Mouvements sociaux dans le monde arabe: Les caciques de la Tayie surfent aussi sur la vague!

Le maire d’Aoujeft, Mohamed El Mokhtar Ould Hmein Amar, qui semble avoir ponctuellement « prêté allégeance», le 4 juillet 2009, avec son groupe politique, au président Mohamed Ould Abdelaziz, a décidé, selon l’Ani, de rompre les amarres. Mieux encore, le maire d’Aoujeft prêche pour «un soulèvement populaire», vendredi 25 février 2011.

L’affaire de Mohamed El Mokhtar Ould Hmein Amar aurait pu être somme toute banale. Le maire de la Commune d’Aoujeft connu pour symboliser sur une certaine aile de la période de l’ancien président destitué en 2005, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, s’était arrimé au lendemain du renversement de ce dernier, aux côtés de son tombeur.

Mais il annonce aujourd’hui, non sans un certain fracas, dans un communiqué, relayé par l’Ani, qu’il quitte la formation de l’Union Pour la République (UPR), parti soutenant l’action du président Mohamed Ould Abdelaziz.

Pourtant, l’intéressé ne donne aucune raison à sa désaffection pour ce parti sinon qu’il s’insurge contre ce qu’il considère «une chasse aux sorcières » (à qui veut-il faire allusion?). Imprécision totale. Il est tout de même indécent que tous les efforts déployés jusqu’ici, avec probablement certains travers, pour améliorer la visibilité de la gestion des affaires publiques, soient réduits, pour des raisons personnelles par le maire d’Aoujeft, en «poudre dans les yeux», après 20 ans de cécité totale. Il y a de quoi en rire quand même.

Surenchère politique!

Il est bien difficile pour le maire d’Aoujeft, après avoir de longues années durant servi le régime de Taya, de se découvrir une nouvelle vocation de l’intérêt général et surtout de faire avaler aux mauritaniens que la seule raison de son «opposition » actuelle au régime en place est la quête d’une plus grande justice sociale. On sait que pour le moins, le départ annoncé en trombes, par communiqués de main à main, ne reflète pas tout à fait la configuration qui pourrait le soutenir.

Le maire d’Aoujeft ne serait-il en fait que l’arbre qui cache les commanditaires? Rien n’est moins sûr. Mais delà à vouloir surfer sur la vague de contestation vécue dans le monde arabe pour justifier une lutte politique, il y a bien des frontières que les analystes n’accepteraient pas de suivre allègrement avec cet ancien «modèle» de la Tayie régnante.

Quoiqu’il en soit et étant même sûr que le sieur Ould Hmein Amar prêche dans un désert, il nous semble, pour le moins, inapproprié qu’un tel appel vienne de lui. Alors par quoi pourrait-on expliquer ce soudain regain pour l’intérêt général que le maire d’Aoujeft met au-devant pour expliquer sa prise de distance vis-à-vis du régime actuel étant donné que la tentative de noyer le poisson en évoquant «les 33 ans » du régime d’exception, ne peut occulter son rôle 20 ans durant au profit de l’ancien locataire du Palais ocre.

Selon certains analystes, Ould Hmein Amar, perdant son assise politique, en dépit d’ambitions dévorantes, espérait être coopté dans le cadre du renouvellement de la série « B » du Sénat escomptait porter en étendard les couleurs de l’UPR pour la région de l’Adrar, le 9 avril prochain. Ce serait donc le refus du parti de cautionner sa candidature qui aurait justifié l’ire du maire d’Aoujeft.

Soutenu par certains hommes (des scaphandriers de l’ancien régime), Ould Hmein Amar pousse ainsi la barre haut et attaque personnellement le président de la République. Mais l’objectif non déclaré pour les « débris» de la période de la Tayie reste de jauger la recevabilité à l’appel insurrectionnel lancé à cette occasion.

Le maire démissionnaire de l’UPR a, dans son communiqué rendu public, mis en doute la sincérité de la volonté d’assainissement de la gestion des deniers publics. Pour lui, c’est juste une épée de Damoclès suspendue sur la tête de certains pour leur faire peur. Un vieux dicton hassani rappelle pourtant «qui ne se reproche rien, ne craint rien ! » (Li makal chi makhav chi). A bon entendeur, salut !

Jedna DEIDA

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 21/02/2011

 

 

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