Cent jours après la capture, dans la nuit du 15 au 16 septembre, de sept otages dont cinq Français au Niger par la branche Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), les familles françaises sont sorties du silence pour ne pas qu’on oublie leurs proches sans lesquels elles vont devoir passer Noël.
Un communiqué rédigé par toutes les familles des otages, détenus au Mali, a été transmis au quotidien Ouest-France qui l’a publié vendredi en intégralité sur son site internet, tandis que la famille de Pierre Legrand, 25 ans, originaire de Couffé en Loire-Atlantique a accordé un entretien au Monde daté du 25 décembre.
Contacté par l’AFP, le père de Pierre Legrand, Alain Legrand a souligné vendredi que cette démarche de communication s’était faite « en accord avec toutes les familles ». « Nous ne souhaitons pas nous exprimer plus », a-t-il ajouté.
« Depuis le début, une discrétion absolue est gardée de la part des autorités et des familles, afin de sauvegarder toutes les chances de libération de nos otages. Noël, avec sa symbolique, et au-delà de toutes les croyances religieuses, est une occasion de rappeler que pour ces 100 jours, +on ne les oublie pas+ », déclarent les familles dans Ouest-France.
Dans le Monde, le grand-père et la mère de Pierre Legrand, René Robert et Pascale Robert, indiquent vouloir s’affranchir des règles de silence au nom du « devoir de vigilance ».
« Si le rappel des noms des deux journalistes de France 3 enlevés en Afghanistan (Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier) ne fait pas forcément avancer les choses, le silence observé dans les premiers mois après leur rapt n’avait rien fait avancer non plus. L’argument en faveur du silence tombe à plat », estime René Robert.
Mais ils n’ont « aucun reproche » à adresser aux autorités françaises : « Au contraire, on sent que des moyens sans précédent sont déployés » dans la région sahélo-saharienne, déclare Pascale Robert.
Les familles ont été reçues à l’Elysée le 29 novembre : « Nicolas Sarkozy nous a indiqué qu’il considérerait un échec dans cette prise d’otages comme un échec personnel », se souvient René Robert.
« Que pèsent sept vies face aux immenses enjeux géostratégiques et économiques de la région sahélo-saharienne ? », s’interroge Pascale Robert. « Nous sommes dans une guerre où Aqmi se sert des otages comme d’un bouclier. Sept morts dans une guerre, ce n’est pas grand-chose », dit encore la mère de Pierre. « Sauf qu’eux ne sont pas partis là-bas pour être des soldats. »
Interrogée le 1er décembre pour savoir si les sept otages aux mains d’Aqmi étaient toujours vivants, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie avait répondu : « Oui, d’après les informations que nous avons, et notre préoccupation majeure est de pouvoir les faire libérer le plus rapidement possible ».
« Pour l’instant, cent jours après leur enlèvement, il n ?existe toujours aucune demande crédible et recevable par la France pour engager des négociations en vue de la libération des otages », estiment les familles.
Dans ses revendications, mi-novembre, Aqmi a demandé l’abrogation de la loi sur le port du voile intégral dans l ?espace public français, le retrait des soldats français d’Afghanistan, et que chaque négociation soit effectuée avec Ben Laden et à ses conditions.
Outre Pierre Legrand, les otages capturés le 16 septembre sont Daniel Larribe, 59 ans, ingénieur expert en techniques minières pour Areva, et son épouse, Françoise, 62 ans, originaires de Mialet dans le Gard ; Thierry Dol, ingénieur de 29 ans pour un sous-traitant d¹Areva, originaire de la Martinique ; Marc Ferret, 43 ans, français habitant Madagascar, salarié du groupe Vinci au Niger ; le Malgache Jean-Claude Rakotoarilalao, 60 ans et le Togolais Alex Kodjo Ahonado, ingénieur zootechnicien.
Source : AFP via La Nation le 24/12/2010