Hatem : comment éviter le pire en Mauritanie

Le Parti Mauritanien de l’Union et du Changement « HATEM » conscient de l’ampleur des transformations que traverse la région arabe et du danger de sous estimer ses effets éventuellement néfastes sur notre pays.

 

Et étant donné le désir du parti HATEM de participer aux efforts visant à éviter à notre pays de rentrer dans le labyrinthe des conflits politiques, sociaux et des guerres intestines et son attachement à sa responsabilité et son devoir d’adresser des conseils tant au pouvoir sous la direction de Monsieur le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz qu’à tous les mauritaniens (partis politiques de la majorité et de l’opposition, syndicats, jeunes, société civile, élite intellectuelle et journalistique, citoyens de tous bords etc.).

Notre objectif au niveau du Parti HATEM n’est pas de s’opposer aux revendications légales et pacifiques qu’elles soient juvéniles ou sociopolitiques mais plutôt à orienter ces revendications et à les encadrer afin de donner les plus grands résultats possibles et avec le minimum de répercussions négatives sur la sécurité du pays, sur son unité et sa stabilité.

Pour ces raisons, parmi tant d’autres, le Parti HATEM propose à l’opinion publique nationale l’approche suivante tout en espérant qu’elle constituera une contribution sérieuse et utile et une plateforme pour un dialogue qui évite au pays le pire à la lumière des mouvements de protestation populaires qui ont vu le jour sur la scène arabe tout entière.

Premièrement : Diagnostic de la situation actuelle

1. Le contexte général :

La région arabe connaît un vent de protestations sociales qui a, dans la plupart des cas, donné des résultats positifs en entraînant la chute de certains régimes dictatoriaux corrompus. Ces protestations ont permis aux peuples arabes révolutionnaires, qui se sont soulevés contre l’injustice, la pauvreté et le totalitarisme, de jouir de leur droit à s’exprimer et à imposer leur désir de changement. L’expérience de mouvements populaires a prouvé la rapidité avec laquelle ils se propagent et l’impossibilité de les contrecarrer quel que soit le niveau de fortification du régime visé.

Et malgré tout cela et en prenant en compte de multiples considérations il nous serait possible en Mauritanie, à condition de bien gérer la crise et de l’affronter avec sagesse et clairvoyance, de profiter de ses avantages et d’éviter ses probables inconvénients.

2. Le contexte national :

Il semble que ce vent de protestation se dirige vers notre pays à travers différents points de passages et avec le concours d’un amalgame de facteurs et de mobiles. Indépendamment de l’histoire déclarée ou de la réalité vécue personne ne peut aujourd’hui affirmer notre degré de disponibilité à l’affronter avec les moyens appropriés. Il serait inconcevable de minimiser l’ampleur de ses répercussions et de s’appuyer sur des moyens déjà expérimentés sous d’autres cieux en vain.

L’étude objective de la réalité de notre pays fait que nous soyons plus inquiets face à ce vent de contestations et nous impose plus de fermeté, de sagesse et de précautions dans notre riposte face à cela.

Le niveau de concorde et d’unité entre les composantes de notre société d’aujourd’hui, caractérisée par le multiethnisme, le clanisme, le tribalisme et le régionalisme, etc. ne peut pas supporter de telles tensions. Il est connu de tout un chacun que le niveau de congestion a dépassé le seuil de l’opposition politique pour englober la plupart des centrales syndicales actives, certains milieux influents sur des franches de la société, des tribus et des corporations professionnelles. Ceci est venu en corolaire avec :

- une situation économique difficile,

- une hausse croissante des prix,

- un chômage sur une grande échelle,

- l’absence d’un horizon meilleur visible et prometteur,

- une confrontation politique accrue et la propagation intense des répercussions des élections du 18 juillet 2009 et de la période qui l’a précédée,

- la perplexité et l’échec de l’exercice du gouvernement sur tous les niveaux à cause du manque de moyens mis en œuvre et de la centralisation des décisions aux mains d’une seule personne.

Tout ce qui précède fait que le contexte mauritanien est très particulier à plus d’un titre par rapport aux autres pays arabes et fait que l’insécurité est plus dangereuse et ses répercussions peuvent –que Dieu nous préserve- mettre en cause l’existence même de l’entité mauritanienne toute entière. Cette situation impose à toutes les parties actuelles et probables de faire de l’unité de la Mauritanie et de la préservation des vies de ces citoyens et de leurs biens un tabou et un point de consensus entre celles-ci et une limite à ne jamais atteindre.

Deuxièmement : Les scénarios probables

Face à ce vent de contestations populaires il y a au moins trois scénarios possibles :

1. Que le cyclone change de direction et que notre pays en sort indemne et cette probabilité même si elle ait lieu cela ne signifie pas qu’on ne doit pas s’y accommoder et répondre aux aspirations à la réforme et au changement afin d’éviter le pire.

2. Que ce vent souffle sur notre pays comme cela a été le cas dans d’autres pays et qu’on affronte ce qui s’est passé ailleurs avec la capacité de maitriser son parcours et ses répercussions et d’éviter l’insécurité et par conséquent le pire.

3. Que le pire se produise –que Dieu nous préserve-, que l’anarchie règne et que le pays s’expose au danger et la rue se transforme en un lieu d’affrontement, de vol et de pillage.

Troisièmement : Les dispositions urgentes à prendre

L’évaluation des obligations du moment et la disponibilité à y faire face convenablement nécessite de prendre une série de mesures urgentes et respecter un certain nombre de critères nécessaires de la part de tous les mauritaniens qu’ils soient de la majorité ou d l’opposition.

1. Il faut que le pouvoir prenne en compte les dispositions suivantes :

a- Reconnaître l’ampleur du danger de façon réaliste afin de pouvoir l’affronter efficacement,

b- S’éloigner des solutions sécuritaires qui occasionnent plus de tensions et augmente le cercle des ripostes,

c- Prendre la responsabilité entière de la stabilité du pays et lui éviter tout dérapage même si cela nécessite un sacrifice et une concession sur certaines positions en vue de préserver l’intérêt suprême du pays.

d- Utiliser la raison, l’apaisement, éviter d’utiliser la force et passer au dialogue avec la tranquillité requise.

e- Supposer que les jeunes sont de bonne foi dans leur vœu de réforme, leur amour à leur patrie, leur droit au changement et la participation à la construction de l’avenir de leur pays.

2. L’opposition doit elle aussi : a- Mettre l’intérêt suprême du pays avant toute autre considération politique et/ou partisane particulière, b- Faire la différence entre l’opposition à un pouvoir et à ses politiques et la nécessité de préserver l’entité mauritanienne unie, stable et en sécurité. c- Faire recours au dialogue comme moyen civilisé de la gestion des conflits politiques entre les différentes parties nationales, d- Etre prête à faire les concessions nécessaires en cas de besoin pour préserver la sécurité du pays et sa stabilité, e- S’éloigner de faire recours aux chauvinismes tribal ou social, f- Eviter l’utilisation de la force qu’elle qu’en soit la situation.

3. En ce qui concerne les dispositions pratiques à prendre

Il faut que les autorités publiques prennent rapidement les dispositions suivantes :

a- Déclarer une augmentation substantielle des salaires et des pensions pour tous les fonctionnaires et employés y compris ceux du secteur privé,

b- Déclarer une série de dispositions visant à employer 10.000 jeunes avant la fin de l’année 2011 et donner des aides aux chômeurs,

c- Supprimer toutes les taxes douanières sur les produits alimentaires et les augmenter en contrepartie sur les produits de luxe,

d- Prendre des dispositions pratiques qui permettent aux différentes parties concernées de répondre à l’appel au dialogue avec un plafond qui amène le pays à une entente générale, un consensus social et politique, un gouvernement d’union nationale sur la base du respect de la légalité constitutionnelle, la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale,

e- Ouvrir immédiatement les mass médias devant tous,

f- Réviser la stratégie multisectorielle de lutte contre le terrorisme afin d’arriver à un consensus national et d’éviter à la Mauritanie les dangers encourus par d’autres pays,

g- Soumettre la loi des élections à un consensus national y compris les dispositions des prochaines élections,

h- Entreprendre des mesures concrètes au profit des couches les plus défavorisées afin de les aider à supporter l’impact de la hausse des prix et la faiblesse du pouvoir d’achat,

i- Traiter efficacement et sérieusement les séquelles de l’esclavage et faire une ségrégation positive au profit de ses victimes,

j- Prendre des dispositions capables de remédier aux causes du désarroi social et la sensation de l’exclusion,

k- Elargir le domaine d’intervention du Commissariat à la Sécurité Alimentaire et de la SONIMEX afin de garantir de faire parvenir les produits alimentaires aux nécessiteux sur toute l’étendue du territoire national et à des prix abordables et de façon permanente,

l- Renforcer les dispositions prises dans le domaine de la bonne gouvernance et de la lutte contre la gabegie en vue de garantir la transparence, la globalisation et de s’éloigner de toute ségrégation et de tout règlement de compte,

m- Faire une approche de développement national et régional globale qui prenne en compte la justice dans la répartition des richesses,

n- Exécuter une révision rapide des politiques éducatives capables de faire de l’enseignement un outil efficace et un moyen de concorde sociale et d’interaction culturelle.

Le Parti HATEM, au moment où il avance ces propositions aux personnes concernées et aux acteurs de l’opinion publique nationale, part de son entière conviction que toutes les parties politiques et sociales sont conscientes du danger imminent et sont dotés du nationalisme et du dévouement nécessaire et ont la capacité à affronter les défis du moment dans toutes leurs manifestations. Que Dieu préserve notre pays de tous les malheurs et qu’il amène notre peuple, rapidement, à une vie honorable basée sur la liberté, la démocratie et la justice sociale.

HATEM,

Le Comité Permanent

Le 23 février 2011

 

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