Interview accordée au site de l’AJD MR.
Monsieur le Président, permettez-nous de vous remercier au préalable.
L’intérêt que nous accordons à cette rubrique fait que vous êtes le premier invité. En nous exposant votre parcours professionnel et politique, nous souhaitons en cette veille des états généraux de l’éducation nationale, votre éclairage sur le système éducatif mauritanien et sur les préconisations que l’AJD/MR entend proposer au peuple mauritanien.
KANE Souleymane : J’ai fait mes études coraniques chez moi à Ouldyengé, en 1962 je suis allé en France avec pour projet de continuer mes études dans les pays arabes, notamment en Egypte de Jamal Abdu Ennasser
En France, j ai commencé par apprendre le français en 1963 avant de continuer mon voyage à destination du Caire. A mon arrivée mon inscription à l’université d’El AZHAR n’a posé aucun problème; car à l’époque, la politique de Nasser était d’ouvrir les portes de tous les établissements d’enseignement aux fils de l’Afrique qui venaient en Egypte pour étudier! C’est ainsi que le bagage intellectuel que j’avais; m’a permis de grimper rapidement les échelons de l’enseignement supérieur.
En 1972, j’ai obtenu une licence à l’Institut Supérieur de la Traduction en Arabe et en Français. De retour au pays natal, en Mauritanie à la fin de 1972, j’ ai été engagé dès mon arrivée en décembre à la Direction de la traduction du Journal Officiel à la Présidence de la République Islamique de Mauritanie avec à sa tête Moctar Ould Dadah.
J’y suis resté jusqu’à la fin de l’année 1979. Puis je fus muté au Ministère de l’Enseignement Fondamental et Secondaire afin de participer à la création de l’Institut des Langues Nationales pour devenir son Directeur Général.
Dès sa naissance, je suis nommé Directeur de l’ILN le 14 mars 1980. Cet établissement d’autonomie financière a été chargé de préparer l’Introduction des Langues Nationales : Pulaar , Sooninké , et Wolof dans le système éducatif national. Une expérimentation de leur enseignement devait se faire sur trois ans , avant la généralisation dudit enseignement après qu’une Commission chargée de la réforme de l’enseignement ait déposé son rapport dans ce sens.
Celle-ci a été désignée en Novembre 1984. Je faisais partie de ses membres, car j’étais à la tête d’une sous commission chargée des structures de contenu et des langues d’enseignement.
L’expérimentation battait son plein, les résultats étaient très satisfaisants à tout point de vue. La Commission a fait son rapport qui a proposé un système éducatif où les langues Nationales trouvent leur place de la Maternelle au Supérieur. Le rapport a été déposé, mais la politique a été autre. Le gouvernement a décidé de faire une autre réforme qui n’a pas prévu l’introduction des langues Nationales pour des raisons que j’ignore jusqu’à présent.
L’Institut des Langues Nationales a été transféré comme Service des Langues Nationales à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines à l’Université de Nouakchott en 1999, pour que ce projet meure là-bas à petit feu.
Nous sommes entrain de préparer actuellement un document de l’AJD/MR , dont je suis le Président du Conseil National , que nous allons défendre lors des assises des Etats Généraux de l’Education prévu au mois de Mars prochain.
En ce qui me concerne j’ai milité en faveur de la promotion des Langues Nationales depuis que je suis étudiant en Egypte de Nasser où j’ai appris le Pulaar avec Yero Doro Diallo. A mon retour, nous avons crée l’Association pour la Renaissance du Pulaar qui a été reconnue par le Gouvernement de Moctar Ould Dadah en 1976. J’ai été désigné son président. Je l’ai dirigée jusqu’en 1980. Elle existe aujourd’hui et s’adonne à l’alphabétisation des masses.
Le terrain de 3600 M2, que j’avais obtenu en 1979 pour l’Association et qui a été confisqué en 1990, nous l’avons récupéré par l’actuel régime qui nous l’a restitué dans le quartier Résidentiel de Nouakchott. Nous sommes entrain de le construire.
Je profite de l’occasion pour lancer un appel pressant à toutes et à tous pour que cet édifice culturel Pulaar voie le jour rapidement, qui dit culture Pulaar dit culture tout court.
Le premier poste politique, c’est celui que j’occupe actuellement au sein de L’AJD/MR. En ce qui concerne notre demande de l’introduction des langues Nationales dans notre système éducatif Mauritanien c’est dû au fait que nous sommes convaincus que le développement dans tous les domaines exige l’utilisation des Langues Nationales à tous les niveaux, vu les résultats de l’expérimentation de l’Institut des Langues Nationales.
Merci Monsieur Souleymane KANE
Interview réalisée par Bocar BA et Boubacar SY
Ouvrages en Pulaar publiés par Souleymane KANE :
– LASLI FULBE E FERGOOJI MUM EN (« Origine des Peulhs et leur pérégrination ») Dans cet ouvrage, également bon nombre d’expressions Peulhs ( 1977)
– FAANDU ALMUUDO/ Sébile du Talibé ( 1983) Sélectionné et publié par
l’UNESCO en 1988
– FAANDU ALMUUDO II (1990) les deux FAANDU ALMUUDO ont été traduit en Français par le Professeur Oumar Ba en (1997) pas encore publié.
– PEEJE KABORDE HOKKERE GESE JEERI(Stratégies de lutte contre la désertion des champs du Djéri) ( 1986)
– YOORE E REWAM MUM E PEEJE KABORDE (Les conséqueces de la désertification et les moyens de lutte) ( 1986)
– Pentole Roman Hakkunde Jaalel E Ngay traduit en Français par le Professeur Oumar Ba et publié par L’Institut des Langues Nationales(1997)
– LEKKI E NAFOORE MUM (L’arbre et son utilité) (1986)
– JUBBANDE E INDE NDIWRI MURITANI ( Aperçu sur les différents oiseaux en
Mauritanie) (1987)
– MBOLO GALLE ( Foret familiale) (1991) traduit en arabe par Souleymane KANE
– DABI WAANYO E INDE YOGA E KULLE (2007) Guide de Chasse et les noms de certains animaux en Pulaar
– WOLDE HAKKUNDE AAMADU HABII BAH E NGAY DO MBAAYJAM (Le combat entre Amadou Habi Ba et le lion au village de MBAAYJAM ) en (2009)
Source : AJD MR le 07/02/2011