Grâce présidentielle aux djihadistes : l’autre mamelle du terrorisme ?

Le dialogue interreligieux initié l’année dernière avec les détenus salafistes par les autorités mauritaniennes, par l’intermédiaire d’oulémas et d’érudits était perçu comme un remède incontournable et efficace

pour apaiser définitivement la grande tension entre le pouvoir et les islamistes et pour opérer un véritable lavage spirituel de la conscience des dizaines de jeunes mauritaniens embrigadés et sevrés à l’idéologie terroriste cultivée par Aqmi et consorts.

Une main tendue qui avait recommandé le pardon et la grâce présidentielle au profit des repentis parmi les prisonniers salafistes dont tous ceux qui avaient décidé à l’époque de renoncer au terrorisme avaient bénéficié de l’une ou de l’autre des deux amnisties accordées par Mohamed Ould Abdel Aziz pendant les fête du Fitr et de l’Aid El Kebir. Malheureusement, les dernières révélations de la tentative d’attentat manquée contre des objectifs nationaux, montre si besoin tout repenti n’est forcement respecté à la lettre et que les salafistes graciés constituent toujours une menace terroriste accrue. Pour éviter de revenir encore à l’exploit militaire réalisé par les forces armées et de sécurité, en arrivant à bout de tous les auteurs de la tentative d’attentat manquée (morts ou faits prisonniers) contre une caserne militaire du pays et l’ambassade de France à Nouakchott, ce qui retiendra le plus notre attention sur ce dossier que nous essayé d’épuiser au maximum dans notre édition d’hier, ce sont les révélations faites par les médias sur l’identité de certains cerveaux de l’opération avortée. En effet, selon plusieurs sources bien informées, l’élément d’Aqmi arrêté samedi dernier – dont le compagnon s’est fait exploser-, répondant au nom Cheikh Brahim Ould Hamoud fait partie du groupe des islamistes repentis ayant bénéficié de l’amnistie présidentielle pendant le mois béni du ramadan. Cette information s’est révélée pour l’opinion publique et pour beaucoup d’analystes comme un coup de poignard dans le dos, dés lors les islamistes élargis dans les mêmes conditions sont très nombreux et ne font l’objet d’aucun suivi judiciaire qui peut assurer leur repenti sur le terrain de la réalité. Autrement dit, ces anciens détenus représentent individuellement une menace pour la stabilité de la Mauritanie, dés lors où ceux d’entre qui seraient tentés de se faire un « recyclage » au sein de l’organisation terroriste, tenteraient cette fois de rééditer la mission de Cheikh Brahim Ould Hamoud, promettant de la mener jusqu’au bout, coûte à s’offrir en martyr « un but » pour lesquels ils sont prêts à s’exposer à tous les dangers pour l’atteindre.
Ainsi pour dire, la grâce présidentielle telle que perçue par les Imams n’a pas donné, à la lumière de ce qui vient de se passer tous les résultats escomptés, contrairement à l’expérience algérienne où le dialogue s’est accompagné d’un durcissement de la politique sécuritaire et d’un suivi judiciaire des amnistiés dont certains faibles d’esprit peuvent déclarer leur repentir pour s’offrir une occasion pour regagner Aqmi comme cela était le cas de Cheikh Brahim Ould Hamoud. D’ailleurs, toujours sur le plan de la fragilité de cette méthode pour faire abandonner les jeunes le combat terroriste, des sources, elles aussi bien informées, affirment que le kamikaze de Néma qui tentait vainement de faire exploser la caserne de cette ville avant d’être neutraliser par les sentinelles, est lui aussi un ancien prisonnier ayant bénéficié de la grâce présidentielle.

Cette situation inquiétante fait dire aujourd’hui à beaucoup d’observateurs qu’il urge pour les autorités de mettre derrière les barreaux tous les autres faux repentis qui selon eux sont toujours de potentiels fanatiques endoctrinés au terrorisme aveugle, soulignant qu’il n’existe aucune possibilité de reconstruction pour eux, dés lors où ils avaient subi un lavage de cerveau en joignant Aqmi. En effet, on constate qu’il y eu quelque part non seulement une faillite dans le dispositif sécuritaire de la gendarmerie sous le nez des équipes mobiles sont passées ces voitures sans rien constater, mais également du système de sécurité :qui n’avaient pas accordé d’importance au suivi de ces gens partout où ils vont ; par exemple en leur imposant une liberté provisoire dont l’auteur signe régulièrement sa présence sur le sol national.

Salafistes graciés : combien sont-ils ?

C’est en juillet dernier, à la veille de la fin du ramadan, que le président de la république avait décidé d’accorder l’amnistie àdes détenus et des condamnés pour complicité avec Aqmi. Une manière pour le chef de l’Etat d’affirmer que la religion authentique n’est pas du côté des terroristes. 35 islamistes détenus, condamnés ou en instance de jugement dans des affaires de terrorisme avaient été alors libérés. Ils étaient considérés par les services de sécurité comme des modérés parce qu’ils s’étaient engagés à « se conformer à l’islam sunnite tolérant » au cours du dialogue mené au début de l’année 2010 au sein de la prison par des théologiens mandatés par le gouvernement. En septembre dernier, à l’occasion de l’Aïd el-Kébir, le président de la république décide de nouveau de gracier 134 détenus, dont 17 djihadistes. A ce stade, l’Etat était certain d’être sur la bonne voie en mobilisant des religieux pour expliquer, lors de colloques, les valeurs modérées du « vrai » islam, par opposition à la conception dévoyée et belliqueuse qu’en a Aqmi.

52 terroristes potentiels ?

Mathématiquement parlant, à la lumière des ces amnisties (35 + 17) 52 terroristes potentiels peuvent toujours représenter un danger pour le pays, dans une conjoncture politique très tendue où les révoltes dans les pays arabes initiées par les jeunes peuvent être incitatives et favorables à la reprise du djihad. Certes, il ne faut pas être trop alarmistes, mais faut-il pour les autorités de bien agir pour gérer à l’optimum leur dernier exploit dans la lutte contre le terrorisme, en établissant un nouveau fichier pour les repentis, en les localisant, en suivant leurs mouvements, en distribuant leurs photos et en mobilisant l’opposition sur les dangers qu’ils peuvent toujours constituer tant que leur repentir n’est pas définitif.
Un tâche simple qui prévaut d’ailleurs pour les détenus de droit commun et qui peut être appliquer à ces jeunes mauritaniens dont beaucoup sont encore entre les mains de l’organisation terroriste, prête à les envoyer dans le pays pour opérer des carnages au non d’un Islam dont ils ignorent complètement les grands enseignements.
Enfin pour que l’adage « prévenir vaut mieux que guérir », les autorités suprêmes doivent désormais comprendre que la grâce présidentielle n’est pas une mesure à 100% efficace pour réduire la menace terroriste et qu’en cas de nécessité, elle doit se faire, une fois décidé, accompagner de mesures qui empêchent les amnistiés de prendre le chemin d’Aqmi. A bon entendeur salut !

Amadou Diaara

Source  :  Le Rénovateur le 07/02/2011

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