/2011

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