Incendies criminels synchronisés! Terreur sur Gaza, un quartier de Nouakchott

Depuis deux semaines Gaza, un squat situé entre Mellah et Arafat, est en proie aux incendies criminels. Les habitants ont beau affiché leur désarroi. Mais les autorités administratives et sécuritaires semblent peu pressées à leur porter secours. Récit.

 

Tacko sort précipitamment de la baraque où elle se trouvait, l’air affolé. Quelqu’un avait mis le feu, en ce lundi 3 janvier aux environs de 13 heures, à la baraque dans laquelle elle se reposait. Cette dame d’environ 60 ans doit le salut au fait qu’elle ne s’était pas totalement assoupie. «C’est la troisième fois qu’on tente de brûler cette baraque», dit-elle. Le malfrat aurait été aperçu par des gamins qui jouaient dans les parages. Qui était-il ? Quelles sont les raisons qui l’ont poussé à incendier ? Mystère et boule de gomme. Le cas n’est pas isolé. Depuis plus de deux semaines, Gaza un squat situé entre Mellah et Arafat est dans le collimateur de mystérieux malfaiteurs qui provoquent des incendies à tout va. Jusque-là il n’y a eu ni morts, ni blessés. Mais le fait est là : le nombre de maisons brûlées ne cessent d’augmenter. Selma, une jeune fille d’environ 18 ans appartient à une de ces familles victimes de pyromanes. « Le dimanche 2 janvier, aux environs de 14 heures nous étions en famille quand notre baraque a pris soudainement feu. Nous nous sommes précipités pour l’éteindre». Mais rien n’y a fait. Selma et sa famille ont tout perdu « nos valises, tapis et matelas ont été brûlés», dit-elle. Le feu n’a pas épargné le domicile de Didi leur voisine. Résultat : Didi se trouve dans le désarroi le plus total. Mariem, mère de famille, a tout perdu « Notre maison a été incendiée en plein jour, au moment où on déjeunait. Il n’y a eu de ni morts ni blessés, mes enfants ainsi que moi-même sommes saufs et indemnes dieu merci, mais tous nos bagages ont pris feu», laisse-t-elle entendre. Et d’ajouter : « Nous faisons face à tout un groupe de bandits. Les incendies sont fréquents, il arrive qu’il ait quatre dans la même journée». Les malfaiteurs sont organisés. «A plusieurs reprises nous avons trouvé des bidons de pétrole vides à proximité des maisons incendiées», martèle Mohamed Lemine qui réside à Gaza.

«On vit la peur au ventre», confie Fatimetou, une dame d’environ quarante, au verbe facile. «Au début, les malfrats n’agissaient que de jour, aujourd’hui ils opèrent la nuit. On ne dort même plus par crainte des incendies», poursuit-elle. Son fils Siley n’est pas parti au travail en ce lundi 2 janvier. Il doit rester à la maison pour faire le guet. «On n’est pauvre, on a du mal à joindre les deux bouts et comme cela ne suffisait pas. Nous voilà livrés à des gens qui mettent le feu à nos maisons». En fait aucun dispositif n’a été mis en place pour faire face aux mystérieux pyromanes. L’auteur de cet article a constaté de visu des habitants de Gaza faire la police, en interrogeant un passant qu’ils voyaient pour la première fois se promenant dans leur quartier. «Au tout début lorsque les incendies ont éclaté, nous sommes allés voir le préfet », déclare Mohamed Lemine. « Le préfet a refusé de nous croire, il disait qu’il n’y a eu ni morts, ni blessés, donc n’est rien passé du tout. Le commissaire lui nous a dit que ce sont nos enfants qui s’amusaient à bruler nos baraques », poursuit-il. Lassé d’entendre des inepties, Mohamed Lemine a décidé de s’ouvrir aux parlementaires. «Ici il y avait une vingtaine de baraques. Tout est parti en fumée» dit Nané une dame d’environ 50 ans. «Le feu a éclaté aux environs de 21 heures le samedi 1e janvier. Deux enfants ont été sauvées de justesse. Heureusement que les voisins ont accouru pour prêter main forte». Fatiguées d’entendre que les autorités leur porte secours, Nané et une quarantaine des femmes se sont rendues au palais présidentiel le 2 janvier. « Nous avons ensuite été reçues par le wali. Au bout du compte la police est venue constater les dégâts». Mais cela n’est pas suffisant tonne une voisine. « C’est qu’il faut c’est une présence constante des policiers dans le quartier». Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Et rien n’incite les habitants de Gaza à l’optimisme. Pour deux raisons. Les incendies sont le feu d’une bande organisée ce qui signifierait que derrière eux, il y a de puissants soutiens tapis dans l’ombre, donc des personnes qui sont intouchables. La seconde raison tient au fait que la préfecture et le commissariat semblent ne pas accorder du tout d’intérêt au cas des habitants de Gaza. Qui devient du coup un quartier martyr.

Samba Camara

Source  :  Le rénovateur le 04/01/2011

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