La Mauritanie, l’Algérie, la Jordanie, la Tunisie et l’Egypte sont surexposés au risque d’une crise alimentaire alors que les prix des produits alimentaires flambent. Les explications de Juan Carlos Rodado, économiste chez Natixis, auteur d’une étude sur le risque de crise alimentaire dans un échantillon de 62 pays.
Allons-nous tout droit vers une nouvelle crise alimentaire comme celle que nous avons connu en en 2008?
A regarder s’envoler les prix des denrées alimentaires depuis 2009, sûrement. La situation est alarmante car les cours des principaux aliments de base, le riz, le blé et le maïs se rapprochent de ceux que nous avons connus lors de la dernière crise alimentaire de 2007/2008. Or les céréales constituent 46% de la consommation calorique au niveau mondial. On comprend leur rôle central dans la sécurité alimentaire. Les causes de cette super-inflation sont connues: d’abord, les dérèglements climatiques qui ont conduit à des mesures de limitation comme en Argentine voire de restriction à l’export comme en Russie et en Ukraine. Ensuite, les taux directeurs extrêmement bas qui ont provoqué des reports de liquidités vers les matières premières, et avec eux la spéculation sur les marchés financiers bien que son rôle ne soit pas clairement avéré. Enfin, le fort développement de la production et de la demande de biocarburants qui entraînent un effet d’éviction sur l’alimentaire.
Mais le niveau des prix ne suffit pas à déterminer le risque de crise alimentaire. Il est nécessaire aussi de calculer le taux d’autosuffisance pour les céréales. Nous l’avons fait sur un échantillon de soixante deux économies développées et en voie de développement. Sachant que ce taux exprime le rapport entre la production intérieure total dans le total des disponibilités alimentaires pour chaque pays.
Quelles sont les pays les plus exposés?
Près de deux tiers des pays étudiés ne disposent pas d’un approvisionnement suffisant en céréales. Les cas les plus extrêmes de notre échantillon se situent en Afrique et au Moyen-Orient: Jordanie, Israël, Algérie, Tunisie et Mauritanie sont menacés. Contrairement aux idées reçues, les nouveaux Etats membres de l’Union européenne assurent en moyenne largement leur approvisionnement en céréales. Ce qui n’est pas le cas de la Géorgie, l’Arménie ou l’Albanie. Et au sein des économies du G7, le Japon, l’Espagne et l’Italie ont des approvisionnements précaires. Mais attention, les risques de crise alimentaire augmentent encore plus si le poids de l’alimentation dans l’indice des prix est élevé.
Alors si l’on croise le taux d’autosuffisance en céréales avec le poids de l’alimentation dans l’indice des prix, les régions les plus exposées sont l’Afrique et le Moyen-Orient. Pour ces régions, le poids de l’alimentaire dans la composition des prix est de 37% alors que le taux moyen d’autosuffisance en céréales d 42%. Plus concrètement, les pays qui cumulent les deux risques sont la Mauritanie, l’Algérie, la Jordanie, la Tunisie et l’Egypte. L’Europe, l’Asie et l’Amérique latine semblent globalement à l’abri même si certains pays sont vulnérables
Allons-nous tout droit vers une nouvelle crise alimentaire comme celle que nous avons connu en en 2008?
A regarder s’envoler les prix des denrées alimentaires depuis 2009, sûrement. La situation est alarmante car les cours des principaux aliments de base, le riz, le blé et le maïs se rapprochent de ceux que nous avons connus lors de la dernière crise alimentaire de 2007/2008. Or les céréales constituent 46% de la consommation calorique au niveau mondial. On comprend leur rôle central dans la sécurité alimentaire. Les causes de cette super-inflation sont connues: d’abord, les dérèglements climatiques qui ont conduit à des mesures de limitation comme en Argentine voire de restriction à l’export comme en Russie et en Ukraine. Ensuite, les taux directeurs extrêmement bas qui ont provoqué des reports de liquidités vers les matières premières, et avec eux la spéculation sur les marchés financiers bien que son rôle ne soit pas clairement avéré. Enfin, le fort développement de la production et de la demande de biocarburants qui entraînent un effet d’éviction sur l’alimentaire.
Mais le niveau des prix ne suffit pas à déterminer le risque de crise alimentaire. Il est nécessaire aussi de calculer le taux d’autosuffisance pour les céréales. Nous l’avons fait sur un échantillon de soixante deux économies développées et en voie de développement. Sachant que ce taux exprime le rapport entre la production intérieure total dans le total des disponibilités alimentaires pour chaque pays.
Quelles sont les pays les plus exposés?
Près de deux tiers des pays étudiés ne disposent pas d’un approvisionnement suffisant en céréales. Les cas les plus extrêmes de notre échantillon se situent en Afrique et au Moyen-Orient: Jordanie, Israël, Algérie, Tunisie et Mauritanie sont menacés. Contrairement aux idées reçues, les nouveaux Etats membres de l’Union européenne assurent en moyenne largement leur approvisionnement en céréales. Ce qui n’est pas le cas de la Géorgie, l’Arménie ou l’Albanie. Et au sein des économies du G7, le Japon, l’Espagne et l’Italie ont des approvisionnements précaires. Mais attention, les risques de crise alimentaire augmentent encore plus si le poids de l’alimentation dans l’indice des prix est élevé.
Alors si l’on croise le taux d’autosuffisance en céréales avec le poids de l’alimentation dans l’indice des prix, les régions les plus exposées sont l’Afrique et le Moyen-Orient. Pour ces régions, le poids de l’alimentaire dans la composition des prix est de 37% alors que le taux moyen d’autosuffisance en céréales d 42%. Plus concrètement, les pays qui cumulent les deux risques sont la Mauritanie, l’Algérie, la Jordanie, la Tunisie et l’Egypte. L’Europe, l’Asie et l’Amérique latine semblent globalement à l’abri même si certains pays sont vulnérables.
Source : L’Expansion via El Mejlisse le 25/02/2011