La récente commémoration du cinquantenaire de l’indépendance nationale, et qui s’est voulue une rétrospective, a démontré combien, en cinquante ans, les efforts de développement ont été dérisoires.
Avec les chantiers de la nouvelle Mauritanie, l’on est en droit d’espérer que les erreurs du passé seront rectifiées, les tares réparées et les insuffisances comblées.
La déferlante des projets structurants lancés par les pouvoirs publics et le recentrage sur de grands travaux d’infrastructures incitent à croire que le développement du pays est repensé dans le cadre d’une nouvelle dynamique d’efficacité pour asseoir durablement les actions engagées.
Si la philosophie de lutte contre la gabegie et la moralisation de la vie publique ouvrent la voie à davantage de transparence, certaines pratiques risquent cependant d’hypothéquer les efforts de bonne gestion, notamment en termes de conduite des projets décisifs. Le lobbying, l’entregent, le copinage et le manque de vigilance anesthésient bien de projets importants.
Dans certains cas, le choix des entreprises qui se prévalent d’un certain nombre de critères et ne sont pas préalablement soumises aux vérifications nécessaires, se révèle finalement préjudiciable pour l’évolution des chantiers. Les exemples ne manquent pas et le projet de la route Kaédi – M’Bout – Sélibaby- Gouraye dont les travaux lancés en 2006 pour un délai de 30 mois ne sont pas encore achevés, n’en est qu’une illustration. Au rythme des travaux de ce projet, ce chantier ne sera pas achevé cette année.
Ce retard considérable dans l’exécution d’un axe routier aussi important ne devra-t-il pas amener les structures en charges des attributions des marchés publics à être plus regardants sur les gages de respect des délais par les entreprises et sur leurs capacités réelles à observer les engagements contractuels ?
Nous assistons actuellement à la réalisation de nombreuses infrastructures routières urbaines et interurbaines. D’autres sont à l’étude ou en voie de réalisation. C’est le cas notamment de la route Atar-Tidjikja dont l’attribution s’est faite dans des conditions pour le moins opaques. Il est à craindre que le marché de la route Nouakchott-Rosso, particulièrement importante en raison de son caractère national, régional et international, n’échoit à une entreprise ou à un groupement d’entreprise qui ne justifient pas des garanties requises pour conduire à terme et dans les délais requis ce chantier.
Ce marché attirerait déjà certaines entreprises de la sous-région qui serait résolument entrées en course alors qu’elles sont en difficultés chez elles, voire mises en demeure pour des projets dont le volume est inférieur à 5% de celui pour lequel elles postulent ici.
Les mauritaniens fondent d’énormes espoirs sur le programme de réalisation des infrastructures et souhaitent légitimement voir ces travaux confiés à ceux qui peuvent les conduire dans les délais impartis.
Mohamed O. Mohamed Mahmoud
Source : GPS le 15/02/2011