Je lis de temps en temps dans les journaux des déclarations de personnalités nationales et d’organisations de la société civile qui demandent au Chef de l’Etat de gracier Biram Ould Dah Ould Abeid
et ses compagnons détenus à la prison civile de Nouakchott.
Ces déclarations sont doublées de rumeurs devenues de plus en plus larges pour des démarches dans ce sens. Je voudrais apporter des précisions fondamentales en ce sens.
Je suis tout à fait fier de la solidarité de certaines éminentes personnalités et d’organisations civiles et politiques nationales. Mais, notre cas -mes amis et moi- n’est pas le cas de citoyens qui ont commis des crimes ou délits. Nous n’avons pas non plus été poursuivis pour des actes infâmants.
Nous sommes des détenus d’opinion et nous sommes victimes de la manifestation de l’injustice, du racisme et de l’esclavage qui s’expriment dans les pratiques des appareils sécuritaire et judiciaire, tous les deux instrumentalisés par le pouvoir politique, un pouvoir politique entre les mains des segments ethniques et de classe réfractaire à l’idée de liberté, de justice et des droits de l’Homme.
Je m’érige avec force contre la demande de grâce qui ne doit pas être l’objectif dans pareil cas des justes et des démocrates. Ces derniers doivent exiger la relaxe pure et simple des hommes qui sont emprisonnés pour avoir dénoncé sans peur l’esclavage et pour avoir exigé l’application de la loi contre les esclavagistes.
Ma position est donc celle qui doit être la position de ces personnalités et organisations et le refus de la grâce parce qu’on n’a rien commis pour être graciés. C’est cela qui est conforme aux principes que nous demandons. Mes amis et moi préférons rester une éternité en prison au lieu d’être graciés pour des crimes que nous n’avons pas commis.
Je considère que le véritable instigateur de la mascarade qui nous a conduits en prison est le général Ould Abdel Aziz lui-même à qui certains s’adressent pour demander notre grâce.
Je dis à tous les militants et à tous les justes en Mauritanie que notre moral en prison est très bon et nous voudrions qu’il soit de même pour les camarades qui sont dehors. Et la lutte continue !!!
Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’IRA-Mauritanie
Nouakchott, le 10/02/2011
Source : AVOMM le 11/02/2011