Entretien exclusif avec Ahmed Hamza Président de la Communauté Urbaine de Nouakchott :

« A un an du terme de mon mandat, je puis vous confirmer ma décision de ne pas rempiler ».

 

 

En marge du meeting de la COD notre reporter a tendu son micro à M. Ahmed Hamza, président de la CUN pour recueillir ses impressions.

Le Quotidien de Nouakchott : Selon des observateurs, vous passiez par hasard quand vous avez aperçu des élus debout sur la place. Vous avez décidé alors de rejoindre le meeting, habillé en costume pendant que tout le monde était en boubou, donc préparés pour le meeting. En fait vous êtes arrivé bien après que le meeting ait débuté et vous en êtes reparti avant la fin. Qu’en est-il ?

Ahmed Ould Hamza : Généralement je ne perds pas mon temps pour répondre à ce genre de radotage. Toujours est-il que j’ai quitté mon bureau vers 18 heures 40. En effet mon devoir est de consacrer toute mon énergie à servir mes concitoyens, et comme j’avais encore un peu de temps, je suis allé au meeting. Effectivement j’étais le seul qui n’était pas en habit traditionnel. Tout simplement parce que je suis venu directement sans prendre le temps de passer chez moi pour me changer. Mais le plus important est que j’ai assisté à l’essentiel des interventions.

L’on a remarqué que vous étiez debout et le président Messoud Ould Boulkheir vous a proposé son siège ?
C’est vrai, et je lui en saurai gré. Vous aurez aussi remarqué mon refus de l’honneur qu’il me faisait ainsi. Même si je trouve le geste amical et courtois, je ne peux pas admettre que le président de l’Assemblée nationale et de surcroît, ancien candidat à la magistrature suprême, cède sa place au Président de la Communauté Urbaine de Nouakchott. Toutefois, je reconnais que le geste était touchant et plein de sens. Ceci dit, Il n’en demeure pas moins que l’organisation de notre meeting n’était pas au point, les organisateurs n’ayant prévu que dix sièges sur l’estrade. C’est pourquoi, à l’instar de tous ceux qui ne sont pas chef de partis membres de la COD, je suis resté debout. C’est d’ailleurs ce qui explique, qu’étant fatigué, je n’ai pu rester jusqu’à la fin. L’essentiel pour moi était de marquer par ma présence, ma qualité de militant.

Quelle évaluation faites-vous de ce meeting par rapport à celui organisé la veille par la Coalition des Partis de la Majorité Présidentielle ainsi que de votre appréciation des contenus des discours ?
Autant le meeting de la majorité m’a semblé réussi avec une affluence importante et diversifiée, autant celui de l’opposition m’a déçu par la foule très clairsemée que nous avons réussi à drainer. Cela est d’autant plus étonnant que normalement la conjoncture politique et économique se prête à la contestation. Sur le plan des thématiques abordées, je dois vous avouer que mis à part les termes et expressions malséantes, je me suis reconnu dans ce discours qui, par son ton et son contenu, rappelle étrangement celui de l’opposition. Ainsi on a vu certains leaders de la Majorité, dénoncer la hausse des prix et enjoindre le gouvernement de prendre les mesures idoines en vue de la juguler. Jusqu’ici nous étions plutôt habitués à une Majorité qui acceptait tout, justifiait tout et ne critiquait jamais. Je dois aussi vous avouer que de notre côté, j’ai surtout été impressionné par le discours de Messoud Ould Boulkheir d’une haute portée politique laissant la porte ouverte au dialogue.

Justement en parlant de dialogue et de ses perspectives, quelle est votre position sur la question ?
Qu’on le veuille ou non, sur plusieurs plans, le discours du président Mohamed Ould Abdel Aziz, rejoint celui développé par l’opposition durant de longues années. Incontestablement il est plus proche de l’opposition que de la majorité actuelle. Rien ne doit empêcher une ouverture vers l’opposition. J’ai toujours dit que nous avions besoin d’une scène politique apaisée et que le pouvoir devait s’ouvrir et ne pas considérer ses opposants comme des ennemis, mais comme des adversaires. Il y a des points sur lesquels il doit y avoir un consensus national, cela n’empêche pas à tout un chacun de garder ses propres spécificités ou différences. Au lieu de perdre notre temps dans des querelles stériles, nous devons tous, chacun dans sa position, unir nos efforts pour la construction de notre pays. C’est en tout cas ma conviction profonde et je ne ménagerai aucun effort pour qu’elle prévale.

Pourtant, autant que nous sachions, vous avez vous même des problèmes avec le pouvoir ou tout au moins avec des pans importants de l’Administration ?
Je vous le confirme ; mais je tiens à préciser que je ne m’oppose pas pour le plaisir de m’opposer. J’ai toujours eu une attitude constructive et le seul problème que j’ai, c’est celui de la défense de mes compétences et de mon statut d’élu local, représentant les citoyens de notre plus grande agglomération et qui se trouve être notre capital politique et économique. Mon combat est donc uniquement pour la décentralisation, car mon intime conviction est qu’il ne peut y avoir de développement sans la décentralisation et le libéralisme commercial.

Un dernier mot ?
Bientôt je serais à la fin de mon mandat et le seul souhait que j’ai, c’est de pouvoir travailler en harmonie avec les pouvoirs publics pour le bien être de nos concitoyens et de notre ville, pour pouvoir dépenser cette année à bon escient, les milliards d’économie que nous avons pu faire, pour le plus grand bien de notre ville et ce avant qu’ils ne subissent le sort qui lui était réservé avant nous.

A vous entendre vous ne serez pas là pour un second mandat ?
Non ! Et non ! Plus jamais on ne m’y reprendra. A un an du terme de mon mandat, je puis vous confirmer ma décision de ne pas rempiler.

Propos recueillis par BC

Source  :  Le Quotidien de Nouakchott le 16/01/2011

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