L’armée égyptienne ferme les accès au Caire

L’armée égyptienne a fermé mardi 1er février dans la matinée les accès au Caire et à d’autres villes où des manifestants prévoyaient de se rendre pour la « marche du million« 

 

prévue à l’appel du mouvement de contestation qui réclame le départ du président Hosni Moubarak.
L’autoroute reliant Alexandrie au Caire est bloquée à un kilomètre de la capitale par un barrage de l’armée, selon un journaliste de l’AFP.
Une longue file de camions de marchandises et de voitures attendaient sur la route de pouvoir passer, et les soldats empêchaient fermement le passage des véhicules en direction de la capitale. Selon un autre journaliste de l’AFP, les sorties des villes de Mansoura (delta), Suez (est) et Fayyoum (au sud du Caire) ont également été bloqués par l’armée. Le trafic ferroviaire est suspendu depuis lundi, et la ligne de métro reliant le Caire à Choubra el-Kheima (20 km au nord) a été fermée. De nombreux Cairotes qui tentaient de rejoindre leur lieu de travail dans les environs de la capitale n’ont pu le faire en raison de ces blocages. Des hélicoptères survolent régulièrement le centre du Caire.

Une journée décisive

 

Des dizaines de milliers de personnes commençaient mardi matin à se rassembler au Caire pour une journée de manifestations monstres que l’opposition espère décisive, après une semaine de mobilisation sans précédent contre le président Hosni Moubarak. L’opposition espère mobiliser un million de personnes, malgré l’annonce la veille d’un nouveau gouvernement et de l’ouverture d’un dialogue.
L’armée s’est engagée à ne pas faire usage de la force, jugeant les revendications du peuple « légitimes », mais à appelé les manifestants à s’exprimer par les moyens pacifiques.

 

125 morts

 

Les manifestants lançaient des slogans comme « Dehors Moubarak », et brandissaient des affiches représentant le président pendu, ou sa photo avec la mention « ta tête va tomber ». Cinquante organisations égyptiennes de défense des droits l’Homme ont appelé dans un communiqué le président Hosni Moubarak à « se retirer » du pouvoir pour « éviter un bain de sang », au 8e jour d’une révolte populaire qui a fait au moins 125 morts.

« Le président Moubarak doit respecter la volonté du peuple égyptien et se retirer pour éviter un bain de sang », affirment ces ONG qui comptent parmi elles les organisations de défense des droits de l’Homme les plus importantes d’Egypte, comme le Centre d’Etudes des droits de l’Homme du Caire, l’Association égyptienne des droits économiques et sociaux et le Centre arabe pour l’indépendance de la justice.

« La balle est dans le camp des Européens et des Américains, on ne veut rien d’eux, mais on ne veut pas non plus qu’ils aident Moubarak », a déclaré à l’AFP un manifestant, Oussama Alam, 43 ans.

De nombreuses personnes ont passé la nuit sur la grande place Tahrir (Libération), épicentre depuis des manifestations, et ont été rejointes progressivement par d’autres manifestants. Une manifestation géante est également attendue à Alexandrie, la deuxième ville du pays, sur la côte méditerranéenne.

 

Toujours déterminés

 

L’annonce lundi du nouveau gouvernement, renouvelé de moitié, n’a pas entamé la détermination des manifestants qui exigent son départ.

Le ministre de l’Intérieur Habib el-Adli, bête noire des manifestants, a été remplacé par un haut responsable de la police, Mahmoud Wagdi. Les hommes issus du monde des affaires, considéré comme proche de Gamal Moubarak, fils de Hosni lui aussi conspué par les manifestants, ont également disparu.

Les Frères musulmans, force d’opposition la plus influente du pays, ont rejeté ce remaniement, appelant à « des manifestations massives partout en Egypte afin que tout le régime -président, parti, ministres et Parlement- quitte le pouvoir ».

Dans la soirée, le vice-président Omar Souleimane a annoncé avoir été chargé par le président d’ouvrir un dialogue immédiat avec l’opposition, « autour de toutes les questions liées aux réformes constitutionnelles et législatives ».

 

Contrecoups économiques

 

Cependant, après une semaine de mobilisation sans relâche, les contrecoups économiques de la révolte se faisaient sentir. Le tourisme, l’une des principales sources de revenus pour l’Egypte, a été fortement affecté, banques et Bourse étaient fermées, et le carburant commençait à manquer. Le mouvement de contestation a appelé lundi à une grève générale ouverte.

Mardi matin, dans les échanges électroniques en Asie, le cours du brut restait au-dessus des 100 dollars le baril, le marché craignant que les troubles en Egypte perturbent les approvisionnements via le canal de Suez, selon les analystes.

Source  :  Le Nouvel Observateur le 02/01/2011

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