La Mauritanie fait courir beaucoup de sociétés minières internationales. Presque toutes les semaines, le conseil de ministres autorise des permis de recherches minière pour tel ou tel minerai à des entreprises étrangères ou à des groupes mauritaniens
qui essaient de la placer chez un partenaire extérieur, soit en créant une société mixte soit en lui vendant tout simplement le «sésame ». Jusqu’à présent, seul le fer et l’or sont exploités de notre pays. Et si le premier est exploité par la société nationale industrielle et minière (SNIM), fleuron de l’industrie nationale, le second se trouve exclusivement entre les mains d’entreprises étrangères. Celles-ci commencent à engranger d’énormes bénéfices qui provoquent beaucoup de bruits chez certains professionnels mauritaniens du secteur qui dénoncent des contrats léoniens et exigent déjà leur révision. Retour sur un secteur ignoré sur lequel on ne dispose que d’informations très sommaires.
Notre pays est reconnu désormais, sur plan international, comme étant un pays minier à cause des découvertes de mines dans son sous sol et des indices encourageants sur l’existence d’une gamme variée de mines. Cet intérêt est attesté par le nombre de permis de recherche distribué par le ministère des Mines. A ce jour, on dénombre 180 permis accordés à des entreprises étrangères dont certaines font autorité dans le domaine.
Les recherches se concentrent (voir carte) dans les zones des Mauritanides, Dorsale de Rgueibat, Bassin de Taoudeni. L’enclavement et le danger lié au terrorisme n’ont pas découragé les sociétés minières internationales qui continuent à demander les permis et à poursuivre leurs travaux de recherche.
Le fer est le premier minerai découvert dans notre pays. Son exploitation remonte au début des années 60 quand la société étrangère, MIFERMA, l’ancêtre de la SNIM, décida de se lancer dans cette aventure qui se termina par sa nationalisation en 1975. Depuis, ce minerai est exploité par la SNIM qui produit annuellement entre dix et douze millions de tonnes de brut. Ce dernier est acheminé par le plus long train du monde à la côté où il est exporté à l’extérieur. Selon les projections de la société minière nationale, la production atteindra 18 millions de tonnes en 2018 suite à la mise en production du gisement Guelb II.
Toujours dans le cadre de l’exploitation du fer, on note l’arrivée dans notre pays de la société Xstrata. Ce géant minier suisse projette de produire, d’ici 5 à 7 ans, plus de 60 millions de tonnes de fer par an grâce à son acquisition récente de Sphere Minerals qui lui a permis d’avoir 50% du gisement El Aouj (joint venture avec la SNIM) et 100% des gisements de Guelb Askaf et de Lemtheinia. Son intrusion ne manquera pas de boulverser ce secteur, aussi bien matière d’emplois que de production. Il va certainement réduire l’importance de la SNIM dans ce secteur en lui arrachant le leadership. D’autant plus que la société minière nationale devient très liée au gouvernement qui lui fait porter des charges qui sont très éloignées de son domaine de compétence. En plus, d’importants versements qu’elle verse au trésor public depuis la rectification pour faire face à ses engagements de fin de mois, celle-ci s’est vu obligé de participer au capital de la nouvelle société aérienne nationale. Prendre l’argent du fer, un secteur très en forme actuellement, et l’investir dans le transport aérien ne parait pas, pour beaucoup d’experts, une bonne décision de mangement !
Deux autres entreprises étrangères sont lancées dans l’exploitation effective des mines dans notre pays. Il s’agit de MCM (Mines de Cuivre de Mauritanie) et Tasiast Mauritanie. La première exploite l’or et le cuivre à Akjoujt, tandis que la seconde produit exclusivement de l’or dans la zone très prometteuse en matière de production de l’or : Tasiast.
Si le gouvernement, par les temps qui courent, profite exagérément de la SNIM et lui fait porter des dépenses qui sont étrangères à son domaine de préoccupation tel que la voirie, le transport…, le cas est loin d’être le même pour les entreprises internationales qui exploitent l’or et le cuivre dans notre pays.
Au niveau de l’emploi, ses entreprises continuent, selon une source syndicale, à recruter massivement à partir de l’étranger, bien que le gouvernement ait donné des instructions claires à ce sujet. On ne sait pas vraiment pourquoi l’Etat n’est pas arrivé à appliquer une telle directive plusieurs mois après la décision gouvernementale d’amener les employeurs dans ce domaine à se conformer avec la législation nationale en la matière. Des demandeurs d’emploi dénoncent une complicité, à un niveau donné de l’administration, avec les entreprises étrangères. Quoi qu’il en soit, la mesure annoncée n’a toujours pas été appliquée de manière complète !
Au niveau des retombées financières, la situation est ahurissante. Théoriquement, les revenus de l’Etat ne constituent que 1à 6%, mais jusqu’à présent rien ne lui revient du fait que les sociétés bénéficient de ce qu’un expert qualifie de ‘’congé fiscal’’. C‘est-à-dire une exonération de toutes les taxes liées au bénéfice pendant une période de trois années. Les facilités accordées aux heureux investisseurs ne s’arrêtent pas là. En cas de vente d’entreprise détentrice de permis miniers en Mauritanie, l’Etat n’en tire pas de profit car aucune clause dans le contrat ne mentionne l’impôt sur les plus values de cession d’actif. L’Etat, par exemple, n’a reçu aucun dollar des transactions qui ont eu lieu récemment entre Sphere Minerals et Xstrata (500 millions USD) d’une part et entre Tasiast et Kinross (plus de 4 milliards USD) d’autre part.
Un expert a fait une comparaison dans le domaine qui fait ressortir un manque à gagner important pour le pays. En effet, avait-il soutenu : en s’inspirant des contrats pétroliers, en vigueur dans le pays, qui taxent les plus values de cession d’actif à 30%, le manque à gagner pour la Mauritanie sera de un milliard et trois cents cinquante millions USD (1,35 milliard USD). Une somme importante dont le pays a fort besoin en cette période de disette où le trésor public tire le diable par la queue pour faire face à ses obligations de fin de mois. Surtout que le manque à gagner couvre une année d’importation pour la Mauritanie.
Autre faiblesse des contrats en vigueur dans le domaine minier : l’absence de clause qui fait profiter le pays de l’augmentation du prix des matières premières sur le marché international. Comme c’est le cas actuellement pour l’or. On estime, par exemple, que Tasiast réalise actuellement des opérations ‘’d’or’’ à cause de la montée de ses prix sur le marché international. Sur chaque once d’or vendue, la société engrange un bénéfice net de mille onces.
En 2010, Tasiast a produit 250mille onces. Pendant les prochaines années, cette production atteindra un million. Les réserves prouvées dépassent déjà les 25 millions onces.
MCM, l’autre société engagée dans l’exploitation de l’or en Mauritanie, se trouverait dans les mêmes conditions de prospérité…
Quoi faire ?
Pourtant prévus dans les contrats, aucun audit indépendant des comptes financiers des entreprises exploitant l’or n’a à ce jour été effectué. Les charges d’exploitation et les amortissements des divers investissements déclarés ne sont pas certifiés par des auditeurs attitrés. Ce qui peut, on ne sait pas, ouvrir une brèche pour la fraude d’autant plus que l’impôt est calculé en fonction du chiffre d’affaires…
C’est ainsi que le chiffre de 400 USD annoncé par Tasiast dans ses différents rapports comme étant son coût technique par once parait exagéré. Dans le reste du monde et pour les mines d’or à ciel ouvert (comme Tasiast), il est de l’ordre de 150 USD/once.
Les contrats d’exploitation des mines dans notre pays trainent d’autres lacunes qui militent bien en faveur de leur révision afin de faire profiter le de ses richesses. L’idée rencontre une certaine acceptation internationale par les temps qui courent. D’autant plus qu’ils paraissent très déséquilibrés. Reste maintenant à savoir si les pouvoirs en place ont la capacité et la hardiesse pour tenter une telle perspective. Même si les rapports entre les firmes internationales qui exploitent les sous sols de pays pauvres n’ont jamais été un objectif. Ces firmes réussissent souvent à construire des rapports cordiaux avec les gouvernants qui ferment, en contre partie, les yeux sur leurs contrats. Espérons que cela ne soit pas le cas dans notre pays La Mauritanie fait courir beaucoup de sociétés minières internationales. Presque toutes les semaines, le conseil de ministres autorise des permis de recherches minière pour tel ou tel minerai à des entreprises étrangères ou à des groupes mauritaniens qui essaient de la placer chez un partenaire extérieur, soit en créant une société mixte soit en lui vendant tout simplement le «sésame ». Jusqu’à présent, seul le fer et l’or sont exploités de notre pays. Et si le premier est exploité par la société nationale industrielle et minière (SNIM), fleuron de l’industrie nationale, le second se trouve exclusivement entre les mains d’entreprises étrangères. Celles-ci commencent à engranger d’énormes bénéfices qui provoquent beaucoup de bruits chez certains professionnels mauritaniens du secteur qui dénoncent des contrats léoniens et exigent déjà leur révision. Retour sur un secteur ignoré sur lequel on ne dispose que d’informations très sommaires.
Notre pays est reconnu désormais, sur plan international, comme étant un pays minier à cause des découvertes de mines dans son sous sol et des indices encourageants sur l’existence d’une gamme variée de mines. Cet intérêt est attesté par le nombre de permis de recherche distribué par le ministère des Mines. A ce jour, on dénombre 180 permis accordés à des entreprises étrangères dont certaines font autorité dans le domaine.
Les recherches se concentrent (voir carte) dans les zones des Mauritanides, Dorsale de Rgueibat, Bassin de Taoudeni. L’enclavement et le danger lié au terrorisme n’ont pas découragé les sociétés minières internationales qui continuent à demander les permis et à poursuivre leurs travaux de recherche.
Le fer est le premier minerai découvert dans notre pays. Son exploitation remonte au début des années 60 quand la société étrangère, MIFERMA, l’ancêtre de la SNIM, décida de se lancer dans cette aventure qui se termina par sa nationalisation en 1975. Depuis, ce minerai est exploité par la SNIM qui produit annuellement entre dix et douze millions de tonnes de brut. Ce dernier est acheminé par le plus long train du monde à la côté où il est exporté à l’extérieur. Selon les projections de la société minière nationale, la production atteindra 18 millions de tonnes en 2018 suite à la mise en production du gisement Guelb II.
Toujours dans le cadre de l’exploitation du fer, on note l’arrivée dans notre pays de la société Xstrata. Ce géant minier suisse projette de produire, d’ici 5 à 7 ans, plus de 60 millions de tonnes de fer par an grâce à son acquisition récente de Sphere Minerals qui lui a permis d’avoir 50% du gisement El Aouj (joint venture avec la SNIM) et 100% des gisements de Guelb Askaf et de Lemtheinia. Son intrusion ne manquera pas de boulverser ce secteur, aussi bien matière d’emplois que de production. Il va certainement réduire l’importance de la SNIM dans ce secteur en lui arrachant le leadership. D’autant plus que la société minière nationale devient très liée au gouvernement qui lui fait porter des charges qui sont très éloignées de son domaine de compétence. En plus, d’importants versements qu’elle verse au trésor public depuis la rectification pour faire face à ses engagements de fin de mois, celle-ci s’est vu obligé de participer au capital de la nouvelle société aérienne nationale. Prendre l’argent du fer, un secteur très en forme actuellement, et l’investir dans le transport aérien ne parait pas, pour beaucoup d’experts, une bonne décision de mangement !
Deux autres entreprises étrangères sont lancées dans l’exploitation effective des mines dans notre pays. Il s’agit de MCM (Mines de Cuivre de Mauritanie) et Tasiast Mauritanie. La première exploite l’or et le cuivre à Akjoujt, tandis que la seconde produit exclusivement de l’or dans la zone très prometteuse en matière de production de l’or : Tasiast.
Si le gouvernement, par les temps qui courent, profite exagérément de la SNIM et lui fait porter des dépenses qui sont étrangères à son domaine de préoccupation tel que la voirie, le transport…, le cas est loin d’être le même pour les entreprises internationales qui exploitent l’or et le cuivre dans notre pays.
Au niveau de l’emploi, ses entreprises continuent, selon une source syndicale, à recruter massivement à partir de l’étranger, bien que le gouvernement ait donné des instructions claires à ce sujet. On ne sait pas vraiment pourquoi l’Etat n’est pas arrivé à appliquer une telle directive plusieurs mois après la décision gouvernementale d’amener les employeurs dans ce domaine à se conformer avec la législation nationale en la matière. Des demandeurs d’emploi dénoncent une complicité, à un niveau donné de l’administration, avec les entreprises étrangères. Quoi qu’il en soit, la mesure annoncée n’a toujours pas été appliquée de manière complète !
Au niveau des retombées financières, la situation est ahurissante. Théoriquement, les revenus de l’Etat ne constituent que 1à 6%, mais jusqu’à présent rien ne lui revient du fait que les sociétés bénéficient de ce qu’un expert qualifie de ‘’congé fiscal’’. C‘est-à-dire une exonération de toutes les taxes liées au bénéfice pendant une période de trois années. Les facilités accordées aux heureux investisseurs ne s’arrêtent pas là. En cas de vente d’entreprise détentrice de permis miniers en Mauritanie, l’Etat n’en tire pas de profit car aucune clause dans le contrat ne mentionne l’impôt sur les plus values de cession d’actif. L’Etat, par exemple, n’a reçu aucun dollar des transactions qui ont eu lieu récemment entre Sphere Minerals et Xstrata (500 millions USD) d’une part et entre Tasiast et Kinross (plus de 4 milliards USD) d’autre part.
Un expert a fait une comparaison dans le domaine qui fait ressortir un manque à gagner important pour le pays. En effet, avait-il soutenu : en s’inspirant des contrats pétroliers, en vigueur dans le pays, qui taxent les plus values de cession d’actif à 30%, le manque à gagner pour la Mauritanie sera de un milliard et trois cents cinquante millions USD (1,35 milliard USD). Une somme importante dont le pays a fort besoin en cette période de disette où le trésor public tire le diable par la queue pour faire face à ses obligations de fin de mois. Surtout que le manque à gagner couvre une année d’importation pour la Mauritanie.
Autre faiblesse des contrats en vigueur dans le domaine minier : l’absence de clause qui fait profiter le pays de l’augmentation du prix des matières premières sur le marché international. Comme c’est le cas actuellement pour l’or. On estime, par exemple, que Tasiast réalise actuellement des opérations ‘’d’or’’ à cause de la montée de ses prix sur le marché international. Sur chaque once d’or vendue, la société engrange un bénéfice net de mille onces.
En 2010, Tasiast a produit 250mille onces. Pendant les prochaines années, cette production atteindra un million. Les réserves prouvées dépassent déjà les 25 millions onces.
MCM, l’autre société engagée dans l’exploitation de l’or en Mauritanie, se trouverait dans les mêmes conditions de prospérité…
Quoi faire ?
Pourtant prévus dans les contrats, aucun audit indépendant des comptes financiers des entreprises exploitant l’or n’a à ce jour été effectué. Les charges d’exploitation et les amortissements des divers investissements déclarés ne sont pas certifiés par des auditeurs attitrés. Ce qui peut, on ne sait pas, ouvrir une brèche pour la fraude d’autant plus que l’impôt est calculé en fonction du chiffre d’affaires…
C’est ainsi que le chiffre de 400 USD annoncé par Tasiast dans ses différents rapports comme étant son coût technique par once parait exagéré. Dans le reste du monde et pour les mines d’or à ciel ouvert (comme Tasiast), il est de l’ordre de 150 USD/once.
Les contrats d’exploitation des mines dans notre pays trainent d’autres lacunes qui militent bien en faveur de leur révision afin de faire profiter le de ses richesses. L’idée rencontre une certaine acceptation internationale par les temps qui courent. D’autant plus qu’ils paraissent très déséquilibrés. Reste maintenant à savoir si les pouvoirs en place ont la capacité et la hardiesse pour tenter une telle perspective. Même si les rapports entre les firmes internationales qui exploitent les sous sols de pays pauvres n’ont jamais été un objectif. Ces firmes réussissent souvent à construire des rapports cordiaux avec les gouvernants qui ferment, en contre partie, les yeux sur leurs contrats. Espérons que cela ne soit pas le cas dans notre pays !
Mohamed Mahmoud Ould Targui
Source : El Mejlisse le 30/01/2011