Le Port de Nouakchott va-t- il profiter de la crise ivoirienne ?

panpa - copieComme on devrait s’y attendre, effet collatéral de la crise ivoirienne dont on ne voit toujours pas l’issue, le commerce extérieur des pays enclavés qui utilisait le port d’Abidjan pour leurs echanges. Premier bénéficiaire, le Sénégal qui assure désormais l’essentiel des 1500 milliards de f CFA d’exportations du Mali.

Mais la question que l’on se pose est pourquoi les mauritaniens n’arrivent pas eux aussi malgré la présence des entrepôts du Mali au port de Nouakchott à profiter de cette situation pour booster le transit du commerce malien. Evidemment il y a des écueils administratifs dont on peut citer les contrôles intempestifs et injustifiés, les tracasseries et autres perceptions illicites, et surtout l’absence d’un cadre juridique bilatéral réglementant les échanges depuis la sortie de la Mauritanie de la CEDEAO.

C’est dire que la mise en place d’une commission mixte entre les deux pays pour aider à lever les obstacles qui se dressent devant ces échanges, est une urgence qui pourraient bénéficier aux deux pays.
Avant la crise ivoirienne, plus de 90% des opérations d’import-export maliennes transitaient par le Port d’Abidjan. Depuis, les choses ont considérablement changé déclare Fousseyni Traoré le Secrétaire général de l’assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM). C’est donc vers le Sénégal voisin que le Mali, pays enclavé, s’est retourné. Le Mali reste d’ailleurs le premier client du Sénégal dans la sous-région ouest africaine même si sa part dans les exportations vers l’UEMOA s’est repliée à 48% en 2009 contre 53,7% en 2008.En valeur, cela correspond à 172 milliards CFA en 2009 contre 220 milliards CFA en 2008.De même,95% des échanges commerciaux inter-états dans la sous-région UEMOA se font par voie terrestre. Les échanges transfrontaliers entre le Sénégal et le Mali sont soumis à la réglementation communautaire de l’UEMOA qui garantit l’espace de libre échange, entre les Etats membres, par le désarmement douanier, depuis 2000.Malgré toute l’armature juridique et institutionnelle qui entoure le commerce entre les deux pays, le corridor Dakar-Bamako demeure le théâtre de nombreuses tracasseries vécues au quotidien par les opérateurs économiques et les transporteurs maliens qui ne s’en cachent plus. Selon un transporteur malien, il y aurait une moyenne de 43 contrôles inopinés par voyage est déplorée par les transporteurs des deux côtés. Pourtant les textes de l’UEMOA stipulent clairement que : Les contrôles doivent se limiter au départ du chargement, à la frontière et à l’arrivée. Alors pourquoi le corridor routier Dakar-Bamako (long de quelques 1400 kilomètres) est il privilégié au corridor Nouakchott-Bamako long de 1450 kilomètres ? Il appartient évidemment aux mauritaniens d’être imaginatifs. Il faut que le port, la douane, la gendarmerie et le ministère des transports mettent en place des conditions attractives permettant aux deux pays de tirer avantage de l’utilisation du corridor Bamako Nouakchott. Il est vrai que la capacité actuelle du port de Nouakchott ainsi que les prix qu’il pratique ne sont pas fait pour attirer les transitaires et les consignataires. Mais avec l’extension envisagée, les autorités devraient réfléchir à le rendre plus concurrentiel afin de drainer une part des échanges de nos voisins de l’Est. Espérons que le tout nouveau ministre de l’Equipement des transports saura travailler avec son collègue du Commerce pour faire profiter le pays de cette situation tout comme il devrait prendre les mesures nécessaires pour réhabiliter le tronçon Aioun- Kobenni ainsi que certaines portions de la route de l’espoir afin de les rendre praticables en toutes saisons.
B.C

Le Quotidien de Nouakchott

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page