Contrôle de police : les mauvaises habitudes refont surface sur les axes routiers de Nouakchott

Depuis quelques jours, chauffeurs de taxis et particuliers fulminent contre la police, surtout dans les quartiers périphériques où les policiers opèrent un racket à ciel ouvert en plein milieu de la circulation sans prendre de gants.

Mercredi dernier, quelle ne fût notre surprise à bord d’un taxi qui nous conduisait au quartier « BASRA » d’être arrêté par un poste de contrôle, juste à l’entrée des jardins. Le chauffeur s’arrête. Le flic, apparemment qui connaît bien le chauffeur de taxi, un jeune peulh ex militaire, l’enjoint de garer hors de la route et de lui remettre les papiers du véhicule. S’en suit une discussion amicale, le taximan ayant refusé d’obtempérer aux injonctions du policier. « Mon cher ami laisse-moi partir, tu me retarde, j’ai des clients pressés » ! Le policier ne veut rien entendre. Mordicus il veut les documents de la Mercedes 190. Enervé, le taximan lâche : « Toi, l’autrefois c’est à trois heures du matin que tu m’as imploré à Toujounine de te ramener chez toi. Je l’ai fait sans problème et tu ne m’as pas payé la course. Après cela, on s’est croisé je t’ai rendu service en te donnant de l’argent. Parce que tu m’as dit que tu avais une ordonnance que tu n’arrives pas à payer. Aujourd’hui encore tu m’arrêtes. Qu’est-ce que tu cherches ? Si tu cherches de l’argent, je n’en ai pas parce que je viens juste de commencer à circuler, car toute la journée j’étais au garage pour une panne. Attends la prochaine fois Inchallah ».
Devant l’entêtement du chauffeur à ne pas lui remettre les documents du véhicule, le policier hèle son collègue pour venir obliger le taximen à obtempérer. Arrivé, il intime l’ordre à ce dernier de lui remettre les papiers du véhicule, faute de quoi il va passer un mauvais quart d’heure. Ferme, le taximen lui dit : « Cette affaire ne te regarde pas, c’est entre nous ». L’affaire semblant tourner au vinaigre, le premier flic ordonne à son collègue de laisser tomber. Il entre à l’arrière du véhicule où s’étaient installés une jeune fille et un jeune garçon puis s’assoit. « Tu n’a pas honte de te comporter ainsi avec moi ». Prenant à témoins les passagers interloqués par le comportement du policier, le taximen lâche : « celui que vous voyez, je lui ai toujours donné de l’argent et voilà comment il me remercie. Vraiment, les gens ont raison de dire que la police ne vaut rien. Vous volez à longueur de journée les citoyens. En tout cas moi, il est là assis, je ne vais rien lui donner et je ne le crains pas. Si vous voulez des histoires allons-y ». Le policier gêné de ces révélations sourit et tente de décrisper l’atmosphère. La jeune assis à l’arrière du véhicule est morte de peur et voudrait bien voir le flic dégager. Elle sort de son porte-monnaie 200 UM et le tend au policier qui quitte immédiatement le véhicule. Le chauffeur démarre en trombe non sans avoir maudit le corps de la police. Trois cent mètres plus loin, sur l’axe passant par l’agence commerciale de la SOMELEC à Sebkha, il est arrêté par un second poste de contrôle. Ayant compris qu’il va devoir mettre la main à la poche, il met les gaz sous des coups de sifflet stridents des policiers. Plus loin encore, ayant aperçu un autre poste de contrôle, il dévie et nous fait remarquer qu’il va devoir garer le véhicule une fois qu’il nous aura amené à bon port.

A Rosso, nous apprenons qu’un policier qui dirigeait une patrouille de police s’en est pris à un boucher. L’incident aurait eu lieu près de la gare routière de Rosso vers 23 heures, où le jeune se restaurait tranquillement. On lui aurait pris 87.000 ouguiyas avant de le rudoyer et de le menacer avec une arme blanche au P7. Curieux comportements au moment où les dirigeants de la police, pensait-on, faisait le ménage au sein du corps contre ceux qui transgressent la loi.

Moussa Diop

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 30/01/2011

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