Les dosages tribalo ethniques refont surface :Chassez le naturel, il revient toujours au galop !

A la surprise générale comme précédemment, le président de la république, Mohamed Ould Abdel Aziz, a procédé samedi à un léger remaniement du gouvernement.

 

 

Cinq portefeuilles ont été touchés et parmi lesquels trois ont quitté le gouvernement, notamment celui de la santé, de l’industrie et des mines et du pétrole et de l’énergie.

Ainsi, Thiam Diombar qui avait été nommé quelques jours plus tôt au poste de trésorier général de la République se retrouve avec le portefeuille des finances. A-t-il eu le temps de prendre connaissance des grands dossiers au trésor public Etat ? D’un poste à l’autre où il vient d’être propulsé, il est permis d’en douter au regard, apparemment du caractère des urgences qui assaillent le raïs. Tout de même, l’entrée de ce ressortissant de la commune de Aéré Mbaare (Bababé au Brakna) compense la sortie de Wane Ibrahima Lamine, un négro-africain ressortissant de Djéol (Gorgol) qui quitte le gouvernement. La nouvelle va certainement réjouir les populations du département qui se plaignaient de ne compter aucun ministre dans le gouvernement. Mais la tâche politique de Thiam Diombar n’en reste pas moins rude et ingrate au regard de la situation politique, économique et social de son département. Bababé à l’image des autres départements du pays, vit une situation politique tumultueuse. Des tendances politiques s’y étripent régulièrement à l’occasion de rendez-vous électoraux et des fois même moins que cela. La dernière implantation UPR dans le département a été tumultueuse surtout dans la commune de Aéré MBaar où la tendance Diombar et celle du maire de la commune, M. Dieng Mamadou Abdoulaye ne se comprenaient pas. En habile manœuvrier, Thiam Diombar et le bouillant maire de la commune ont fini par aplanir leurs divergences. Pondéré et consensuel, le nouveau patron du ministère des finances a un défi de taille à relever, celui de réussir à fédérer les différentes tendances politiques du département de Bababé au sein de l’UPR. Chose qui n’est pas facile mais dont il a les ressources qu’il faut en synergie avec les autres acteurs politiques du département.
Mais il n’y a pas que les problèmes politiques. Dans ce département où l’Etat mauritanien tente de faire main basse sur une superficie de 44.000 hectares de terres cultivables à mettre en valeur sans consultation avec les population, ni avec les propriétaires, des tensions sont en l’air contre le pouvoir central accusé de vouloir exproprier les propriétaires sans autre forme de procès. Ce que les populations refusent et entendent défendre vaille que vaille. La montée des prix des denrées de première nécessité a rendu la vie impossible à des populations démunies qui ne vivent que de la terre et de l’élevage. Sans doute que ces populations attendent beaucoup désormais du nouveau ministre des finances afin que l’Etat donne un peu plus d’attention à leurs problèmes.

S’agissant de Amedi Camara, qui n’en demandait pas sans doute autant, il se retrouve propulsé au ministère délégué auprès du Premier Ministre chargé de l’Environnement. Le département des finances est trop compliqué pour ce ressortissant de Dafor (Guidimakha). Il n’en reste pas moins que ce jeune Amédi a encore la cote auprès du chef de l’Etat qu’il avait soutenu aux élections présidentielles du 18 juillet 2009. Dans le Guidimakha et ses ressortissants à Nouakchott, il a mobilisé la jeunesse pour battre campagne en faveur de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il fut un compagnon politique de Sidney Sokhna avant de prendre ses distances à la suite du putsch du 6 août 2008 contre Sidi Ould Cheikh Abdellahi, pour applaudir les nouveaux maître du Palais. Lui aussi a des soucis à se faire à l’occasion des élections sénatoriales de série B du Sénat qui auront lieu le 24 avril prochain. Sélibababy est également dans la fournaise. Pour rappel, le vaste département de Sélibaby lors des élections sénatoriales de janvier 2007 alignaient deux listes en compétition au deuxième tour, à savoir : le Taureau et Mouvement pour la Concorde et le Développement pour le second tour des élections. Au finish c’est cette dernière liste indépendante qui avait remporté le siège de sénateur avec 125 voix contre 68 voix pour sa concurrente. Cette bataille a laissé des séquelles au sein des acteurs politiques du départment comme ce fut le cas en 2009 à Ould Yengé pour le poste de sénateur que disputaient l’UPR en la personne de Mohamed Ould Minni dit Ould Choukrou et celui de l’Union des Forces de Progrès (UFP) Kane Saidou Mamadou. Amédi Camara a du pain sur la planche comme à Sélibaby comme son collègue des finances à Bababé où il aura fort à faire.

L’ancien titulaire de l’environnement, M. Bâ Housseinou Hamady remplace le très controversé Cheikh El Mokhtar Ould Horma. M. Bâ est le neveu de Kane Cheikh Mohamed Fadel l’ancien ministre dont la sœur est sa mère originaire de Dolol. M. Bâ a un pied au Guidimakha où il est apparenté, semble t-il, à l’actuel secrétaire général du gouvernement, M. Bâ Ousmane, et un pied dans le Gorgol notamment à Dolol dans le département de Maghama d’où sa mère est originaire. On ne lui connaît pas des bruits de casseroles dans sa carrière. L’homme est courtois, jovial. Dans son département de Maghama, la politique y est très étriquée. Il semble que les acteurs politiques UPR du département ait poussé un ouf de soulagement après que le tirage au sort les ait épargnés de passer cette année 2011. Une situation qui arrangerait tout le monde pour différentes raisons que nous analyseront une prochaine fois.

Autre sortant, lui aussi contesté, Abdallahi Ould Oudaa qui voit son département partagé entre le Pétrole qui hérite des mines et le Commerce qui hérite de l’industrie. A chacun son tour chez le coiffeur dira les adversaires politiques de Ould Oudaa dans la wilaya du Brakna. Si au Sud de la wilaya beaucoup d’hommes politiques de renom n’ont jamais apprécié qu’il n’ait pas eu à considérer que sa fonction faisait de lui le représentant de toute la wilaya, au Nord également les récriminations ne manquaient pas. Avec l’implantation de l’UPR dans le département d’Aleg, les résultats ont laissé un goût amer à des élus qui n’ont pas manqué de dénoncer des irrégularités dans la conduite des opérations de vote notamment des maires des Communes de Male et de Djelwar, respectivement M. Ahmed Ould Beibou et Cheibany Ould Beyatt, le député Ould Ahmed El Hadi. Ils n’ont surtout pas manqué de mettre en cause de hauts responsables de l’Etat dans ces tripatouillages. Et pour recoller les morceaux, Mohamed Ould Diahloul a besoin certainement de Thiam Diombar pour pacifier le département.

Quant à Cheikh Ould Horma, sa sortie favorise l’entrée au gouvernement d’un autre ressortissant de Tidjikja en l’occurrence Taleb Ould Abdi Vall qui laisse le moelleux fauteuil de ADG de la SNIM pour diriger le département du pétrole, de l’énergie et des mines. Un super ministère ! Bamba Ould Dermane voit son ministère renforcé par l’absorption de l’Industrie qui vient s’ajouter au commerce à l’artisanat et au tourisme. A ce défi il faut lui ajouter lui aussi le politique avec les élections sénatoriales qui concernent Keur-Macène et Méderdra. L’UPR au Trarza a ses tendances qui s’étripent dans le département. Le ministère du Pétrole qui hérite en même des mines revientà Taleb Ould Abdi Vall, ancien directeur de la Société nationale industrielle et minière (SNIM) qui continue ainsi son irrésistible ascension.

La première remarque à faire est que, Ould Abdel Aziz après avoir longtemps laissé entendre qu’il n’était pas préoccupé par les dosages semble être revenu à de meilleurs sentiments à cet égard. Ainsi on a quasiment des profils sociaux pour les mêmes. Ces rafistolages successifs laissent un léger goût d’improvisation et de l’action par à coup. En effet, comment peut on expliquer que depuis plus d’une année on semble chercher un véritable ministre des Finances sans jamais le trouver. Que ce département clé ait connu quatre titulaires en moins d’une année ne cesse d’étonner car rien ne presse et on aurait pu prendre le temps d’étudier les profils professionnels afin de faire le choix le meilleurs et laisser le temps au titulaire de mener une véritable politique sectorielle. Il semble aussi que l’on est en train de tomber dans l’un des travers de l’ère Taya à savoir de croire que les ministres sont interchangeables et que chacun peut avoir n’importe quel portefeuille.

Analyse, MSS et MD

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 14/02/2011

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