Comment Aziz fait pour diviser les forces politiques !

Si en politique les alliances sont souvent des alternatives dictées par des calculsstratégiques, en revanche tous les jeux sont pas toujours permis et même permissibles.Ce qui se passe aujourd’hui à l’UPR ne laisse pas indifférent plus d’un observateur politique.Le parti au pouvoir est en train de vivre un métabolisme politique étrange…

…à un moment où dans le paysage actuel rien ne saurait véritablement justifier une telle démarche de récupération dansles rangs des autres partis qu’ils soient de l’opposition ou proche de la majorité.

Même si en politique il faut anticiper sur les échéances, l’UPR et ses satellites ont suffisamment fait le plein du réservoir pour pouvoir mener le trajet sans grands soucis. D’aucuns pensent en effet que ce jeu n’est pas venu à son heure et il pourrait à la longue se retourner contre cette formation à la méthode alambiquée et très composite dans sa structuration. L’UPR souffre d’une malformation congénitale du fait que tous ceux qui aujourd’hui en sont les parrains ou les marraines sont issus de l’ancien moule du PRDS. Ce défaut à lui seul est une entrave à un changement d’orientation et de volonté de créer une rupture avec le passé. Le changement de direction et de grand patron ne saurait redorer cette image d’opportunisme intégral qui colle à la peau de tous ces chasseurs de primes qui se livrent une bataille de positionnement politique. Personne ne veut rester à la traîne même si à priori personne ne sait exactement
en quoi consiste la mise. Tous les anciens irréductibles caciques de l’ex-PRDS tentent de reprendre du service. Les allégeances au parti-Etat « nouvelle version » ne se sont pas limitées seulement (et c’est là un fait atypique qui retient l’attention des analystes) aux seuls applaudisseurs de tous les régimes passés, elles se sont ramifiées vers l’opposition mais pour le moment une certaine opposition qui a « décidé de prendre ses responsabilités ». Et
c’est à ce niveau que l’on pourrait parler de stratégie de division du président Aziz. En politique chacun croyant avoir ses raisons, il y a dans ce grand rassemblement deux variantes qui nous paraissent déterminantes dans ce jeu politique qui se fait au sein du camp présidentiel et piloté par l’homme fort du pays.

« Fédérer les forces éparses »

La première consiste à fédérer toutes les « forces nouvelles » autour d’un grand Parti pour bâtir une forteresse solide capable de mettre hors de l’état de nuire l’opposition démocratique qui fait encore peur en dépit de sa mauvaise posture. Au sortir de la présidentielle Mohamed Ould Abdel Aziz a su évaluer ses forces et ses faiblesses en fonction des épreuves de force qu’il avait engagées avec l’opposition. Sa stratégie préférée dirigée contre les prévaricateurs n’avait pas pu fléchir la détermination de ses adversaires de l’opposition à lui tenir tête. Toutefois il a réussi à décapiter une partie de ces « vrais Roumouz » qui n’ont eu d’autres choix que de se rallier au risque d’avaler « du riz avarié ». Cette action a donc, à fortiori abouti à des cascades d’arrivées au sein de la majorité. Aujourd’hui, tout ce que la scène politique comptait comme migrants politiques de toutes saisons ont fait leur rentrée au
sein de la coalition de la majorité sans déranger le sommeil du grand Matou.

« Jouer sur la corde sensible »

La deuxième variante s’est orientée vers les forces politiques qui ont fait siennes les dossiers qui fâchent comme le passif humanitaire, les réfugiés, la question de la cohabitation en vue de freiner l’ardeur de ses défenseurs qui du coup annihilera une partie du combat de l’opposition en exil. Qui mieux que l’AJD/Mr pour servir de cible à l’ex-général soucieux de solder définitivement le passif pour se protéger et protéger tous ceux qui un jour pourraient faire l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par le TPI . Cela est d’autant plus vraisemblable que l’AJD compte en son sein des éléments de cette opposition rentrée d’exil et qui a des divergences avec l’autre restée dans la clandestinité. C’est ce qui semble le plus intéresser le président Aziz et non ces petits troubles fêtes qui collent à son costume et qu’il ignore vertement. Une fois cette stratégie réalisée le président des pauvres aura les mains libres pour gouverner et s’installer confortablement dans son fauteuil.

Cheikh Tidiane Dia

Source  :  Le Rénovateur le 27/12/2010

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