Traque des éléments d’AQMI: Les détails de l’opération

Depuis quelques jours, le pays vivait un cauchemar, une psychose s’est installée, dans les esprits des populations, sur toute l’étendue du territoire national et, particulièrement, au Trarza et au Brakna.

 

Sachant qu’à tout moment, des éléments dangereux d’AQMI pouvaient se faire exploser, emportant, avec eux, d’innocents citoyens. Tout a commencé quand une rumeur, faisant état de trois voitures suspectes, en mouvement aux environs de Néma, s’est répandue. Information erronée car c’est aux environs de Sélibaby et non Néma que ces véhicules avaient été aperçus. Ils avaient, même, «brûlé» un contrôle de gendarmerie, dans le Guidimakha. Plus tard, on les signale entre le Gorgol et le  Brakna puis au Trarza. L’un d’eux est neutralisé à Nouakchott et le second est vite retrouvée, vide, par la gendarmerie, aux environs de R’kiz. C’est alors qu’un officier de gendarmerie dont nous tairons le nom, par mesure de sécurité, a eu la géniale idée de mener campagne, parmi les  populations de la zone, en leur expliquant le danger qu’elles couraient, avec ces présumés terroristes en liberté dans les parages, avant de leur demander de signaler la présence de tout inconnu.

Par ce procédé, les gendarmes ont pu neutraliser un membre d’AQMI, de nationalité bissau-guinéenne. Ce dernier va donner des détails: les occupants de son véhicule étaient au nombre de trois; les gendarmes, renforcés, 24 heures plus tard, par des militaires et un convoi important d’éléments du BASEP – dont une des voitures s’est renversée, avant d’arriver sur les lieux, faisant trois blessés, souffrant, tous, de fractures et évacués sur l’hôpital de Rosso – se mettent en chasse des deux hommes encore en fuite.
Comment est assassiné le gendarme?
 Aly Ould Belkheir, c’est son nom, était de service, jeudi dernier, avec un de ses collègues, au bord d’un point de passage non-officiel du fleuve, quand, tout à coup, ils aperçoivent deux hommes qui couraient dans leur direction. Mais quand les Aqmistes aperçoivent les gendarmes, ils rebroussent chemin. Brève course-poursuite, les fugitifs disparaissent et les gendarmes comprennent que les hommes se sont embusqués.
Après concertation, Aly reste sur place, tandis que son collègue tente de prendre les suspects à revers. C’est alors que les terroristes, constatant l’isolement d’Aly, le tirent à bout portant et disparaissent, à nouveau, dans la forêt dense.
Traque acharnée
Emoi extrême. Les populations de toute la zone se sentent menacées et la circulation nocturne, à Rosso par exemple, se réduit considérablement. Le moindre bruit devient inquiétant. Excédés par l’assassinat de leur collègue, les gendarmes patrouillent, comme des fous furieux, mais leur commandant garde son sang-froid, organisant, méthodiquement, la traque, si bien que les terroristes ne peuvent fuir au Sénégal. Le lendemain, arrivent les renforts de l’armée et du BASEP. Maintenant, c’est la combinaison des forces de la gendarmerie, des unités de l’armée, le BASEP, épaulées par des éléments de la police et un hélicoptère militaire, qui resserre l’étau autour des deux fugitifs, en cavale depuis plusieurs jours. On les localise et les encercle, enfin, dans une  forêt proche du fleuve. L’un d’eux, répondant au nom de Beibe Ould Navae, se fait exploser, avant son arrestation. Tandis que le second, Cheikh Brahim Ould Hamoud, celui-là même qui annonçait, il y a quelques mois, à la télévision nationale qu’il s’était repenti, après sa libération de la prison civile de Nouakchott, a été arrêté sans grande résistance. Repenti? Et dire qu’on nous laissait entendre que les éléments d’AQMI ne mentaient jamais!

Bravo mais où est le 3ème véhicule?
La Mauritanie est un des pays les plus touchés par les activités de la nébuleuse terroriste à visage islamique, qui opère partout dans le Sahel où elle commet attentats et enlèvements, essentiellement à l’encontre de ressortissants occidentaux, et se livre à divers trafics. Pour ceux qui se demandent comment les voitures des terroristes ont réussi à parcourir autant de kilomètres de notre territoire, sans être interceptées par nos gendarmes, nos gardes ou nos policiers, la réponse semble simple: notre territoire est vaste et il est difficile, voire impossible, de le contrôler à 100 pour 100. Chapeau, en tout cas, à nos gendarmes, militaires et policiers qui sont restés éveillés, plusieurs longues nuits, pour traquer une réelle menace nationale, risquant leur vie pour notre sécurité. Et saluons la mémoire d’Ely Ould Belkheir, mort au champ d’honneur. Que Dieu lui accorde belle place en son paradis, amine.
Tirons, de tout cela, une leçon de morale très vivante: la vraie armée est celle qui se soucie de la sécurité de ses citoyens mais jamais de politique. Et posons, tout de même, deux dernières questions, toujours sans réponse: si deux véhicules et leur occupants ont été neutralisés, qu’en est-il du troisième? Le danger est-il totalement écarté?

JIDDOU HAMOUD à ROSSO

Source  :  Le Calame le 09/02/2011

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