Maghama : Exercice périlleux d’une tentative de réconciliation politique

maghamapolitiqueLe 11 décembre dernier, s’est tenu au domicile du fédéral UPR du Gorgol, une rencontre réunissant les deux tendances politiques de l’UPR qui s’étripent dans le département de Maghama.

A l’origine d’une telle rencontre, M. Bâ Amadou Abou, fédéral UPR du Gorgol pour tenter une médiation en vue de réconcilier les deux tendances. Le camp du président du Sénat était représenté par Diallo Daouda directeur adjoint de l’Ener et Diallo Abou Moussa ancien ministre et PCA de l’Anair. La tendance adverse dont le leadership est incarné par Colonel Sogo Alassane ancien chef d’Etat major de la garde nationale avait mandaté le député Niang Mamadou et l’ancien député Bâ Abdoul Fatah, semble t-il. Si les uns et les autres ne divergent pas sur la nécessité du dialogue et encore moins sur la réconciliation, par contre dans la démarche c’est tout autre. Selon nos informations, il semblerait que Bâ Amadou Abou, estimant que l’existence de deux groupes n’avait plus sa raison d’être, aurait proposé la fusion sans préalable des deux groupes d’abord puis de notifier la décision aux bases locales dans le département avant que les deux tendances ne se rendent sur le terrain pour concrétiser la réconciliation. Il aurait précisé que l’UPR va veiller à ce que tout se passe démocratiquement. Un point de vue que partage la tendance du président du Sénat. De l’autre côté, les mandataires de la tendance adverse aurait réaffirmé la nécessité d’abord de passer à la mise en place des structures locales de base du parti, conformément à la décision de l’UPR sur la base des résultats de l’implantation du parti dans le département arrêtés au 6 mai 2010 à 10 heures et publiés sur le site web de l’UPR. Pour cela, défend t-elle, il faut mettre sur pied un timing clair et précis de l’implantation, à respecter par les deux parties. Elle demande aussi, que ce timing soit accompagné de garantis de bonne foie et contresignées par les plénipotentiaires des deux groupes (Ndlr : entendez Bâ MBaré et Sogo Alassane). Quant à la réconciliation proprement dite, même s’ils ne sont pas contre, ils estiment qu’il y a un lourd contentieux qui a fait du tort à pas mal de monde dans le département de Maghama qu’il faut vider pour permettre une réconciliation.

En somme, même si les deux tendances ont pu être réunies par le fédéral du Gorgol pour se parler, les discussions n’ont pas permis aux deux groupes de s’entendre. Précisons que le Président de l’UPR, Ahmed Ould Mohamed Lemine qui avait été sollicité par le fédéral du Gorgol pour surseoir à l’envoi d’une mission à l’effet de finaliser l’implantation des structures de base locales du parti dans le département de Maghama, aurait été clair pour lui demander de préciser aux deux groupes que l’initiative vient de lui et non de l’UPR. Cela pour éviter d’être accusé de traîner les pieds dans la mise en place des structures de base. Ce que d’ailleurs Bâ Amadou Abou n’aurait pas manqué de faire.

Une réconciliation difficile, pourquoi ?
Nul doute que les deux tendances, jouent au plus malin, chacun ayant ses raisons et ses calculs politiques tenaces. Il va s’en dire que derrière l’acceptation sans préalable d’une réconciliation par la fusion des deux groupes, le président du Sénat voit loin. En effet en janvier 2011, il est fort probable que la série B et C soit tiré au sort. Maghama est dans la série C. Une perspective redoutée par le président du Sénat qui ne voudrait pas vivre le syndrome de Kaédi lors des dernières élections sénatoriales où le candidat de l’UPR, Doro Sow avait été battu par le candidat de l’UDP, Sangott Ousmane Racine. Pour conjurer un tel sort, sans doute voudrait-il d’une réconciliation à la va-vite avec ses adversaires politiques à Maghama. Toutefois, cette perspective semble non seulement s’éloigner, mais plus déprimant encore pour lui, l’adhésion de l’AJD/MR de Ibrahima Moctar Sarr à la CPM dont le numéro deux, Bâ Mamadou Bocar est originaire de Wali. L’AJD/MR qui nourrit des ambitions durant les prochaines élections pourrait être tenté de se porter candidat à ces élections sénatoriales si jamais la série C était tiré au sort. Bâ Mamadou Bocar, vice-président de l’AJD/MR est d’une notoriété insoupçonnée dans le département de Maghama. Il ne fait pas de doute que dans une telle perspective, si jamais il se portait candidat, il l’emporterait haut la main car le président du Sénat compte trop d’inimitiés dans ce département. Il n’est même pas exclu que des pressions se fassent jour pour pousser le vice-président de l’AJD/MR d’être candidat aux prochaines élections sénatoriales à Maghama. Bon nombre des adversaires politiques en ont ras-le-bol, estimant qu’il est impossible à vivre. Les téléspectateurs qui auront suivi samedi dans la nuit, les débats du Sénat retransmis à la télévision, ont vu comment le sénateur de l’UDP, Sangott Ousmane Racine a été rabroué par le président du Sénat qui félicitait le gouvernement au passage de Bâ Housseinou en charge du département de l’environnement. Visiblement il n’a pas apprécié les propos du sénateur de l’UDP, qu’il considérait comme une congratulation à l’endroit de Bâ Housseinou un membre du gouvernement qu’il ne porte pas dans son cœur, surtout que ce dernier s’active dans la mouvance de Sogo Alassane. Quant à Sangott Ousmane Racine, les ponts sont rompus depuis belle lurette.

Moussa Diop

Le Quotidien de Nouakchott

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