La tentative d’assassinat avortée par AQMI suscite le débat en Mauritanie

Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a publié, lundi 7 février, un communiqué affirmant que l’objectif de cet attentat avorté à Nouakchott était d’assassiner le Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

 

L’armée mauritanienne a réussi à défendre la capitale, mais des questions ont été posées par certains quant à la capacité des kamikazes à entrer dans le pays.

« Al-Qaida opère dans une vaste région qui s’étend du nord du Mali au Tchad », fait savoir Mohamed Mahmoud Ould Abou El Maali, spécialiste des mouvements islamistes. « Ils ont également commencé à s’implanter au Niger ; cela rend difficile toute tentative de les encercler géographiquement par l’armée mauritanienne ou par une autre armée. »

Ce communiqué d’AQMI affirme que les terroristes ont réussi à « contourner les fortifications militaires et les barrières sur la route de Nouakchott pour assassiner le Président », qualifié dans ce communiqué d' »agent de la France ».

« [Abdel Aziz] est le premier Président de la région à déclarer la guerre à al-Qaida et à pourchasser ses membres dans leurs repaires à la bordure du désert malien ; les autres régimes de la région ont évité de le faire », déclare Ould Abou El Maali à Magharebia.

Cet analyste dit que l’opération d’al-Qaida « est un message clair adressé aux Présidents de la région, dans lequel l’organisation les met en garde contre toute opération militaire ou économique lancée contre elle ».

« Le problème est qu’al-Qaida a également commencé à explorer les frontières sénégalaises et maliennes avec la Mauritanie, de manière à permettre à ses éléments de s’infiltrer facilement à l’intérieur de la Mauritanie, bénéficiant d’un terrain difficile et irrégulier, caractérisé par des forêts denses », ajoute Ould Abou El Maali.

L’armée mauritanienne a fait des progrès dans la sécurisation des frontières, après avoir mis en place des points de sécurité sur les frontières nord et est, explique le journaliste Isselmou Ould Moustaffa. « Nous remarquons donc que les éléments d’al-Qaida ont cette fois utilisé des points de passage non contrôlés, comme les frontières avec le Mali et le Sénégal. »

Ould Moustaffa ajoute que le message d’AQMI est « une manoeuvre politique, et rien de plus ». Il explique à Magharebia que « tous les renseignements confirment que la récente opération d’al-Qaida contre la Mauritanie ne visait pas le Président, mais l’ambassade de France et une caserne de l’armée, comme le montrent le rapport officiel et les confessions des éléments d’al-Qaida qui ont été arrêtés ».

« L’annonce par al-Qaida de la tentative d’assassinat du Président a pour but de terroriser le chef du régime en place en Mauritanie et de lui donner le sentiment qu’il est visé », poursuit-t-il. « Cela est évident pour une raison simple : par ses opérations, al-Qaida vise l’Etat mauritanien et donc le Président, qu’elle l’ait annoncé ou non. »

Les responsables politiques sont également critiques envers cette revendication avancée par AQMI. Le porte-parole de l’Union pour la République Moktar Ould Abdellahi affirme que ce message était « destiné à affirmer qu’ils sont encore présents ».

« Les organisations terroristes dans le nord du Mali et au Sahara ont perdu la boussole qui les guidait depuis plusieurs mois, après les coups sévères que leur a portés l’armée mauritannienne. Cette dernière opération a montré que les combattants d’al-Qaida ont besoin de mener une opération majeure pour affirmer qu’ils existent encore. Mais ils ne sont plus présents », déclare-t-il.

Le Président « a adopté une politique sécuritaire très ferme à l’encontre d’al-Qaida », ajoute Habib Ly. « De plus, il a organisé un grand nombre de rassemblements religieux destinés à convaincre les jeunes de renoncer à l’extrémisme et au fanatisme ; cela a été perçu par al-Qaida comme une tentative sérieuse, et même audacieuse, de l’éliminer. »

Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud

Source  :  Magharebia le 09/02/2011

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