Bertrand et Béranger : Malgré la tension accrue liée au drame de Niamey, ils iront en Mauritanie

Les deux aide-soignants du Valenciennois qui avaient prévu une mission humanitaire bientôt en Mauritanie (notre édition du 4 novembre) gardent le cap.

 

Béranger et Bertrand iront dans le Sahel, malgré la pression accrue sur leurs épaules, après la tragédie de Niamey. Pas une lubie, ni un coup de folie. Le maintien est mûrement réfléchi, après examen de la situation sécuritaire sur place.

La voix est posée, l’homme est serein. On sent qu’il s’est posé des questions, qu’il y a répondu, qu’il a pris sa décision. « Nous irons. Tout est préparé, depuis des semaines », dit Béranger Alexandre qui, avec son collège Bertrand Bulcourt et un autre ami, doivent se rendre prochainement dans le Sahara , retrouver l’association Les enfants du désert pour aider à faire tourner six crèches à Atar, à 400 km de la capitale de la Mauritanie, Nouakchott. La décision, ferme sauf nouvel élément important d’ici au départ de l’avion, peut surprendre. Comment et pourquoi peut-on maintenir un voyage, même à but humanitaire, dans une région concernée par les agissements d’Al Quaïda au Maghreb historique (AQMI) quelques jours à peine après l’enlèvement puis le meurtre de deux Nordistes à Niamey ? Ce alors que la Mauritanie reste déconseillée pour les voyageurs, selon les consignes du Quai d’Orsay. Ce alors que le drame de Niamey a prouvé que les preneurs d’otages pouvaient intervenir très loin de leurs bases, là où on ne les attendait pas. Y compris dans une capitale d’un pays voisin a priori sécurisée. Mais cela aussi s’entend à la voix. Béranger, que nous avons pu joindre ce mardi, n’a rien d’un illuminé. Du tout. Certes, il le reconnaît : l’affaire de Niamey a conduit les trois amis à reconsidérer leur voyage sur place, sous l’amicale pression de leur entourage. Chacun a réagi avec sa sensibilité, diversement, dans un premier temps. Si le voyage a été maintenu, c’est sur la base des informations concrètes quant à la sécurité sur place. « Le risque zéro n’existe nulle part. Mais la présidente des Enfants du désert vient d’arriver là-bas. Elle a fait elle-même le trajet en bus entre Nouakchott et Atar. Elle nous a confirmé qu’il n’y avait aucun danger. Les Mauritaniens d’ailleurs considèrent que nous Occidentaux en faisant de trop, quant au danger éventuel ». De plus, la ville d’Atar bénéficie d’une importante présence militaire française.

Pas la zone vraiment dangereuse L’examen approfondi des consignes pour les voyages à l’étranger sur le site du ministère ne contredit pas, d’ailleurs, l’aide-soignant. Il est vrai que c’est tout le territoire mauritanien qui reste formellement déconseillé par le Quai d’Orsay. C’est logique : l’État français se couvre. Mais Atar ne fait pas partie de la zone rouge, celle où le danger est le plus grand, zone rouge sur laquelle les déplacements sont « formellement déconseillés ». Graduation importante. De plus, les trois amis ont verrouillé leur dispositif. Accueil à Nouakchott au domicile d’une Française, comme le recommande le gouvernement dans les pays à risques. Un seul déplacement prévu, en bus depuis la capitale. « Pour le reste, on restera à Atar, confinés dans nos locaux. Nous n’en bougerons pas ». Il y a un autre argument avancé par Béranger. Important. Décisif ? Le trio ne se rend pas là-bas pour la bronzette. Mais pour aider les enfants mauritaniens. Laisser tomber, c’est laisser tomber des êtres humains, tout un pays. C’est, aussi, laisser une sorte de victoire aux groupes armés d’AQMI dans le combat souhaité entre civilisations. La crainte de Béranger aujourd’hui. Que l’avion ne décolle pas. Déjà les vols directs pour Nouakchott au départ de Paris ont été annulés. Les Valenciennois passeront pas Tunis. Mais si l’avion part, ils seront dans quelques jours, et pour une quinzaine, au rendez-vous des enfants du Sahel.

Source  : La Voix du Nord via La Nation le 13/01/2011

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