Combien de personnes ont répondu à l’appel lancé via face book pour une manifestation vendredi, 25 février à Nouakchott ? Un millier pour certains, 2000 pour d’autres, même pas 400 pour les plus sévères… Une certitude, le rassemblement n’a pas attiré grand monde.
Des groupes de personnes, en majorité des jeunes, ont manifesté vendredi 25 février, âpres la prière à Nouakchott. Elles ont occupé un espace au centre ville, la place des anciens blocs.
« Justice pour tous, égalité pour tous » « nous voulons du travail pour la jeunesse, nous avons faim, nous voulons du pain. » « Le peuple souffre » « non au vol des biens publics » « Non à l’esclavage » « non a l’expropriation illégale des terres »…les slogans brandis par les manifestants étaient variés. On a entendu aussi quelques « Aziz dégage. »
Dans la foule, il y avait quelques responsables de second plan des partis politiques, des militants de IRA Mauritanie, des étudiants… A quelques dizaines de mettre des manifestants, un peu en retrait, quelques adultes, du haut de leurs voitures 4X4, observaient silencieusement la scène.
Les manifestants s’attendaient à plus de monde. « J’ai pris contact avec des amis sur Face book, ils avaient promis d’être ici mais je ne les vois pas » dit un jeune, visiblement déçu. Pour aller au-delà du courage virtuel, du courage des clics, il faut un peu plus d’efforts. Ensuite, beaucoup de « cliqueurs » face book sont en Europe, aux USA…
Apres la chute de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Egypte, le chef de file de l’opposition mauritanienne, Ahmed Ould Daddah, président du RFD, avait déclaré « je suis persuadé que le peuple mauritanien et la jeunesse mauritanienne, après les tunisiens et égyptiens, donneront leur part d’initiative et d’ambition pour le peuple mauritanien.» Le rêve d’une reproduction des révolutions tunisienne et égyptienne en Mauritanie a pris un sérieux coup le 25 février.
A la veille de la manifestation, le parti de la convergence démocratique, dirigé par l’ancien ministre de la justice Mahfoudh Ould Betta, (également président de la coordination de l’opposition démocratique) avait publié un communiqué appelant les forces de police « assurer la protection des manifestants, et celle des biens, publics et privés»
Le parti a aussi mis en garde contre toute « tentation d’utiliser la violence et la répression comme réponse à l’initiative des jeunes pour une marche pacifique en protestation contre la situation économique et sociale du pays.» Il n’y a eu aucune répression car le 25 février, aux abords immédiats de la manifestation, il n’y avait pas l’ombre d’un policier. Le pouvoir, contrairement à ses habitudes, a choisi de laisser manifester comme on veut. Pourquoi ? Peut être pour montrer que la faiblesse de la mobilisation ne nécessitait pas une présence policière. Pour autant, faut-il, comme certains soutiens du président de la République, jubiler ? La mobilisation du 25 février était faible, peut être même très faible. Mais, « Justice pour tous, égalité pour tous » « nous voulons du travail pour la jeunesse, nous avons faim, nous voulons du pain. » « Le peuple souffre » « non au vol des biens publics » « Non à l’esclavage » « non a l’expropriation illégale des terres »…ne sont pas de simples slogans. Il s’agit de réalités vécues par la Mauritanie. Pour que la petite manif sympathique du 25 février ne se transforme en une déferlante incontrôlable, ces réalités doivent être prise en charge préventivement. Cette petite manif est elle un signal fort.