Le Sénégal à la limite de l’implosion ?

Le pays connaît une hausse importante de ses denrées alimentaires. Le spectre d’une nouvelle crise plane au moment où tous les regards sont tournés vers les émeutes au Maghreb.

 

Dakar est en ébullition : la manifestation autorisée de samedi dernier à Guédiawaye a certes connu un succès mitigé (environ 1 000 personnes), mais elle marque cependant une exaspération grandissante dans la capitale du Sénégal. Depuis deux mois, les prix des denrées de première nécessité connaissent une remontée spectaculaire, dépassant même, parfois, les niveaux atteints en 2008, année de crise alimentaire.

Le gaz butane, énergie de cuisson présente dans toutes les familles, a augmenté de plus de 30 %. Le sucre, l’huile, l’essence (aujourd’hui à 770 F CFA le litre, environ 1,20 euros)… tout y passe. La farine, aussi : avec l’explosion des cours du blé, le sac de 50 kg de farine se négocie aujourd’hui à 20 600 F CFA (environ 32 euros) contre 14 600 F CFA il y a quelques mois. En bout de course, la baguette a pris 25 F CFA et coûte désormais 200 F CFA. L’électricité, coupée chaque jour (des délestages pouvant durer 12 heures dans certains quartiers où nombre d’artisans sont installés), a elle augmenté de 40 % ces 5 dernières années.

Un État impuissant

Pour Momar Ndao, président de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen), « la gronde est croissante et si l’État ne fait rien, les actions vont se multiplier ». La semaine dernière, le président, Abdoulaye Wade, a annoncé des mesures. Mais au lendemain du Festival mondial des arts nègres (Fesman), objet de polémiques sur son coût et son insuccès, personne ne sait où l’État, surendetté, va trouver les finances.

« Une baisse des taxes probablement, pense Momar Ndao, mais cela reviendrait une fois de plus à une subvention déguisée. » En parallèle, samedi, des jeunes ont manifesté leur mécontentement face, une fois de plus, aux infrastructures désuètes de l’université et du campus. À cela s’ajoute, un chômage galopant qui, selon les sources, pourrait atteindre entre 30 et 40 %, les jeunes étant les plus touchés. Enfin, internet et la télé relaient chaque jour les émeutes un peu plus au nord, en Algérie et en Tunisie. Le Sénégal risque-t-il la contagion ?

M.P. à Dakar

Source  :  Jeune Afrique le 14/01/2011

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