Le Pacte National pour la Démocratie et le Développement (PNDD-ADIL), fondé sous le magistère du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, va intégrer la majorité présidentielle et parlementaire.
Une décision prise, la semaine dernière, à l’issue d’une réunion des instances dirigeantes – comité directeur et bureau politique. Le franchissement de ce Rubicon est justifié par la volonté de soutenir et accompagner le programme de réformes initiés par le président Mohamed Ould Abdel Aziz, tombeur de l’ancien homme «providentiel» du parti, et dont les actes vont, désormais, dans le sens des aspirations et de l’option d’un certain nombre des amis de Yahya Ould Ahmed El Waghf, ancien Premier ministre.
La rencontre, à l’origine de l’engagement du PNDD-ADIL au sein de la majorité issue du coup d’Etat du 6 août 2008 et de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009 – aux résultats fortement contestés, à l’époque – a duré plusieurs heures, un véritable marathon. Le témoignage d’un participant atteste que le quorum était atteint et conforme, donc, la démarche, aux règles prescrites par les textes. Une quinzaine de personnes ont pris et, parfois même, repris la parole, pour développer leur point de vue jusqu’à faire apparaître une réelle ligne de fracture. Mais certains responsables, présents lors de ce débat houleux, n’ont pas jugé utile de se prononcer. D’autres étaient absents.
Quoiqu’il en soit, il s’est dégagé une majorité en faveur du oui à la question: «faut-il intégrer la majorité présidentielle?». Parmi les personnalités opposées à la rupture avec la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif de neuf partis politiques désormais réduit à huit, on note Ahmed Ould Sidi Baba, Dah Ould Abdel Jelil – anciens ministres –, maloukif Ould El Hacen et Idoumou Ould Mohamed Vall, ex-conseiller à la présidence. Par ailleurs, «Adrar.info» a annoncé, dimanche soir, via CRIDEM, la démission de plusieurs membres des instances du parti, au niveau de la wilaya de l’Adrar.
Arguments des contestataires
Ceux qui contestent la décision d’intégrer la majorité présidentielle avancent plusieurs arguments. Ils dénoncent, en premier lieu «la violation» d’une résolution, adoptée au cours du dernier congrès d’ADIL, engageant le parti à continuer le combat au sein de la COD. La minorité qui juge «inopportun» le saut vers les amis du président Mohamed Ould Abdel Aziz, invoque, en outre, plusieurs points encore insatisfaisants, concernant l’approfondissement de la démocratie et de l’Etat de droit, dans la plate-forme élaborée entre le PNDD-ADIL et l’Union Pour la République (UPR), principale formation du camp présidentiel.
Concrètement, ces exigences insatisfaites prévoient de qualifier les coups d’Etat de crimes imprescriptibles et de réformer la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), pour en faire un organe «réellement indépendant», doté de moyens lui permettant de suivre tout le processus électoral, en amont et en aval, en assurant, notamment, la neutralité de l’administration. Un autre point évoque le cas de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) qui doit avoir un «vrai rôle», dans la régulation des organes de l’Etat, appelés à devenir des médias publics, ouverts à tous les acteurs politiques et à la société mauritanienne, dans son ensemble. Ce qui implique, naturellement, des moyens accrus.
Ces arguments paraissent suffisamment importants pour mettre l’ancien parti au pouvoir, qui a déjà connu une première déchirure avec l’avènement de la formation El Wiam, sous la menace d’une implosion.
Amadou Seck