AQMI:L’industrie de la mort

Quel est l’identité des personnes mortes dans les dernières opérations d’AQMI dans notre pays. Pour le moment, il est difficile de trouver des données précises sur les kamikazes qui se trouvaient dans le véhicule que l’armée avait fait exploser à la porte de Nouakchott.

 

Déjà, il y a une polémique par rapport au nombre de gens tués dans l’explosion. Au moment où le ministre de la Défense évoquait un nombre de trois, tout porte à croire qu’il n’y avait que deux occupants dans ce véhicule. Sur leur identité, là aussi c’est le flou. On parle d’un algérien et d’une autre personne non identifiée qui sont morts dans l’explosion.
Par contre, on a plus d’informations sur les deux personnes qui étaient en cavale. L’un d’eux est vivant et est en captivité auprès des services de sécurité. Il s’agit de Cheikh Ould Saleck. Il avait été condamné à huit ans de prison avant d’être gracié dans le cadre de la politique de dialogue avec les détenus de la mouvance islamiste. Son regard, même en situation difficile, ne laisse pas indifférent et révèle de la personnalité.
Quant à la deuxième personne qui s’est donné la mort en se faisant exploser, c’est Sidi Mohamed Ould Mohamed Lemine, alias Abou Zoubeïr. Un jeune homme âgé de 25 ans. Il avait suivi l’enseignement dans une école coranique avant de travailler dans un magasin de vente de meuble. En 2005, sous l’influence d’un ami salafiste, il arrêta ses activités commerciales et décida d’aller à la ‘’rencontre de Dieu’’. Il est tombé sous le charme du discours des Jihadistes. Commence alors une autre vie marquée par l’atteinte de l’objectif déclaré. Pour cela, le chemin est tout tracé : entrainement militaire dans les camps d’AQMI dans le désert, acquisition de quelques concepts religieux qui permettent rapidement à l’apprenti de devenir un Mufti, capable d’émettre des Fatwas (consultation juridique).
Pour le cas de Sidi Mohamed, il est allé jusqu’à rédiger une Fatwa sous forme d’un livre qu’il a dédié à son compagnon mort en Kamikaze en Algérie : Sidina Ould Khattary, alias Abderrehmane Abou Zeïneb. Dans cette publication, il tente d’incriminer les personnes qui ne vont pas au Jihad par ignorance, même si elles ne sont pas engagées contre la cause…
Depuis son départ à l’aventure, ses parents n’ont jamais reçu de ses nouvelles jusqu’en 2008. A cette date, il leur annonça la fin de ses ‘’études’’ et son retour imminent. Et plus de nouvelle depuis. Récemment, une personne les appela au téléphone pour leur dire que Zoubeir (son nouveau nom de guerre que sa famille ne connait bien sûr pas) était en route pour le pays. L’armée leur a apporté sa dépouille. Il a été inhumé comme le dicte la loi coranique.
Le parcours de Sidi Mohamed est presque identique à celui de tous les jeunes mauritaniens qui rejoignent le maquis islamiste. De jeunes gens qui ne voient pas d’avenir pour eux dans leur pays et qui, très tôt, décident de chercher le salut dans l’au-delà.
La lutte contre le terrorisme commence par reconnaitre les problèmes de cette frange de notre jeunesse, l’étudier et lui trouver les réponses idoines. C’est la meilleure manière de tarir la source qui alimente l’armée des Jihadistes dans le désert. Ce n’est certainement par goût à l’aventure, ni par la soif de violence que les jeunes vont dans les maquis islamistes. Ils sont surtout poussés par l’échec et par le désespoir.

Source  :  Biladi le 09/02/2011

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